L'enseignement est le système qui permet aux individus
d'acquérir des qualifications. Il permet par conséquent et de
manière indirecte aux individus d'acquérir des emplois
qualifiés donnant droit aux salaires intéressants. L'enseignement
influe donc considérablement sur le niveau de l'emploi obtenu
après les études, dans le sens où plus les études
sont longues et leur niveau très poussé, plus le statut
professionnel et la rémunération du départ semble
être également élevés. Finalement, ce qui
apparaît initialement comme des choix scolaires, des filières ou
des niveaux d'études à atteindre devient plus tard une forme de
choix ou d'orientation professionnelle (Evola, 1996).
Levy- Leboyer (1971) estime que la vie professionnelle se
déroule dans le temps et il importe de préciser les étapes
où il sera possible de repérer, voir de mesurer la
réussite. Durant les études, lorsqu'il s'agit de faire le choix
d'un métier, certains s'abandonnent à cette inertie qui les fait
opter pour une profession dont le niveau reste voisin de celui qui a
caractérisé leur milieu d'origine. Le système scolaire
admet implicitement que tous les enfants possèdent un potentiel
intellectuel qui en fait est très inégalement réparti
d'une part ; d'autre part parce que les enfants ne font d'efforts pour
réussir que s'ils sont motivés, c'est à dire
considèrent les études comme une activité
intéressante et nécessaire pour atteindre un objectif qui les
attire. Au total, pour qu'un garçon doué concrétise ses
dons par la réussite scolaire, ceci de manière à atteindre
dans la vie future un niveau élevé de qualification
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professionnelle, il faut que le milieu lui fournisse un
support culturel adéquat et surtout que ce dernier le motive en marquant
son approbation pour le succès scolaire.
La pression scolaire rend difficile l'ascension
professionnelle des jeunes personnes intelligentes lorsqu'ils lorsqu'elles sont
nées dans les classes modestes. Les normes sociales et la pression du
milieu jouent donc un rôle déterminant, mais complexe sur la
genèse des aspirations professionnelles.
En effet, comme l'affirme Levy-Leboyer (1971 :243), « on
peut se demander si le succès scolaire entraîne des aspirations
professionnelles élevées et si la réussite dans une
étape limitée de la vie active détermine des ambitions
à long terme ou seulement à courte échéance
».
Les jeunes gens en effet qui ont réussi leurs
études semblent avoir des ambitions plus élevées que les
autres. Mais l'inverse n'est pas tout à fait exact puisque les
élèves ayant subi des échecs pendant leur scolarité
ont des aspirations professionnelles mal adaptées, soit très
basses, soit parfois trop élevées. L'expérience du
succès stimule l'individu, celle de l'échec le perturbe assez
pour que sa perception de l'avenir devienne une négation de la
réalité, une tentative pour effacer l'angoisse de
l'insuccès et des conséquences.
Toutefois, Lehelle (1985 :145), estime que à chaque
niveau d'orientation ou de scolarité, il existe dans les
représentations des jeunes un lien très fort entre la
réussite scolaire (passée et actuelle) et les perspectives
d'avenir envisagées. Or s'il est évident que la réussite
scolaire et le choix des filières conditionnent de fait l'avenir
professionnel, il est probable que plus de mobilité seraient possible.
Beaucoup de jeunes s'interdisent d'envisager certains métiers ou doutent
de leurs compétences, de leurs capacités en raison des
échecs scolaires.
Selon Levy-Leboyer (ibid : 244), « les études ont
donc une double utilité : donner des aspirations élevées
et fournir un moyen initial de les satisfaire ». Mais faut-il en
déduire que seuls les jeunes gens munis des parchemins
nécessaires sont susceptibles d'avoir des ambitions, voire des
visées élevées qui leurs permettent
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d'accéder à des postes de responsabilité.
Il faut noter à la suite de Levy-Leboyer le fait « qu'un
autodidacte peut obtenir les mêmes résultats, mais les
études ont une signification immédiate ; elles donnent de
l'influence et de l'autorité, elles vous font apprécier par les
autres ».On pourra conclure que le diplôme n'est pas un facteur
indispensable à l'ambition, mais un bon diplôme assure l'orbite de
départ. Ainsi le niveau d'étude détermine bien les
aspirations professionnelles de départ mais d'autres expériences
peuvent donner les mêmes résultats et surtout la vie à
l'intérieur des organisations intervient ensuite et doit sans aucun
doute développer et orienter les ambitions professionnelles en cours de
carrière.