Paragraphe 3 Protéger la biodiversité et
les écosystèmes.
Un écosystème désigne l'ensemble
formé par une association ou communauté d'êtres vivants
(biocénose) et son environnement
géologique,pédologique et atmosphérique
(biotope).La façon la plus sure de protéger les
espèces est de protéger leur habitat.La protection de leur
habitat est beaucoup plus pertinente,car il est assez improbable qu'une
espèce disparaisse si elle vit dans son environnement naturel et qu'il
est protégé.En plus de préserver les groupes déja
en danger,cette méthode évite que les autres espèces du
même habitat soient menacées à leur tour et elle maintient
l'intégrité écologique de la région.La protection
de zones entières assure en définitive la sauvegarde de tous les
niveaux de diversité.
Protéger la biodiversité.Soit.Mais
pourquoi ? « la biodiversité, c'est la vie
même de la planète ».Et bien plus encore,
« c'est la variabilité des organismes vivants de toute
origine y compris, entre autres les écosystèmes terrestres,
marins et autres écosystèmes aquatiques, et des complexes
écologiques dont ils font partie ».
La biodiversité ne se résume donc pas à
l'inventaire des espèces.Pour la déchiffrer,il faut avoir une
approche globale du vivant des micro-organismes aux animaux en passant par les
végétaux qui intègrent les trois niveaux que sont les
gènes,les espèces et les écosystèmes.Et l'homme
dans tout ça ?Il est au coeur de la biodiversité et ne cesse
d'interagir aec elle.S'il est besoin de trouver une cause utilitaire à
la protection de la biodiversité,il suffit de mentionner que l'homme y
puise ses ressources alimentaires,mais aussi les matières
premières nécessaires à sa vie.Les
écosystèmes exploités fournissent des produits que nous
utilisons directement et par leur simple fonctionnement, tous rendent des
services écologiques : maintien de la qualité de
l'atmosphère,régulation du climat,contrôle de la
qualité de l'eau,formation et maintien de la fertilité des sols.
De plus, la diversité est une assurance de prospérité.Un
exemple : Michel Loreau, président du comité scientifique de
diversitas (programme international des sciences de la biodiversité) a
montré que dans un écosystème de prairies, plus la
biodiversité était forte, meilleure était la
productivité de sa biomasse. « Le plus
intéressant dans cette démarche reste l'interprétation du
mécanisme à l'origine de ce résultat .Il est dû
à un effet de complémentarité entre les plantes qui
exploitent au mieux collectivement les ressources
disponibles ».
Enfin, la biodiversité possède aussi des valeurs
encore plus difficiles à quantifier : patrimoniales, affectives ou
esthétiques. Personne n'imagine l'Alsace sans ses cigognes.En dehors de
leur rôle dans le fonctionnement de l'écosystème auquel
elles appartiennent, nous sommes profondément attachés à
leur présence. Si l'on parle tant de la biodiversité, c'est que
celle-ci est menacée.Elle s'appauvrit à un rythme
effréné, selon les estimations, 25 000 à 50 000
espèces disparaitraient chaque année au point que l'on
considère qu'elle subit une sixième crise
d'extinction.contrairement aux crises précédentes,celle-ci est
due en grande partie à l'action indirecte de l'homme.
La cause majeure d'érosion de la biodiversité
est la transformation de l'usage des terres.Pour subvenir aux besoins
croissants de la population, les surfaces cultivées pour l'agriculture
augmentent empiétant peu à peu sur les zones de forêt.Alors
que celles-ci et notamment les forêts tropicales abritent une grande
diversité d'espèces végétales et animales.
Parallèlement à cette diminution, les pratiques agricoles
conduisent à l'agrandissement des parcelles, détruisant par
là même l'habitat de nombreuses espèces. C'est ce qui s'est
produit per exemple en région poitevine pour l'outarde
canepetière.En milieu marin pourtant si riche en espèces, la
destruction des habitats se fait également douloureusement sentir. C'est
même la première cause d'érosion de la
biodiversité.
« Les milieux côtiers qui sont les
plus productifs, par rapport au grand large sont aussi ceux qui subissent le
plus la pression de l'homme ».
Plus de la moitié de la population humaine vivra sur
une bande côtière de 100 kilomètres d'ici quelques
décennies.L'amènagement du littoral, la pollution des
rivières, les gravières,les méthodes de pêche sont
autant de causes de la destruction des habitats. La disparition d'une
espèce comme les posidonies, une plante marine aux hautes feuilles,
entraînerait celle de 500 espèces qui lui sont
inféodées.Car elle est un habitat en elle-même.
L'introduction d'espèces exotiques par l'homme est un
des autres fléaux qui mettent en danger la biodiversité.En
introduisant une nouvelle espèce dans un écosystème,
l'homme perturbe totalement l'équilibre établi au cours du temps.
Les cas sont nombreux où la situation est catastrophique.L'impact de
l'introduction du cerf à queue noire a été
étudiée sur les îles canadiennes de l'archipel de Haida
Gwaii,où il n'a pas de prédateurs naturels.
« Toute la végétation d'une hauteur inférieure
à 1,50 m avait disparu ».L'impact du cerf a ainsi
modifié tout le fonctionnement de l'écosystème :
diminution de la diversité des oiseaux et d'insectes, reproduction
impossible des thuyas géants...
Des actions concrétes de restauration de la
biodiversité sont engagées.Ainsi certaines populations
endémiques de l'île Amsterdam, dans le Sud de l'océan
Indien étaient menacées par l'introduction catastrophique de
chats, de rats et de bovins, retournés à l'état sauvage.
Piétinée et broutée par ces herbivores, la forêt
d'arbres endémiques était en voie de disparition tandis que
certaines pestes végétales comme le chardon étaient en
pleine expansion.L'albatros d'Amsterdam qui venait d'être décrit
comme une nouvelle espèce était menacée d'extinction,avec
seulement 10 couples nicheurs.
En 1987, Pierre Jouventin,chercheur au CEFE (Centre
d'écologie fonctionnelle et évolutive) de Montpellier a
dirigé un projet de réhabilitation écologique de
l'île.Tout en ayant conservé en enclos certains
représentants du troupeau sauvage pour la valeur génétique
de cette race rustique,l'équipe n'a pas eu d'autre choix que d'abattre 2
000 vaches et taureaux.Une opération réussie qui a permis
à la faune et à la flore de l'île de reprendre doucement le
dessus.Les actions de restauration qui reussissent à renverser des
tendances millénaires sont cependant rares et posent de nouvelles
questions. « Le nombre de chevreuils en France a
été multiplié d'un facteur sept ces trente
dernières années, pour atteindre au moins un million et demi
d'individus aujourd'hui.Cette restauration de la biodiversité
particulière est due à la gestion des prélèvements
par plan de chasse et à des
réintroductions ».
Cette nouvelle ressource naturelle entraîne maintenant
de nouveaux problèmes de société (dégâts
forestiers,accidents de la route,maladie de Lyme,transmise à l'homme par
les tiques...) qui exigent une approche de recherche interdisciplinaire pour
les résoudre.Quoi qu'il en soit,la gestion et la protection de la
biodiversité sont l'affaire de tous.Elles doivent passer par des
connaissances scientifiques de plus en plus précises,une information et
une sensibilisation du public et une prise de responsabilités des
pouvoirs publics.
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