1.1.4. HISTOIRE D'ADOLESCENCE
A l'âge de 15 ans, son père a fait une crise
d'épilepsie qui a conduit au diagnostic de tumeur
cérébrale, on lui a dit qu'il avait 6 mois à vivre.
Elle a vécu dans l'angoisse permanente du
décès de son père. L'état de santé de son
père s'est dégradé rapidement. En même temps, elle a
été renvoyée de l'école pour redoublement. Elle a
très mal vécu ce renvoi, a ressenti un grand vide et s'est sentie
violemment rejetée.
Puis son père est mort, elle a du s'occuper de tout, sa
mère étant incapable d'assumer quoi que ce soit. Sa mère
dépressive ne supportait pas la solitude, et lui faisait du chantage au
suicide dès qu'elle s'éloignait. « J'étais
obligée de rester dans la maison avec ma mère, au lieu de sortir
avec mes copines ». Pendant ces périodes elle avait des crises
d'attaque de panique. Elle consommait les benzodiazépines comme
lorazepam ou alprazolam.
1.1.5. SITUATION ACTUELLE
De 21 à 24 ans, elle a connu une période sans
crises, pendant laquelle elle pouvait se déplacer librement. Elle avait
un travail dans un salon de coiffure. Mais elle a continué à
vivre chez sa mère. Depuis, elle a alterné des périodes
sans crises où elle retrouvait une existence libérée et
des périodes où les crises étaient très
fréquentes et ses déplacements très limités.
Actuellement, elle est au chômage depuis 9 mois, Depuis
cette époque, elle a subi 3 crises par semaine et ne peut plus sortir
seule de chez elle.
Ces crises surviennent quand elle est seule, dans certaines
situations (voiture, magasin, guichet de banque, bus), quand il y a beaucoup de
monde ou qu'elle se sent bloquée (file d'attente, embouteillage, ..).
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Des mots déclenchent les crises, ce sont les mots :
maladie, tumeur, épilepsie, et agora. Ces crises durent de 5 minutes
à 1 heure.
Elle a besoin d'un personnage contra phobique pour sortir ou
s'assurer de la présence d'une amie à son arrivée à
destination. Ses déplacements sont limités à un rayon d'un
kilomètre.
1.1.6. COMMENT LA PATIENTE GÈRE SON ANXIETE
Elle emporte dans son sac : un sucre, un berlingot
sucré, son portable, du chewing-gum, une bouteille d'eau. Elle
évite de penser à la crise.
Dés qu'elle sort, elle est préoccupée par
la crainte d'avoir une attaque de panique, elle ne se sent en
sécurité qu'avec sa mère ou une amie. Elle se voit «
mourir devant tout le monde » ou « faire une crise de tétanie,
obligée de se recroqueviller dans un coin et passer pour folle
».
Mlle S se sent différente, pas comme les autres. Elle
est très gênée par son trouble, obligée de mentir
à ses amies pour le cacher, elle ne peut faire ses démarches de
recherche d'emploi qu'accompagnée. Elle a un sentiment
d'épuisement, elle n'a plus la force de développer toutes ses
stratégies pour masquer son trouble, celui-ci est trop pesant, trop
envahissant ; limite trop ses déplacements et la rend trop
dépendante des autres.
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