Conclusion
Deux catégories de facteurs à la fois
règlementaires, institutionnels et  fonctionnels expliquent le retard de
la réforme du système de paiement du Trésor Public
centrafricain. 
Au titre des facteurs règlementaires et institutionnels
figurent d'abord, un cadre légal et règlementaire très
limité, ensuite un cadre institutionnel inefficient, et enfin, des
difficultés de règlement ou encore une insuffisance de
liquidité nécessaire pour assurer les paiements. Les facteurs
fonctionnels se caractérisent, quant à eux, d'une part, par
l'existence des dispositifs obsolètes dans le fonctionnement du
système actuel de paiement du Trésor, et par des
mécanismes non conventionnels de fonctionnement des comptes du
Trésor Public et une procédure très limitée de
traitement des opérations de paiement du Trésor. 
La conjonction de tous ces facteurs tant institutionnels que
fonctionnels constitue des facteurs pouvant  largement expliquer le retard de
la réforme du système de paiement du Trésor Public
centrafricain. 
CHAPITRE II : NECESSITE DE LA RÉFORME DU SYSTEME
DE PAIEMENT DU TRESOR PUBLIC CENTRAFRICAIN
Pour  savoir  pourquoi il est  nécessaire de  faire une
réforme du  système actuel de paiement du Trésor Public
centrafricain, il faut mettre en exergue les différentes faiblesses du
système actuel. A cet effet, il convient d'abord d'analyser les
défaillances de l'organisation du système (section I), ensuite de
mettre en exergue les limites de son fonctionnement  (section II). 
SECTION I : DEFAILLANCES DU FONCTIONNEMENT DU SYSTEME DE
PAIEMENT DU TRESOR
Les défaillances du  fonctionnement  du  système
 de paiement  du  Trésor  Public  se caractérisent d'abord par un
coût très élevé des frais financiers
prélevés par le s banques secondaires ; par  l'absence d'un
mécanisme de surveillance et de contrôle des opérations, et
enfin, par une gestion lente et non centralisée des opérations de
paiement. 
1.1-     Un système caractérisé
par un coût très élevé du traitement des
opérations
Le système actuel de paiement du Trésor Public
centrafricain dépend très largement du système bancaire et
plus précisément des activités des banques secondaires. En
effet, depuis le 
1er février 2010, une convention de domiciliation du
paiement des impôts et taxes de l'État dans les banques
commerciales a été signée. L'objet de cette convention
était de sécuriser les recettes publiques ; par
conséquent, les banques secondaires sont chargées d'encaisser
tout paiement de taxes  et de collecter toutes recettes publiques, en
espèce, par remise de chèque et par  virement,  versées 
par  les  contribuables  au  profit  du  Trésor  Public.  Ce 
mécanisme engendre  ainsi des coûts qu'il convient ici de mettre
en évidence. 
1.1.1- Des frais couteux pour l'entretien du
système 
Au titre de rémunération, le Trésor
Public verse aux banques secondaires une part fixe de trois millions (3000 000)
FCFA net d'impôts mensuellement ; ceci signifie que, quel que soit le
montant des recettes collectées au cours d'un mois donné, une
banque doit toujours prélever sur le compte courant du Trésor, en
débit d'office, un montant de trois millions de FCFA. 
Le tableau ci-dessous met en évidence le montant des
frais fixes prélevés par chaque banque en guise de
rémunération de leur participation dans le système de
paiement du Trésor Public centrafricain. 
Tableau 1.4 : Estimation des frais fixes payés par
le Trésor aux banques secondaires 
 
| 
 Banques  Frais Fixe Mensuels  Frais fixes
annuels 
 | 
 
| 
 BSIC 
 | 
 3.000.000 
 | 
 36.000.000 
 | 
 
| 
 BPMC 
 | 
 3. 000.000 36.000.000 
 | 
 
| 
 ECOBANK 
 | 
 3. 000.000 
 | 
 36.000.000 
 | 
 
| 
 CBCA 
 | 
 3 .000.000 36.000.000 
 | 
 
| 
 Total 
 | 
 12 .000.000 144.000.000 
 | 
 
  
Source : Auteur, sur les taux fixés
dans la convention de bancarisation 
Il ressort du tableau ci-dessus que le Trésor perd
annuellement, en termes de frais fixes versés aux banques secondaires,
une somme de cent quarante-quatre millions de francs CFA
(144.000.000FCFA). Cette somme paraît très
élevée en comparaison aux services rendus. 
1.1.2- Les frais financiers très
élevés 
Les frais financiers sont composés des agios et des
frais d'extrait de compte. A côté de ces frais, les banques
perçoivent aussi les 0,5% d'une recette collectée à
hauteur d'un milliard de  FCFA  (1 000 000 000  FCFA).  Au 
dernier  trimestre  2012,  le  prélèvement  des  frais financiers
par les banques secondaires sur le compte courant du Trésor Public
(agios, frais de relevés de compte, commissions, etc.) totalisait un
montant très considérable. Selon les données
collectées par le service de mouvement de fonds et de liquidité,
cela représente un montant global de cinq cent quatre-vingt-onze
millions de FCFA (591 000 000 FCFA). Ce montant peut
être réparti comme suit : 
Tableau 1.5 : Frais financiers prélevés par
les banques  secondaires pour le dernier trimestre 2012 
 
