6.3
Vérification des hypothèses
En rappel, notre hypothèse principale était
libellée comme suit : les difficultés et/ou les
obstacles majeurs à une contribution optimum des écoles annexes
à la formation initiale des enseignants sont d'ordre
pédagogique,organisationnel, matériel, motivationnel.
Pour des besoins d'ordre pratique, elle a été
décomposée en trois sous hypothèses plus
opérationnelles. La vérification donc de notre hypothèse
principale passe par celle de ces trois hypothèses secondaires qui
sont :
HS1 : la majorité des formateurs
des ENEP n'intègre pas la liaison théorie-pratique par
l'utilisation des écoles annexes dans leur
démarche didactique ;
HS2 :la formation spécifique et
la motivation des enseignants, l'espace des salles de classe et
l'équipement didactique des écoles annexes ne favorisent pas leur
exploitation optimale par les formateurs pour réaliser la liaison
théorie-pratique ;
HS3 :les textes relatifs à
l'organisation et au fonctionnement des écoles annexesn'explicitent pas
suffisamment le rôle et les compétences des différents
acteurs.
6.3.1 Vérification de la
première hypothèse secondaire
Quatre indicateurs sont préconisés pour la
vérification de cette première hypothèse secondaire qui
stipule que : « la majorité des
formateurs des ENEP n'intègre pas la liaison théorique-pratique
par l'utilisation des écoles annexes dans leur démarche
didactique ».
Ces indicateurs sont les suivants :
- insuffisance du nombre de visites de classe
réalisées par les formateurs ;
- absence d'outilsd'observation ou d'analyse des leçons
pour les élèves-maîtres ;
- absence d'échanges organisés entre les
élèves-maîtres et les enseignants des écoles annexes
lors des visites de classe ;
- manque d'évaluation systématique des
activités relatives aux visites de classe par les formateurs.
Pour le quatrième et dernier indicateur, il est
effectivement ressorti de nos entretiens avec les Directeurs des Etudes et des
Stages des ENEP et de la question ouverte que nous avons posée
expressément aux formateurs eux-mêmes, que les activités de
visites de classe ne font pas l'objet d'évaluation systématique.
Le seul mode d'évaluation ayant quelque peu un lien avec la liaison
théorie-pratique et non pas forcément avec les visites de classe
est l'élaboration de fiches pédagogiques par les
élèves maîtres à l'issue des cours théoriques
sur la didactique des disciplines.
Notre investigation documentaire nous a permis de comprendre
qu'aucun texte ne prévoie spécifiquement ni l'évaluation
des élèves-maîtres ni celle des formateurs suite aux
visites de classes réalisées dans les écoles annexes. Le
manque d'évaluation systématique des activités relatives
aux visites de classe est donc une réalité sur l'ensemble des
ENEP. Ce quatrième indicateur est vérifié.
Le troisième indicateur était relatif à
l'absence d'échanges organisés entre les
élèves-maîtres et les enseignants des écoles annexes
pendant les visites de classe. Le croisement entre le point de vue des
formateurs, celui des enseignants et des directeurs des écoles annexes
nous permet de relever cet indicateur. En effet,47,37 % des formateurs (Tableau
n° 17) déclarent que les élèves-maîtres ne
bénéficient pas d'échanges organisés avec les
enseignants après l'observation des leçons. Cepourcentage,
même s'il est inférieur à 50 %, reflète le point de
vue de la majorité des formateurs interviewés car il est ressorti
au tableau N°10 que 23,33 % des formateurs ne réalisent aucune
visite de classe dans les écoles annexes durant l'année scolaire.
En outre,54,55 % des enseignants (Tableau n °18)affirment aussi
l'inexistence d'échanges systématiques entre les
élèves-maîtres et eux lors des visites de classe. A partir
des entretiens avec les Directeurs des écoles annexes, il
apparaitégalement le fait que même si parfois des échanges
ont lieu de façon informelle entre enseignants et
élèves-maîtres, cela ne se fait pas de manière
structurée sous l'initiative des formateurs. Au regard de ces
éléments, nous pouvons dire que l'indicateur n° 3 est
confirmé.
Le deuxième indicateurconcernait lanon utilisation
d'outilsd'observation ou d'analyse de leçon par les
élèves-maîtres pendant les visites de classe dans les
écoles annexes.
A ce sujet, les données du Tableau N°16 affichent
que 43,86 % soit moins de la moitié des formateurs interviewés
affirment qu'ils mettent à la disposition de leurs élèves
des grilles d'observation de leçon. Toutefois dans aucune ENEP,
l'unanimité de l'usage d'outils par les formateurs n'est reconnue.
D'ailleurs les D.E.S précisent que « ceux
qui le font agissent sur initiative personnelle car il n'existe pas encore des
outils standards ou harmonisées, à l'échelle d'une ENEP ou
de toutes les ENEP, conçus par les formateurs pour initier les
élèves-maîtres à l'observation et à l'analyse
des pratiques enseignantes ». Nous en concluons que la
majorité des formateurs n'utilisent pas d'outils pour l'observation et
l'analyse lors des visites de classe.
Pour le premier indicateur, il s'agit de l'insuffisance du
nombre de visites de classe réalisé par an par les formateurs. Le
nombre annuel de visites de classe par salle dans les écoles annexes
varie de 0 à 4 (cf. tableaux 10 et 11. Cela est reconnu respectivement
par 64,91 % des formateurs interviewés et 68,34 % des
élèves-maîtres enquêtés. En outre, graphique
suivant montre que 93,33 % des élèves-maîtres sont
insatisfaits de ce nombre qu'ils trouvent insuffisant.
En effet, ces élèves maîtres affirment
qu'en dehors des mathématiques et de l'EPS, ils n'ont pas pu observer de
leçons dans la majorité des disciplines. Les formateurs et les
D.E.S interviewés ne nient pas le fait que le nombre annuel de visites
réalisé par salle et par discipline est insuffisant. Notre
premier indicateur est aussi vérifié. Par conséquent, nous
pouvons dire que notre première hypothèse secondaire est
confirmée d'autant plus que les quatre indicateurs concourant à
sa vérification sont confirmés.
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