2.3.3. LE MODELE DE SHEEHAN
Le modèle bio-comportemental des attaques de panique,
proposé par Sheehan (1982), rend compte de mécanismes de
conditionnement répondant et opérant.
Ce modèle se déroule selon la séquence
suivante :
1- Le sujet paniqueur aurait une vulnérabilité
biologique pour l'attaque de panique, il fait une première crise
spontanée sans liaison avec un stimulus déclencheur externe.
2- L'attaque de panique représente un stimulus
inconditionnel qui va s'associer fortuitement à la première
situation où elle a eu lieu : celle - ci deviendra alors une situation
phobogène.
3- La répétition des attaques de panique dans
des lieux variées va entraîner une généralisation
des situations phobogènes.
4- Des phénomènes de conditionnement
intéroceptifs vont se surajouter : les symptômes physiques de
l'attaque de panique, même s'ils sont isolés et en contexte banal,
vont être interprétés comme le début d'une nouvelle
crise et cette interprétation déclenchera une nouvelle crise
(Fontaine et Cottraux, 1989).
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2-3-4. LE MODELE INTEGRATIF DE BARLOW
Barlow (1988) présente un modèle qui postule
qu'il existe plusieurs niveaux de causalité du Trouble Panique.
Pour lui, quand des personnes vulnérables
(biologiquement) font face à des stresseurs environnementaux, elles vont
expérimenter une réaction de stress qui peut aller jusqu'à
une réaction d'alarme (attaque de panique).
À la suite, des personnes vulnérables
psychologiquement, vont vivre dans l'appréhension d'une nouvelle crise
et les sensations physiologiques intéroceptives peuvent par la suite
provoquer elles-mêmes une nouvelle attaque de panique (réaction
d'alarme apprise). L'individu souffrant de trouble panique développe
alors une hypervigilance à ses sensations physiques. Le trouble panique
serait donc causé par l'existence d'une réaction d'alarme
apprise. (Barlow et Craske, 2007).
2.3.5. LE MODELE COGNITIF
Ce modèle postule que notre cerveau, à l'image
d'un ordinateur fonctionne comme un système de traitement des
informations, qui procède à une lecture très personnelle
de l'environnement sélectionnant les données et leur attribuant
des significations particulières.
Aaron Beck (Beck et Emery, 1985) postule que le sujet
paniqueur présente des schémas de danger qui sélectionnent
les stimuli uniquement dans leur virtualité de danger. Il fonctionne par
assimilation du monde extérieur à ses schémas de danger,
stockés dans la mémoire à long terme. Le traitement de
l'information serait erroné, le sujet valorisant ce qui a trait au
danger.
À partir de l'hypothèse de Beck, David Clark
va proposer le modèle cognitif du trouble panique, certainement le
plus abouti (Clark, 1996; Clark et coll., 1997) d'après de Klosko,
Barlow, Tassinari (1990), comprennant les notions de :
Stimulus déclenchant, (Externe ou interne).
Interprétations des sensations comme catastrophiques, perception
physique du danger, Sensations physiques alcalose sanguine et hypocapnie.
Pour cet auteur, des stimuli externes (se retrouver dans la
foule ou un magasin) ou internes (pensée, images, sensations physiques)
sont interprétés du fait des schémas cognitifs comme une
menace. Cette perception d'une menace entraîne une hyperventilation, qui
induit une alcalose et une hypocapnie qui se traduisent par des sensations
corporelles déplaisantes interprétées à leur
à leur tour sur un mode catastrophique (mort, perte de contrôle),
ceci va augmenter l'appréhension et va aboutir à une attaque de
panique.
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De plus, le patient devient hypervigilant et surveille en
permanence la moindre sensation physique. Ceci le conduit à prendre en
considération des sensations que d'autres personnes ne remarqueraient
pas, qui confortent l'idée d'un problème sérieux, physique
ou mental. Et le sujet va développer des comportements de
sécurité qui ont tendance à maintenir les
interprétations négatives du patient.
Dans de-Vries ( 2002), on voit que la compréhension de
l'origine d'un trouble et son maintien dans le modèle TCC des phobies
est toujours basée sur la théorie de Mowrer des `deux temps' :
(1) un temps d'installation des phobies par une forme de conditionnement
classique pavlovien (exemple : une expérience traumatisante comme
d'être mordu par un chien), puis (2) un temps de maintien de la
réaction anxieuse par un évitement systématique et donc un
`renforcement négatif' qui renvoit au paradigme du conditionnement
opérant skinnerien (exemple : en évitant tout contact
après un choc, la réaction anxieuse acquise ne peut
`s'éteindre' et la tendance à l'évitement est
renforcée).
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