| 
 Banques Millions de FCFA 
 | 
 
| 
 BPMC 
 | 
 104 
 | 
 
| 
 BSIC 
CBCA 
 | 
 77 
 | 
 
| 
 192 
 | 
 
| 
 ECOBANK 
 | 
 218 
 | 
 
| 
 Total 4e trimestre 2012 
 | 
 591 
 | 
 
  
Source : Administration du Trésor
(Service de Mouvement de fonds) 
Sur cette base trimestrielle, par extrapolation, la charge
annuelle de ces frais peut être estimée à 2 364
millions de FCFA. 
L'estimation du total de ces frais pour le troisième
trimestre de l'année  2013 se chiffre 
à neuf cent dix-huit millions six cent quarante mille
sept cent soixante-un FCFA (918.640.761 
FCFA), soit une hausse de 55,4% par rapport
au dernier trimestre de l'année 2012. Aucune explication n'est fournie
pour justifier cette hausse. La figure qui suit permet de comparer ces frais
financiers pour le dernier trimestre de l'année 2012 et de
l'année 2013. 
Figure 1.5 : Comparaison entre les frais financiers
prélevés sur le compte du Trésor 
  
Source  : Estimations faites sur les
données collectées au service de mouvement de
fonds 
Au titre des deux premiers trimestres de l'année 2013,
l'ensemble des frais bancaires prélevés par les banques
secondaires sur le compte du Trésor Public a atteint un montant total
d'un milliard huit cent trente-sept millions deux cent quatre-vingt-un mille
cinq cent vingt deux (1.837.281.522 FCFA). Le détail de
ce montant peut être réparti comme suit : 
Tableau 1.6 : Evolution des frais bancaires
2013 
 
| 
 Banques  1er Trimestre  2ème Trimestre 
3ème Trimestre 
(estimations) 
 | 
 
| 
 BEAC 
ECOBANK BPMC CBCA 
BSIC Total 
 | 
 312 .500 107 .289 .524 53.801. 012 
 | 
 
| 
 843. 684 134. 124 .889 67.484 .286, 5 
 | 
 
| 
 612 .004 .466 211 .299 381.607.882, 5 
 | 
 
| 
 249 .089. 533 207 .393. 911 228.241.722 
 | 
 
| 
 124 .300. 686 250 .711 .030 187.505.858 
 | 
 
| 
 986 .550 .869 850 .730 .653 918.640.761 
 | 
 
  
Source  : Administration du Trésor
(Service de mouvement de fonds) 
Globalement,  pour l'année 2013, l'Etat a
dépensé un montant total de deux milliards sept  cent 
cinquante-cinq  millions neuf cent  vingt-deux mille deux cent 
quatre-vingt-trois (2.755.922.283 FCFA) au titre des frais
bancaires prélevés par les banques secondaires. Une telle somme
n'aurait pas été dépensée si le Trésor
disposait d'un système de paiement autonome. 
Figure 1.6 : Evolution des frais bancaires
prélevés sur le compte du Trésor 
  
Source  : Administration du Trésor
(Service de mouvement de fonds) 
A côté de ces frais fixes, chaque virement de
salaire des agents de l'Etat par les banques secondaires sur le compte de ces
agents entraîne toujours des charges à supporter par le
Trésor Public. Pour les banques secondaires, cela représente les
frais de traitement des salaires. 
1.1.3- Les frais de traitement de salaire trop
couteux 
Le paiement des fonctionnaires et agents de l'Etat se fait par
virement bancaire à travers  les  banques  secondaires.  Ainsi, 
à chaque occasion de  paiement  des  salaires,  ces banques
prélèvent sur le compte courant du Trésor, des frais de
traitement des salaires. A titre d'exemple, pour l'année 2011, l'Etat a
perdu un montant total de cinquante deux millions huit cent quatre-vingt-trois
mille cinq cent soixante-quatorze (52.883.574 FCFA)7
au titre des frais de traitement de salaire. 
Figure 1.7 : Frais de traitement de salaire
20118 
  
Source : Administration du Trésor
(Service de mouvement de fonds) 
Le Trésor perd annuellement, au moins, un total de
cinquante deux millions huit cent quatre-vingt-trois mille cinq cent
soixante-quatorze (52.883.574 FCFA). Ce montant paraît
très exorbitant, eu égard aux difficultés de
liquidité à laquelle est confrontée le Trésor
Public. 
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