6.2.9.3 D'après les formateurs, les directeurs des
écoles annexes et les D.E.S
Pour déceler les entraves à une exploitation
optimale des écoles-annexes en vue d'une liaison théorie-pratique
satisfaisante, nous avons interviewé les formateurs, les directeurs des
écoles annexes etles D.E.S sur les difficultés auxquelles ils
sont confrontés dans la formation pratique des
élèves-maîtres. A cet effet, l'item 18 a été
formulé sous forme de question ouverte. Voici la synthèse des
réponses les plus fréquentes des formateurs à ce
sujet :
L'effectif élevé des
élèves-maîtres par rapport au nombre et à l'espace
des salles de classes disponibles dans les écoles-annexes constitue une
entrave majeure à une réalisation effective de visites de classe
en nombre suffisant.
A titre illustratif, il ressort des réponses que l'ENEP
de Loumbila a cette année 19 salles de classes contre seulement 6
classes au sein de l'école annexe.
Pire encore, les salles de classe de l'école annexe
sont exigües si bien que l'espace à l'intérieur est
insuffisant pour accueillir une cinquantaine
d'élèves-maîtres au même moment que les
écoliers pour l'observation de leçons. Cette difficulté
est aussi partagée par exemple par l'ENEP de Fada qui a 14 salles de
classe pour 6 classes à l'école annexe. Au total, c'est
l'inadaptation des infrastructures en quantité et en qualité au
niveau des écoles annexes qui est incriminée.
La seconde difficulté qui est évoquée
fréquemment est celle relative à l'insuffisance du temps de
l'année scolaire eu égard à l'étendue des contenus
d'enseignement.A ce niveau, formateurs et D.E.S indexent l'insuffisance du
volume horaire d'enseignement alloué à certaines disciplines de
la didactique telles que le français où en 100heures, 9
unités d'apprentissage dont une sur les généralités
doivent être dispensées en incluant bien sûr des aspects
pratiques. Cette insuffisance du temps est encore aggravée par les
rentrées tardives dans les ENEP comme c'est le cas cette année
où la rentrée a eu lieu le premier février pour les
stagiaires boursiers.
Le manque et l'insuffisance de matériel didactique tel
que les compendiums métriques, les compendiums scientifiques, les cartes
de géographie dans la plupart des écoles annexes est un obstacle
à une exploitation judicieuse des ressources de ces écoles par
les formateurs ou les enseignants pour assurer une bonne liaison
théorie-pratique pendant la première année de la formation
initiale des élèves-maîtres.
La formation des enseignants de l'école annexe au
regard de la spécificité de leur mission ainsi que leur
motivation dans le travail ont été aussi soulevées comme
des insuffisances majeures par les formateurs. Ils soulignent que la
qualité des prestations pédagogiques des enseignants de
l'école annexe, leurs capacités à répondre
efficacement aux besoins des élèves-maîtres et aux attentes
des formateurs dépendent de leurs compétences professionnelles.
Or, ces enseignants sont choisis sur la base de leur grade et de leur
ancienneté sans une formation spécifique ou une expérience
particulière.
Le manque de collaboration entre les acteurs pour la
planification et l'organisation des visites de classe à l'école
annexe ou des activités de liaison théorie-pratique en
général apparaît comme une insuffisance. En outre, les
formateurs déplorent le manque d'échanges directs entre les
élèves-maitres et les enseignants de l'école annexe lors
des visites de classe pour l'observation de leçons.
L'absence d'outils d'observation ou d'analyse des
leçons pour les élèves-maîtres est aussi ressortie
comme une insuffisance quant à une mise en oeuvre efficace de la liaison
théorie-pratique.
Le double statut de certaines écoles annexes qui sont
érigées en même temps en écoles d'application
où sont reçus des stagiaires en deuxième année
constitue un grand obstacle à l'utilisation de ces écoles pour la
liaison théorie-pratique au profit des
élèves-maîtres en première année. C'est le
cas par exemple pour l'école annexe de Loumbila et celle de Bobo.
A la lumière de cette analyse des données, nous
pouvons dire que l'exploitation des écoles annexes des ENEP par les
formateurs pour lier la théorie à la pratique s'avère
insuffisante. Des difficultés et/ou obstacles d'ordre organisationnel,
pédagogique, matériel et motivationnel expliquent cette situation
non satisfaisante. Il convient de confronter ces données du terrain aux
réponses anticipées que nous avions données à notre
problème de recherche.
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