Dans les sociétés tant humaines qu'animales, il
existe un certain nombre d'inégalités entre individus, la
société est structurée en classe ou strate sociale. Selon
la nature du travail, leur place dans la société, l'importance de
leur revenu, leur éducation, leur condition de logement, les hommes ne
vivent pas les mêmes expériences et par conséquent n'ont
pas les mêmes représentations du monde (Lautrey, 1980). Dès
lors au sein d'une société nous constatons qu'il existe des
rôles et des statuts et qu'entre ces différents rôles, il y
a des divergences dans les opportunités qui s'y attachent. Dans une
organisation, un rôle confère par conséquent un statut.
Pour Weber cité par Mendras (1996 :185), la classe sociale
désigne « une place dans une hiérarchie de prestige qui se
caractérise par un mode de vie, une manière de consommer, de se
loger, de se vêtir, de se marier et aussi une certaine forme
d'éducation ».
Toutefois, dans une communauté de personnes, n'importe
laquelle, à partir du moment où tout le monde ne fait pas la
même chose, où il n'y a pas une simple collaboration entre les
gens qui ont des tâches identiques, il y aura des fonctions
d'autorité et des fonctions d'exécutions. En somme, on peut dire
que certaines inégalités de pouvoir sont liées à la
division du travail (Mendras, 1996). Mais il ne suffit pas de constater des
inégalités pour avoir des droits de parler de classes
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sociales. C'est ainsi qu'on pourrait admettre qu'il y ait dans
une société des fortes différences de revenus et de
pouvoir et qu'en même temps, il n'y ait pas de classes sociales.
En effet, une classe sociale au sens logique du terme et
selon Mendras (ibid : 180), « c'est une catégorie de gens ayant
certaines caractéristiques. Pour qu'il y ait classe social, il faut
qu'il y ait un regroupement de groupes sociaux réels et que ce
regroupement manifeste son unité de quelque manière que se soit
une unité d'action ».Une classe sociale suppose dès lors une
certaine position ou statut. L'attribution des positions, même dans une
société rationalisée et organisée n'est pas
toujours une contribution purement individuelle car, « il n'y a pas de
classe sociale dans la mesure où il y a une certaine
hérédité des positions ». Mendras (1996 :181).
II-2-2-3-1. Le processus de socialisation : un
concept essentiel vis à vis de la question de l'accès à
l'emploi des jeunes diplômés
La socialisation est la transmission d'un certain nombre de
normes, de croyances collectives, d'opinions, de manières de penser et
d'agir constituant les fondements de l'identité transcendante qu'est la
société. Elle prépare et éduque à la vie
collective, elle permet et perpétue la vie en société. La
socialisation est ce par quoi se transmettent de génération en
génération les fondements de l'existence sociale, les bases
inhérentes à la vie en collectivité et par la même
occasion à la survivance de la cohésion sociale et donc de
l'entité sociale.
Pour Emile Durkheim cité par Marcyan (2001 :31), la
socialisation correspond à l'élément fondateur de
l'être social. C'est en d'autres termes par la socialisation que
l'être humain se construit en un être social. Cette conception
s'effectue progressivement par l'acquisition d'un système
d'idées, d'habitudes, de sentiments, propres aux groupes d'appartenance
de la personne, propre au tout social.
Toutefois la socialisation consiste à la construction
de l'être social par l'intériorisation du social comme constitutif
de l'être singulier, comme constitutif du psychisme de chacun d'entre
nous. C'est sans doute pourquoi selon Durkheim,
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l'action individuelle est subordonnée au social, cette
subordination étant la plupart du temps inconsciente aux yeux de la
personne.
Selon Durkheim récité par Marcyan (ibid : 32),
l'éducation joue un rôle essentiel dans la socialisation.
L'éducation, l'école, a pour principe de transmettre
l'expérience et les biens culturels accumulés par les
générations passées. L'éducation prend alors ce
rôle important de structure socialisatrice en transmettant à la
nouvelle génération les bases culturelles et sociales qui
permettent la vie en société. Ainsi bien que l'éducation
ait pour objet unique et principal l'individu et ses intérêts,
elle est avant tout le moyen par lequel la société renouvelle
perpétuellement les conditions de sa propre existence. Pour Durkheim
donc « l'éducation est la socialisation méthodique de la
jeune génération ».
Pour Galland (1995 :40), la socialisation renvoie à
une construction identitaire importante qui se nourrie d'un rapport complexe
entre l'individu et l'univers social qui l'entoure ; cette période que
caractérise la vie étudiante constitue une phase
particulière de l'existence où cette évolution identitaire
est considérable. En effet selon lui, la vie étudiante
correspondrait à un véritable mode de socialisation basé
sur l'expérimentation constante, une période faite de
réussites et d `échecs, d'expériences sociales multiples
et hétérogènes amenant à une meilleure connaissance
de soi. Ce passage délicat vers la vie adulte, ce processus de
socialisation, amène les personnes vers une affirmation, une
définition de soi. Cette socialisation est faite d'interactions
multiples, d'expériences personnelles, d'expérimentation face
à l'emploi. Il s'opère dès lors d'après cet auteur,
un basculement progressif et parfois périlleux du scolaire vers le
professionnel, du familial vers le matrimonial, de l'adolescence vers la vie
adulte. Il s'agirait véritablement d'un apprentissage de la vie sociale
d'adulte, d'une construction identitaire à un niveau personnel, social
et professionnel.
Toutefois la socialisation est un processus s'inscrivant dans
le long terme dans la longévité par les principaux vecteurs de la
socialisation c'est à dire parmi les divers éléments
amenant la personne à se représenter l'univers social, à
agir et à prendre
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position dans ce dernier ; la famille reste un transmetteur
important des schèmes d'actions et de pensées , de
représentation du monde et de valeurs diverses qui s'intègrent et
deviennent références ou tout du moins base de perception pour
l'étudiant. Il se transmet valeurs, images et représentation du
travail, des études, et du monde en règle générale
par le biais des discours au sein de la famille. Marcyan (2001 :109).
Pour Lahire (1998), « l'action (la pratique, le
comportement) est donc le point de rencontre des expériences
passées individuelles qui ont été incorporées sous
forme de schèmes d'actions(...), d'habitudes, de manières de
voir, de sentir et de faire, d'une situation sociale présente à
lui , l'acteur va agir en mobilisant des schèmes incorporés par
l'action »
Ainsi concernant les étudiants et leurs rapports aux
études et au monde du travail, concernant encore les orientations qui
sont prises où sont réfléchies vis à vis d'un
avenir professionnel, les schèmes de perception et d'actions transmises
par la famille sont incorporées par l'étudiant et jouent de leur
importance sur les perceptions et les actions de ces derniers dans la situation
présente. La famille transmet certaines représentations du monde,
des études et du travail qui ne sont pas sans influence sur les
perceptions et les actions de chaque étudiant dans le sens où
certaines dimensions sont intégrées par l'étudiant et
interviennent dans sa réflexion personnelle sur le monde, les
études et l'emploi.