2.3- Une difficulté de règlement ou une
insuffisance de liquidité
Les difficultés de règlement se
caractérisent principalement par une insuffisance de liquidité.
Cette dernière explique, en partie, le solde débiteur du compte
courant du Trésor Public dans les banques secondaires et le recours
abusif au système de paiement à découvert.
2.3.1- Un solde du compte courant du Trésor
Public centrafricain toujours débiteur
Le paiement de diverses dépenses publiques, notamment
les salaires des agents de l'Etat et les pensions par les banques secondaires
se fait par le débit du compte courant du Trésor Public ouvert
dans ces banques. Ce compte doit être compensé par le
crédit du compte recettes diverses ou du compte guichet unique et du
compte BIVAC-BOIS. Il convient de noter que, pour l'année 2013, le total
du solde des comptes de toutes recettes confondues du Trésor Public dans
toutes les banques secondaires est cinq fois inférieur au solde de son
compte courant dans ces banques ; ceci montre que, les dépenses de
l'Etat, payées par les banques secondaires, sont cinq fois
supérieures aux recettes publiques collectées par ces banques. Le
tableau ci-dessous présente l'état du solde du compte courant et
du compte recette du Trésor Public dans les banques secondaires au 31
décembre de l'année 2013.
Tableau 1.2 : Situation des soldes du compte du
Trésor au 31 Décembre 2013
BANQUE
|
COMPTE
|
MONTANT
|
OBSERVATION
|
CBCA
|
COURANT
|
1.831.035.780
|
DEBITEUR
|
|
RECETTE
|
375.092.124
|
|
ECOBANK
|
COURANT
|
40.204
|
|
|
RECETTE
|
153.788.722
|
|
BPMC
|
COURANT
|
3.671.069.320
|
DEBITEUR
|
|
RECETTE
|
1.259.546.693
|
|
BSIC
|
COURANT
|
3.803.965.777
|
DEBITEUR
|
|
RECETTE
|
126.251.016
|
|
Source : Administration du Trésor
(Direction de la Trésorerie)
A l'exception de l'ECOBANK, le solde du compte courant du
Trésor dans toutes les
autres banques secondaires est débiteur ; ceci montre que
les ressources publiques disponibles
sont inférieures aux dépenses déjà
payées par les banques secondaires. Cette situation justifie donc le
recours abusif du Trésor Public centrafricain au mécanisme de
paiement à découverts.
2.3.2- Un recours abusif au mécanisme de
paiement à découvert
Depuis l'année 2000, la Banque des Etats de l'Afrique
Centrale (BEAC), a décidé de supprimer les avances statutaires
aux Trésors nationaux. Ces avances étaient un mode de financement
auxquels les Etats ont recours pour faire face aux tensions de
trésorerie pendant les périodes de crise. Elles étaient
tirées de la banque centrale, suivant les performances
réalisées au cours de l'exercice antérieur.
En remplacement de ces avances statutaires, la BEAC encourage
les Etats à recourir à l'emprunt obligataire des marchés
financiers, ou à l'émission des bons du Trésor, afin de
faciliter l'accès des Etats aux crédits. A côté de
cette possibilité, le Trésor Public centrafricain fait recours au
mécanisme de paiement à découvert auprès des
banques secondaires pour faire face à ses règlements.
A titre de rappel, le paiement à découvert est
une opération bancaire par laquelle une banque fait des avances des
fonds à son client dans l'attente d'un règlement, par
crédit d'office, du compte de ce dernier. Comme le montre le tableau
qui suit, le recours abusif à ce mécanisme a conduit à un
solde du compte recette du Trésor, dans les banques secondaires, cinq
fois inférieur au solde du compte courant au cours de l'année
2013.
Tableau 1.3 : Comparaison entre les différents
soldes du Trésor au 31/12/2013
COMPTE MONTANT ECARTS OBSERVATIONS
|
COURANT 9.306.111.081
|
7.391.432.526 NEGATIF
|
RECETTE 1.914.678.555
|
Source : Administration du Trésor
(Direction de la Trésorerie)
Ce système de paiement à découvert a
débuté avec la bancarisation des recettes et des dépenses
publiques depuis l'année 2010. Les banques secondaires acceptent
d'effectuer ces paiements à conditions qu'elles détiennent les
comptes du Trésor Public dans leur livre. En principe, la mise en oeuvre
du SYGMA et du SYSTAC au Trésor Public centrafricain devra conduire
à l'abandon de ce mécanisme ; par conséquent, le
Trésor Public centrafricain devra, d'ores et déjà,
commencer à chercher d'autres possibilités de financement pour
faire face à ce problème.
La figure qui suit permet de comparer l'évolution du solde
des comptes du Trésor Public.
Figure 1.2 : Evolution du solde des comptes du
Trésor au 31 décembre 2013
Source : Administration du Trésor
(Direction de la Trésorerie)
Cette figure montre clairement un déséquilibre
entre les recettes publiques et les dépenses publiques.
L'écart constaté est supporté par les banques secondaires
mais constitue une dette à rembourser, avec intérêt, par le
Trésor Public. Le remboursement se fait par un
prélèvement, en débit d'office, sur le compte courant du
Trésor, par les banques secondaires.
Figure 1.3 : Situation des soldes du compte du
Trésor au 31 Décembre 2013
Source : Construction : auteur, sur base
de données des soldes des comptes du Trésor
Globalement, pour l'année 2013, le solde du
compte courant du Trésor dans les banque secondaires totalise un
montant de neuf milliards trois cent six millions cent onze mille
quatre-vingt-un FCFA (9.306.111.081 FCFA) contre un
milliard neuf cent quatorze millions six cent soixante-dix-huit mille
cinq cent cinquante-cinq FCFA (1.914.678.555
FCFA) du solde de recette ; ceci
dégage un écart négatif de sept milliards trois cent
quatre vingt onze millions quatre cent trente-deux mille cinq cent vingt-six
mille FCFA (7.391.432.526 FCFA). Le poids du solde du compte
courant du Trésor est très important par rapport au solde du
compte recette ; il représente 83% du total des soldes du Trésor
contre
17% du solde de recettes.
Figure 1.4 : Part de chaque solde du compte du
Trésor dans les banques secondaires
Source : Construction : auteur, sur base de
données des soldes des comptes du Trésor
Bien que les paiements à découvert
génèrent des intérêts supportés par le
Trésor Public centrafricain, il faut noter que, ce dernier n'a pas de
choix car ils lui permettent, à l'immédiat, de faire face
à ses problèmes de règlement.
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