7.3 ANALYSE DES CONCEPTIONS DES ÉLÈVES,
DES DIFFICULTÉS ET DES OBSTACLES QUI MARQUENT LEUR EVOLUTION :
(Chollet, 1997)(Pelayo, 1999)
Pour les élèves, la natation est une
activité dont la perception dépend du niveau de ressources et de
l'autonomie dans l'eau. C'est une activité qui peut être bien
vécue mais aussi anxiogène pour les non-nageurs. Quoi qu'il en
soit c'est une activité qui met les élèves en
difficultés par l'exposition du corps qu'elle demande. Pour cette raison
les stratégies d'évitement ne sont pas rares.
Les élèves apprécient l'idée de
chercher à aller vite dans l'eau. Ils apprécient encore plus
l'idée de confrontation qui donne du sens aux apprentissages. La
représentation qu'ils se font de l'activité est celle d'une
course où la fréquence de nage assure une propulsion qui fera la
différence. Bien souvent, la coulée n'est pas
réalisée, le placement de l'inspiration n'est pas pris en compte
dans l'organisation du nageur. La faible amplitude de nage nuit à la
performance, tout comme les difficultés à structurer les actions
propulsives. La touche (finir en touchant le mur pour signaler son
arrivée) est un aspect règlementaire complexe à
intégrer.
Le plaisir à être dans l'eau l'emporte. Il est
donc fréquent que les élèves aiment rester dans l'eau en
fin de longueur. En début de cycle, beaucoup d'élève
peinent à dire qu'ils font de la natation de vitesse. Ils expriment le
fait qu'ils font piscine en référence au plaisir de la
baignade.
Les difficultés rencontrées sont
dépendantes du niveau de ressources dans l'A.P.S.A et du vécu
antérieur de l'élève. Pour cela l'équipe E.P.S met
en place des remédiations au sein
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Analyse didactique des effets d'un enseignement valorisant les
C.M.S sur les apprentissages. Une étude de cas en Education
Physique et Sportive.
du cycle (étayage par l'aide du mur, d'une frite ou
d'une planche, autorisation de respirer en passant sur le dos, ou en
créant un trou moteur bras en opposition pour une respiration
latérale plutôt que de respirer devant) ou dans le parcours de
formation (renforcement par l'intervention pédagogique
particulière (I.P.P.) du savoir nager).
Pour ce qui est des obstacles (Guy Brousseau,
1983)74 que rencontrent les élèves, ceux propres
à la tâche (épistémologiques) ont été
abordés plus haut. L'étude cherche à les limiter en jouant
sur une désyncrétisation similaire des savoirs à
l'échelle de la trame de cycle.
Pour atteindre la compétence attendue en niveau un,
l'ensemble des élèves va devoir apprendre à surmonter les
problèmes moteurs suivants (dans l'ordre des actions sur un 25m) :
Respecter les ordres du starter et le règlement de la
natation
|
Se déséquilibrer et pousser en conservant un
puissant gainage dans le plongeon comme la coulée
|
Contrôler le gainage et la hauteur d'immersion après
dans la phase de coulée
|
Jouer sur l'extension des bras pour remonter à la
surface
|
Commencer les battements des jambes justes avant de ralentir sous
l'eau
|
Enclencher des actions bras avant la première
inspiration
|
Entretenir l'équilibre, se relancer par l'action des
jambes
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Entretenir la propulsion par la recherche l'amplitude
|
Expirer activement sous l'eau
|
S'informer sur le besoin d'air et placer les inspirations dans
une coordination prévue et une gestuelle économe
|
Conserver une tête fixe et un gainage utile à la
réduction des défauts de nage (lacet notamment)
|
S'étendre pour toucher le mur d'arrivée sans perdre
de temps
|
Connaître et s'engager dans l'ensemble des règles
d'usage du lieu, de la natation de vitesse mais aussi des fonctionnements
demandés pour les situations
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Interagir avec les partenaires, l'enseignant
|
74 Brousseau, G. (1983). Les obstacles
épistémologiques et les problèmes en mathématiques.
Recherches en didactique des mathématiques, 4(2), p165-198.
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Au plan des savoirs non moteurs :
Travailler avec un partenaire ; l'observer, relever des
résultats, échanger, verbaliser son opinion, ses intentions -
Organiser sa pratique pour respecter un cadre de travail. - Respecter les
usages de sécurité et d'hygiène de la piscine
Pour les obstacles de nature ontogénique (propre aux
facultés de l'apprenant), nous ne pouvons pas ignorer que les cultures
familiales représentent, conduisent parfois à encourager
l'évitement des élèves (dispenses médicales de
complaisance).
Dans les deux classes, des élèves
primo-arrivants et/ou d'Unité Locale d'Inclusion Scolaire (U.L.I.S.)
rencontrent des difficultés de compréhension et de mise en oeuvre
de la commande de l'enseignant. Les élèves mal
subjectivés, c'est-à-dire en difficulté pour entrer dans
le rôle de sujet élève et s'y maintenir, sont
également nombreux et peuvent rencontrer des difficultés à
investir le travail.
Les obstacles de nature didactique (propre au choix des
enseignants dans leur planification et des apprenants dans leurs actions)
s'analysent au regard des représentations des élèves sur
ce qu'est la natation de vitesse. Courir vite, c'est avoir les jambes qui
tournent vite. Nager vite est vu sur le même principe. Aussi la
fréquence de nage est fortement privilégiée. Par ailleurs,
la mise en action du nageur n'est pas pensée.
Le plongeon pose une difficulté supplémentaire.
De nombreux élèves craignent de s'élancer dans l'eau la
tête en premier. Les élèves ont tendance à vouloir
s'informer visuellement sur leur déplacement et la position des
adversaires. Cela génère de nombreux freins à l'avancement
en raison des prises d'informations visuelles qui nuisent à
l'équilibre en déplacement.
Enfin, le niveau de verbalisation étant très
hétérogène, il existe peu d'habitudes et de temps
consacrés à la mutualisation des observations menées. Les
élèves mettent davantage en commun leurs performances, que leurs
stratégies pour performer (confusion compétence-performance ?).
Cela gêne la mutualisation des stratégies porteuses de
réussite.
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