WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'impact des robo-advisors sur la gestion de patrimoine

( Télécharger le fichier original )
par Xavier Leite
Université Paris-Dauphine - Master 2 Gestion de patrimoine et banque privée 2016
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

B. L'ambitieuse réponse des Robo-advisors

Le modèle classique de la gestion bancaire a été remis en cause par les changements évoqués précédemment, justifiant la mise en place d'un nouveau standard sociétal basé sur l'innovation technologique. Plusieurs sociétés ont alors vu le jour, au sein de ce nouvel environnement économique et social, avec pour objectif de repenser les services bancaires par le biais de la technologie. Celles-ci furent regroupées au sein d'une catégorie hétérogène nommée « FinTech », terme issu de la combinaison de « finance » et de « technologie ». Parmi tous les types de sociétés présentes au sein de cette catégorie, les membres du CFA Institute, association mondiale des professionnels de l'investissement, ont jugé que les robo-advisors sont ceux qui ont le potentiel de perturbation du marché le plus important à court et moyen terme9. De la même façon, ils estiment que son impact sera positif pour les investisseurs aisés, que ce soit en termes de coût, de conseil et de diversité de l'offre.

Bien qu'internet ait donné accès à quiconque au monde de l'investissement boursier et financier autonome, la plupart des individus ne sont pas avertis en ce qui concerne la finance et n'ont donc pas les connaissances nécessaires à une prise de position avisée. De fait, la démocratisation du marché est de façade, puisque leurs options d'investissements restent limitées à des produits souvent peu efficients en termes de rendement. La conséquence la plus apparente sur le marché de l'épargne français étant la prédominance du fonds en euros, certes sécuritaire mais également de moins en moins rémunérateur.

Pour pallier à cette méconnaissance, la population fortunée fait appel depuis de nombreuses années à des gestionnaires d'actifs, des banquiers privés ou encore des conseillers indépendants qui leur offrent un conseil sur leurs placements financiers. Cependant, en raison des conditions d'investissements minimales exigées par ceux-ci, le conseil financier reste fermé au grand public. Les plateformes de conseil en investissement automatisées, plus laconiquement appelées « robo-advisors » ont pour objectif de combler l'écart de conseil existant entre la population fortunée et les autres. A cet effet, le robot-conseiller ne doit pas être confondu avec un simple gadget numérique. C'est au contraire un prestataire de conseils financiers qui a vocation à remplacer le conseiller physique dans toute la chaîne de valeur de l'investissement financier. Il offre un modèle de placement financier différent et plus largement accessible, sans pour autant négliger le service fourni.

9CFA Institute - Fintech Survey Report, avril 2016

20

Un robo-advisors est ainsi une interface d'investissement numérique et automatique qui fournit à l'investisseur un accès simple aux marchés financiers agrémenté d'une expérience client ergonomique et interactive. Tout ceci à un coût inférieur à celui des conseillers traditionnels. La relation entre le client et le robo-advisors commence généralement par un questionnaire court visant à connaître la situation personnelle de l'individu, sa connaissance du monde et des produits financiers, son attitude vis-à-vis du risque tout autant que ses objectifs, en conformité avec ce qui est prévu par la directive MIFID 2. L'ensemble des informations transmises permet de classifier l'investisseur, par le biais d'un algorithme, afin de déterminer un risque acceptable pour cet individu. Ensuite, la plateforme génère une allocation d'actifs automatique en fonction du profil de risque établi et de l'état des marchés financiers. Cette étape est réalisée différemment entre les robo-advisors, si certains adoptent le « 100% technologique » en proposant une allocation élaborée par le biais d'un algorithme, d'autres préfèrent conserver la méthode traditionnelle en constituant une équipe de spécialistes des marchés financiers qui composent les portefeuilles types selon leur approche personnelle, les théories financières et les modèles mathématiques connus. Les portefeuilles ainsi constitués sont généralement composés de fonds ETF, reflet de la gestion passive prônée par les robo-advisors.

1) Une gestion automatisée du portefeuille financier

? Une rationalisation du processus d'investissement basée sur la théorie moderne du portefeuille

La caractéristique particulièrement mise en avant lors de la présentation d'un robo-advisors concerne la gestion algorithmique du portefeuille d'investissement. Comme énoncé ci-dessus, la plupart des robo-advisors disposent d'un algorithme qui génère automatiquement une allocation d'actifs selon différents critères établis en amont. Si la plupart des robo-advisors ont un algorithme qui leur est propre, la base théorique utilisée est toujours la même : « la théorie moderne du portefeuille ». Développée par Harry Markowitz en 1954, elle permet de déterminer un processus de sélection de titres permettant d'obtenir un portefeuille efficient. L'efficience se définissant comme la maximisation de la rentabilité d'un portefeuille pour un risque donné ou, de la même façon, la minimisation du risque pour une rentabilité fixe.

La base de la théorie de Markowitz repose sur la diversification10. Le raisonnement est intuitif, si deux titres varient de façon opposée dans le temps, alors la baisse de valeur du premier pourra être

10« Portfolio Selection: Efficient Diversification of Investments » Harry Markowitz - 1955

21

compensée par la hausse de valeur du second qui survient simultanément, permettant ainsi de supprimer au moins partiellement la perte initialement subie sur le portefeuille. La diversification permet donc d'éliminer le risque spécifique, qui correspond au risque inhérent à l'activité d'exploitation et au mode de gestion d'une entreprise, indépendamment de l'influence du marché. Si nous possédons une multitude de titres sur des secteurs différents et avec des modes de gestion variés, alors les risques inhérents à chaque société seront noyés dans la masse. Grace à cet effet, le risque d'un portefeuille diversifié est inférieur à la moyenne pondérée des risques de chaque titre inclus dans le portefeuille, c'est ce qu'on appelle le gain de diversification. L'avis qui résulte de cette observation est que l'allocation d'actifs ne doit pas aboutir à la sélection individuelle de titres mais doit au contraire reposer sur une étude des corrélations existantes entre les différents titres présents sur le marché : plus la corrélation est faible ou négative entre les titres sélectionnés, plus le gain de diversification est important et, par conséquent, plus le risque spécifique est réduit.

