2.6. Questionnement ouvert et hypothèses de
compréhension
2.6.1. Mon questionnement
· Quelles causes amènent certains jeunes à
se montrer moins enthousiastes, voire hostiles ou rebelles ? Qu'est-ce qui dans
mon attitude globale les conduit à se comporter ainsi ? Dans quelle
mesure les moins motivés n'apprécient-ils pas que je veuille les
impliquer dans des décisions qui les concernent directement ?
· Certains de mes propos ou attitudes manquent-ils de
congruence ? Que peut susciter chez les jeunes le ton un tant soit peu ironique
que j'emprunte par moments ?
·
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Dans les débuts de mon intervention, comment Benjamin
et François perçoivent-ils ma façon de les interpeller ?
Est-ce adéquat de ma part de solliciter Benjamin aussi directement, en
considération des difficultés relationnelles que j'ai avec lui ?
Suis-je suffisamment en empathie* avec François lorsque
je l'incite à s'exprimer, après l'intervention de Thierry ?
Comment aurai-je pu permettre aux deux garçons de se sentir davantage
concernés ?
· La formulation de ma question, en ce qui concerne la
consultation des sites pornographiques, n'induit-elle pas déjà
finalement le type de réponse que je réfute ensuite ? Comment,
dans ce cas, Caroline perçoit-elle la remarque que je lui fais
consécutivement à sa réponse à cette question ?
· Que signifie pour les usagers l'existence d'une
réglementation formelle de l'utilisation des ordinateurs ?
· Quel impact a, sur les plus distraits, le renforcement
de ma communication para-verbale*, pendant mon explication de
ce qu'est une charte ?
· Est-ce que je rencontre une motivation réelle
lorsque j'encourage Lily à
s'exprimer ?
2.6.2. Mes hypothèses de
compréhension
1) Certains jeunes sont plus réticents à
l'application d'une charte parce qu'ils estimeraient qu'elle rajouterait
d'autres contraintes et limites au cadre normatif qui leur incombe
déjà ;
2) Je ne les ai pas suffisamment
conditionnés* au déroulement d'une phase
extraordinaire de réunion ;
3) Le sujet abordé devrait faire l'objet exclusif
d'une réunion « à part » afin que les jeunes ne soient
pas ennuyés par l'élasticité de la séance ;
4) Les réactions négatives (cf. Le
renforcement négatif*) correspondraient à une forme de
provocation pour exprimer un désintérêt total par rapport
à ce que leur propose :
· La réaction vive de Benjamin vis-à-vis
de moi serait le comportement le plus approprié* qui
lui permette d'exprimer ses conflits non résolus avec moi ;
· Benjamin, qui a besoin de compensé
affectivement l'absence de contact avec sa mère, ne pourrait plus
communiquer aussi longuement via les réseaux sociaux ou les jeux
multi-joueurs en ligne.
· Damien serait doublement contrarié : il existe
une limitation formelle d'utilisation fixée à 30 minutes, qu'il a
déjà du mal à observer en temps normal, et en plus on veut
y rajouter d'autres règles formels qui représentent par
conséquent des contraintes supplémentaires ;
· Fiona, qui est plus souvent chez son copain (qui
habite avec ses parents) qu'au Foyer et logiquement proche d'une fin de
placement, se sentirait moins impliquée dans la vie communautaire et par
conséquent moins concernée par les règles qui la
régissent.
5) L'emploi d'une certaine ironie de ma part serait
contre-productif pour placer François et Benjamin dans des conditions
favorables à ce qu'ils soient preneur de ce que je leur propose ;
6) Fiona aurait recours à un ton moqueur pour
réagir en miroir par rapport à l'ironie qu'elle pourrait
percevoir chez moi ;
7) Pratiquer l'écoute active* par
rapport au ressenti de François, au lieu de lui « forcer la main
» pour parler, l'aiderait à se sentir plus concerné par le
sujet du débat en cours ;
8) La réalisation de la charte ne rencontrant
majoritairement pas l'intérêt général, le
renforcement de ma communication para-verbale* n'aurait aucun
effet d'augmentation de la réceptivité des jeunes à la
définition que je leur propose d'une charte ;
9) Caroline peut percevoir comme inéquitable le
reproche que je lui fais suite à sa tentative de dénonciation,
parce que j'envoie des messages contradictoires* entre une
question que je pose et la façon dont je réagis à la
réponse qu'elle me donne ;
10) Le double message* (cf. La
congruence*) que j'envoie aux jeunes, d'une part en disant à
Fiona qu'elle est libre de s'exprimer ou pas et d'autre part en restreignant
cette
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liberté à d'autres par recours à
l'incitation ou la suggestion, défavoriserait de plus en plus leur
participation active ;
11) En validant les réponses de quelques-uns, je
donnerai le sentiment au groupe qu'il existe des « bonnes » et des
« mauvaises » réponses. Ainsi, certains aurait des
réticences à s'exprimer par peur de se tromper ;
12) L'annonce de certaines informations importantes du cadre
de la réunion à la fin de celle-ci pourrait donner l'impression
aux jeunes d'une déloyauté de ma part, car ceux-ci pourrait se
sentir trompés dans la connaissance des règles du « jeu dans
lequel on joue » tandis que les « dés sont jetés »
depuis longtemps.
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