5.2. Discussion des résultats
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5.2.1. Motivation et certification
5.2.1.1. Le parcours étudiant
La dynamique motivationnelle face au choix d'une
formation :
Nous avons d'abord cherché à comprendre les
motivations des individus à entreprendre une formation. Il en est
ressorti trois grandes catégories de motivations : le projet
professionnel, l'intérêt du sujet et les
accès professionnels de la formation.
Alors que certains répondants à notre
enquête n'accordent qu'une faible valeur à l'obtention d'un
diplôme à la fin de leur formation, la majorité quant
à elle y trouve un aspect positif. Nous pouvons expliquer ces
résultats comme étant une résultante de l'acte
d'engagement émise par l'entrée en formation et la motivation
à apprendre. Il n'est donc pas surprenant en partant de ce
postulat d'observer une récurrence des réponses se basant sur
l'attestation du niveau de compétence atteint et sur la
satisfaction personnelle. (Figure 18). La question portant sur
leur représentation des acquis nous conforte sur cette théorie.
En effet, alors qu'ils témoignent d'un intérêt à
l'obtention d'un diplôme en fin de parcours de formation, leur
représentation des acquis se porte quasiment exclusivement sur la
reconnaissance professionnelle. Nous voyons donc une divergence entre les
éléments motivationnels d'obtention d'un diplôme, le type
de reconnaissance promise par le diplôme et la représentation
réelle de la validation des acquis par les apprenants.
Le profil des apprenants de MOOC :
Nous avons pu constater que les étudiants sont
majoritairement en formation initiale (58%) et ne se sont principalement jamais
inscrit à un MOOC. Par la suite nous pouvons voir que la part
d'étudiants chez les apprenants de MOOC s'inverse, et ne
représente plus que 40% d'entre eux. En analysant de plus près
cette part d'étudiants, nous remarquons que 21% d'entre eux sont en
formation continue, un secteur de la formation concernant les étudiants
ayant quitté leur cursus initial de formation. Il s'agit de profils qui
sont déjà intégrés à la vie active, en
travaillant en parallèle de leurs études ou en reconversion
professionnelle. Ainsi, si nous ajoutons cette part à celle des non
étudiants, les apprenants ayant quitté le cursus
universitaire ou scolaire représente plus des 3/4 des effectifs des
MOOC.
Cette diversité de profils nous amène donc
à nous interroger sur les motivations de ces apprenants à
s'auto-former. Nous remarquons que 81% des MOOC où ces apprenants sont
inscrits dispensent au minimum un outil de valorisation des acquis (dans
l'ordre de représentation de ces outils dans les MOOC : certificat de
réussite, attestation de réussite et badge). Parmi eux, 10% ne
savent pas si leur MOOC dispense une certification et 9% n'en dispensent pas
(Figure 22). Ces résultats s'expliquent par le fait principalement du
type de MOOC suivi. Dans le cas du MOOC Ferrandi (Design culinaire) il
s'agissait d'un MOOC de type connectiviste (cMOOC). Les intentions des
participants étaient donc davantage axés sur des motivations
sociales (échanges, validation par les pairs etc...) que sur
une motivation extrinsèque à une certification en particulier.
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5.2.1.2. L'impact des facteurs individuels
Les éléments de sélection d'une
auto-formation :
Dans cette partie de l'analyse nous cherchons à
identifier les différentes motivations poussant les étudiants ou
apprenants à suivre une auto-formation pour la première fois. Les
répondants au questionnaire pouvaient choisir différentes
réponses. Plus de 120 récurrences mettaient le sujet
traité et la reconnaissance dans le domaine professionnel au premier
plan des éléments de choix d'une auto-formation. D'une
manière plus mitigée, le diplôme de validation et le temps
nécessaire au suivi de la formation faisaient partie des
éléments clés à la sélection d'une
auto-formation.
En partant de ces résultats nous observons la
même dynamique motivationnelle que lors du choix d'une formation
universitaire : des motivations extrinsèques liées
à la reconnaissance de la formation dans le domaine professionnel et des
motivations intrinsèques liées à la motivation d'apprendre
sur un sujet choisi. Ces réponses ont été
émises par des personnes n'ayant jamais entamé le processus
d'auto-apprentissage.
Les éléments de choix d'un MOOC
:
Nous pouvons alors voir une cohérence des
réponses dans les critères de participation à un MOOC
(réponses données par le panel d'apprenant de MOOC). En effet les
éléments se détachant qui sont le perfectionnement dans un
domaine particulier et la soif de connaissance. On retrouve donc bien
la recherche d'une certaine reconnaissance professionnelle et la satisfaction
du processus d'apprentissage.
La théorie de la dynamique identitaire de
l'apprentissage d'Etienne Bourgeois (1998)
disant :
« apprendre c'est transformer des connaissances «
déjà-là » en connaissances nouvelles. Dès
lors, s'engager en formation et dans l'apprentissage signifie, pour le
sujet, s'engager dans un processus dont il sait - ou pressent en tout cas -
qu'il le conduira à mettre en question ses conceptions, ses
croyances, ses savoirs et savoir-faire familiers [...] sans par ailleurs
trop bien savoir où cela va le mener »
(Etienne Bourgeois, Apprentissage, motivation et engagement en
formation, Education
permanente n°136, 1998, P. 106)
Cette théorie nous a permis de chercher une
corrélation entre la motivation d'entreprendre un MOOC selon le niveau
d'étude préalable et le taux de réussite à ce
dernier. Le résultat n'a pas été concluant. En effet un
nombre infime de personnes sondées attache de l'importance au niveau
d'étude préalable avant d'entamer une formation de ce type. Mais
parmi ce faible nombre (15%), près de la moitié d'entre eux n'a
pas achevé leur cours. On peut donc attester que le niveau n'entre pas
dans les motivations des apprenants. En revanche, l'étude plus
approfondie de l'impact de la notoriété d'un MOOC20
(qu'il provienne de la plateforme de
20 4ème élément de sélection d'une
auto-formation (figure 24)
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diffusion, de l'école productrice ou professionnelle)
nous amène à une réflexion inverse. Le taux d'attachement
augmente et le taux de réussite (taux d'achèvement du MOOC) selon
ce critère de choix passe à 83%.
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