L'application pratique de la théorie moderne du portefeuille permet d'identifier les allocations efficientes au sens de Markowitz. L'ensemble de ces allocations peut être représenté graphiquement sous la forme d'une courbe nommée « frontière efficiente ».

Frontière efficiente de Markowitz

22

L'algorithme est l'outil qui va constituer la frontière efficiente, en fonction des données qui lui seront transmises, au sein des robo-advisors. Les réponses aux questionnaires vont permettre à l'algorithme de déterminer le risque accepté par l'investisseur et ainsi de situer son positionnement sur la frontière efficiente. Bien que le modèle de Markowitz soit sujet à certaines limites, les observations réalisées par cette théorie ont inspiré un certain nombre de modèles mathématiques, le plus connu étant le « CAPM »11, qui sont aujourd'hui effectivement utilisés par les robo-advisors, comme en atteste le discours d'un employé de Yomoni, l'un des principaux robo-advisors français : « Nous nous basons sur un backtest rentabilité/volatilité construit sur 70 ans sur toutes les classes d'actifs pour développer nos modèles mathématiques. Notre philosophie d'investissement est quantitative : nous couvrons le maximum de zones géographiques par classes d'actifs pour assurer une diversification à moindre coût, ce qui nous permet de réduire les chocs systémiques (comme les crises ou les stress de marché). »

Raffaele Zenti, co-fondateur du site AdviseOnly a ainsi fait une recherche, synthétisée dans le graphique ci-dessous, pour déterminer les algorithmes utilisés par les robo-advisors12 :

Méthodologie des robo-advisors pour la construction de portefeuilles

11Capital Asset Pricing Model - modèle introduit par Jack Treynor, William Sharpe, John Lintner et Jan Mossin indépendamment, en poursuivant les travaux initiaux de Harry Markowitz sur la diversification et la théorie moderne du portefeuille

12« Roboadvisors like a Commodore VI0? Apparently, according to this quick survey... » - Raffaele Zenti - 14 mai 2016

23

? Les avantages d'une telle gestion

Comparativement à un investisseur particulier qui n'est pas aidé dans son allocation par un conseiller financier, le changement est radical puisqu'il est empiriquement prouvé que nos biais comportementaux jouent un rôle primordial dans nos décisions d'investissement et conduisent le plus souvent à un impact négatif sur le rendement à long terme :

- Nous avons naturellement tendance à sous-pondérer l'importance des informations qui ne confortent pas notre vision et à tenir compte uniquement des preuves qui confortent notre vision des choses ;

- Notre volonté de chercher une explication à toute chose et d'occulter le caractère aléatoire d'une variation future nous conduit à utiliser les probabilités de façon inadéquate ;

- Notre comportement naturel est généralement moutonnier et conformiste, nécessitant d'aller contre sa nature pour pouvoir se forger un jugement propre ;

- Nous possédons des barrières psychologiques, au-dessus ou en dessous desquelles on ne souhaite pas acheter, ou vendre, en dehors de toute rationalité ;

- Nous sommes soumis à l'effet « ticket de loterie » qui nous conduit à favoriser une probabilité faible de faire un gain élevé plutôt que de fortes probabilités de faire un gain modeste, alors même que le second ticket aurait une espérance de gain pondérée plus forte ;

- Etc...

Ainsi, l'un des biais les plus commentés et étudiés est celui de surpondérer les événements récents plutôt que les tendances de long terme, ce qui pousse les épargnants à investir et à désinvestir au plus mauvais moment. L'investisseur lambda a ainsi la fâcheuse tendance d'acheter lorsque le marché a connu une croissance excessive et vend lorsque le marché baisse alors que la probabilité d'un retournement augmente. Il est possible de voir cet effet comportemental de façon très prononcée dans le graphique ci-dessous, dont la courbe orange représente la performance des bourses mondiales et l'histogramme bleu les flux nets vers les fonds en actions.

24

Corrélation entre l'évolution des indices mondiaux et les flux nets d'investissement en fonds

actions

De plus, même si l'investisseur se sent confiant quant aux possibilités du conseiller humain de surmonter ses biais cognitifs naturels, les incitations financières de ce dernier ne sont pas toujours en phase avec le bénéfice du client. Ainsi, certains conseillers orientent leurs clients vers des produits qui se conforment à leur propre intérêt financier. Mon expérience personnelle en banque de détail me permet de confirmer ce fait.

Notre comportement naturel et les incitations personnelles du conseiller nous mènent donc à un mauvais « market timing13 ». L'utilisation d'un programme numérique supprime cela puisque celui-ci n'est soumis à aucun biais émotionnel, il se base sur des données objectives sans en sous-pondérer ou surpondérer aucune. Il convient cependant d'y énoncer une limite : le programme à l'origine de l'algorithme est créé par l'homme, il peut donc intégrer certains biais qui nous caractérise.

13Le Market timing vise à étudier l'évolution d'un marché, ou d'un actif, pour déterminer à quel moment l'investisseur doit intervenir.

25

26

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe