3.3.2
Théorie et pratique dans la formation professionnelle des
enseignants
La finalité de toute formation professionnelle est
l'édification de compétences pour un exercice efficace de la
profession à l'issue de la formation.
C'est pourquoi d'aucuns pensent que ce qui importe plus dans
le processus de formation c'est l'acquisition du savoir-faire professionnel. Si
l'on est d'accord avec cette vision de l'objectif ultime en matière de
formation professionnelle, l'on reconnait cependant que conduire des stagiaires
vers un degré de professionnalisme satisfaisant n'est pas chose
aisée, surtout dans le domaine des métiers de l'humain comme
l'enseignement. Pour le sujet qui fait l'objet de notre réflexion, il se
pose dès lors la question de savoir par quelles modalités de
formation l'on peut se donner plus de chances de développer efficacement
le savoir-enseigner chez les enseignants.
3.3.2.1 La
leçon modèle ou l'imitation par la pratique
Les partisans de la formation par l'exemple voient dans
l'observation et l'imitation de modèles les voies royales d'un
apprentissage efficace du métier d'enseignant. « Il n'est
qu'une méthode pour inventer qui est d'imiter. Il n'est qu'une
méthode pour bien penser, qui est de continuer quelque pensée
ancienne et éprouvée » Alain (1990,134).
En préconisant, l'imitation comme seule méthode
pour apprendre à inventer et à réfléchir, Alain met
l'accent sur le côté pratique ou pragmatique de l'apprentissage.
Appliquée au domaine de l'enseignement où l'imitation se fait
généralement par l'observation suivie de la pratique, cette
pensée nous amène à nous interroger sur la nature que
revêt ou doit revêtir la pratique dans la formation des
enseignants. S'agit-il d'une mise en pratique de recettes théoriques
acquises à travers l'enseignement ? Est-ce une simple imitation,
une reproduction d'actions que l'on prend comme modèles applicables dans
toute situation d'enseignement ?
En référence à Marchive (2003), il
ressort que dans la modélisation de la formation des enseignants, la
tendance dominante était `'la leçon modèle'' en France par
exemple, de 1883 à 1946. Le modèle était alors
présenté comme une production, une information ou une action
destinées à servir de base à une reproduction par
l'imitation. Winnykamen (1990,142) définit l'imitation d'un
modèle comme « une situation d'acquisition où un
sujet imitant, après avoir observé un sujet modèle,
produit une conduite plus ou moins similaire à celle de ce
dernier ».Dans cette perspective, l'objectif visé
n'était pas de rendre l'objet ou l'action compréhensible mais
plutôt de les rendre reproductibles par une plus grande
visibilité. Autrement dit, ici, l'accent est beaucoup plus mis sur la
démonstration, la pratique, le comment de l'action que sur le sens, la
justification ou le pourquoi de celle-ci. Or, une action sans vision ne saurait
être efficace car c'est la vision et même sa clarté qui
conditionne l'efficacité de l'action.
Du reste, la reproduction de tout modèle ou toute
activité modélisatrice aussi empirique soit-elle offre la
possibilité de transformer des savoirs d'action ou d'expérience
en savoirs sur l'action (Marchive, 2003).
De ce fait, l'importance de la pratique à travers
l'observation et l'imitation a certes sa place dans la formation des
enseignants mais elle ne saurait prospérer sans une réflexion ou
une théorisation en aval et /ou en amont.
|