AVANT-PROPOS
Mon choix de poursuivre une formation qualifiante en
éducation spécialisée prolonge mon aspiration à me
mettre au service d'autrui et de l'intérêt général
depuis ma tendre enfance.
Mes valeurs personnelles reposant sur l'attention à
l'Autre1 trouvent leurs racines dans le terreau du
système socioculturel de mon village d'origine et de mon identité
familiale.
Dans ma douzième année, m'inspirant du
modèle paternel, je m'engage comme cadet au sein du corps des
sapeurs-pompiers. Là, j'entraîne à ma suite huit de mes
pairs.
Nous rejoindrons nos aînés dans notre
seizième année pour devenir sapeurs-pompiers volontaires «
actifs ». Beaucoup de mes heures de loisir, essentiellement le week-end,
mêlent dès lors formation théorique et exercices pratiques.
Tout un programme qui me prépare à optimaliser le secours aux
personnes et la protection des biens.
Au cours de ma dix-neuvième année,
sollicité par un concitoyen, j'ai accepté de m'investir dans un
projet visant à donner un nouveau souffle au club de tennis local
menacé de dissolution. Le travail que nous y effectuerons sera
entièrement bénévole.
Dès que nous obtenons le feu vert de
l'administration communale, nous nous retroussons les manches pour la
création d'une école de tennis qui accueillera une population de
jeunes âgés entre quatre et quatorze ans.
En 1996, effectuant mon service militaire en gendarmerie,
j'accroche davantage avec le côté préventif et social du
métier2 qu'avec la répression des
infractions.
Au début de l'année 1998, je suis
embauché comme aide-éducateur3 pour
travailler dans l'enseignement fondamental. Intervenant auprès d'enfants
de trois à dix ans, je collabore à l'élaboration des
projets pédagogiques annuels en dehors de mes attributions
formelles4.
Marqué positivement par mon vécu
d'aide-éducateur, notamment en raison de mon approche d'enfants
présentant des lacunes scolaires dues à différents
troubles (dyslexie, perturbations de l'attention, ...) je décide
d'entamer un parcours universitaire en psychologie. Mon objectif, en filigrane,
est de devenir psychologue scolaire. Ainsi, en octobre 1999, je m'inscris en
première année du DEUG5 « Psychologie
».
Pour financer mes études et moyens minimaux de
subsistance, je dois effectuer une activité salariée
parallèlement à mes études universitaires. Cependant, au
bout de quatre mois, je n'arrive plus à concilier études de plein
exercice et travail.
En octobre 2000, pris dans le dilemme de devoir choisir
entre me consacrer entièrement aux études ou m'engager pleinement
dans la vie active, je tranche finalement par ma décision d'aller
travailler pour subvenir à mes besoins alimentaires. Je trouve un emploi
comme ouvrier sur le site de montage-assemblage d'une célèbre
voiture citadine biplace. Je vais y rester près de trois ans. L'aspect
réflexif et analytique étant peu requis sur une ligne de montage,
le côté répétitif à la Charlie Chaplin
m'ennuie sérieusement.
1Si je choisis d'écrire autre avec un «
A » majuscule, c'est pour mieux l'emprunter à Bruno Bettelheim qui
l'emploie sous cette forme dans l'une ou l'autre de ses publications pour
insister sur la dimension de sujet relative à la personne.
2Prévention routière, prévention
dans les écoles, accueil du public à la brigade territoriale,
...
3En juin 1997, en France, les fameux emplois-jeunes
sont créés au sein de l'Education Nationale, sous le gouvernement
Jospin. L'idée de la création d'aides-éducateurs part
à la fois d'une volonté politique et d'un constat : la
volonté de réduire le chômage juvénile par les
moyens de l'Etat et le constat de l'existence de besoins pédagogiques
non satisfaits dans les écoles.
4Participer à l'accueil et à la
surveillance des enfants lors de leur arrivée à l'école le
matin ; sous l'autorité des enseignants : participer à
l'animation et l'encadrement pédagogique (soutien scolaire aux
élèves en difficulté - activités sportives,
culturelles ou artistiques - étude du soir - « classes »
à thème en extra muros et excursions - ateliers d'informatique) ;
participer à la surveillance des enfants durant les
récréations et lors de leur sortie de l'école en fin de
journée ; assurer la fonctionnalité et l'animation des
bibliothèques scolaires.
5Diplôme d'études universitaires
générales.
6
En mars 2004, je change d'orientation professionnelle pour
un contrat de remplacement d'éducateur en MECS6. Mon
intervention, au sein d'une équipe pluridisciplinaire, consiste en
l'accompagnement éducatif de jeunes adolescentes - âgées
entre 16 et 20 ans - résidant en semi-autonomie. Cette première
véritable expérience dans l'Aide Sociale à
l'Enfance7 (ASE) et la Protection Judiciaire de la
Jeunesse8 (PJJ) me donne l'opportunité
d'acquérir des compétences complémentaires du
métier d'éducateur : participer à la
réflexivité des réunions d'équipe, rédiger
des rapports d'évolution, participer à l'élaboration et la
mise à jour régulière des projets éducatifs
individualisés (PEI), ... Obtenant une marque de reconnaissance
professionnelle de mon chef de service, mon désir de rester dans le
secteur d'activité se renforce encore.
Ainsi motivé, je décide de faire du
bénévolat au sein d'une association de postcure des conduites de
dépendance. Ce lieu devient progressivement pour moi une
véritable école de vie. Ses principes de vie en
collectivité sont assez singuliers de certaines logiques d'action
pédagogique définies et mises en oeuvre par
Makarenko9.
En septembre 2008, j'entre au C.P.S.E. . Le système
de l'enseignement de promotion sociale me permet de signer un contrat d'un an
en « article 60 », via un CPAS, pour travailler comme
éducateur en SAAE.
Ensuite, sans travail à partir de décembre
2009, je passe au statut de stagiaire pour remplir entièrement les
conditions de formation et approfondir ma pratique professionnelle.
J'effectuerai la plupart de mes stages en action éducative avec
hébergement dans le secteur de l'Aide à la Jeunesse.
Non encore fatigué de découvrir d'autres
facettes du métier, je signe un contrat de remplacement en novembre 2011
avec une institution de milieu psychiatrique, tout en poursuivant ma
formation.
Comme stagiaire à partir d'octobre 2012 et de
retour dans l'Aide à la Jeunesse, je consacre une partie de mes
prestations à des actions éducatives destinées à
réduire l'usage des interfaces numériques. C'est cette
dernière expérience qui fait l'objet du présent travail de
fin d'études.
6Maison d'enfants à caractère social
équivalant au service d'accueil et d'aide éducative (SAAE)
belge.
7Equivalant français du Service d'Aide
à la Jeunesse (SAJ).
8Equivalent français du Service de
Protection Judiciaire (SPJ).
9Anton Semjonowitsch Makarenko (1888-1939),
pédagogue russe, est connu pour une pédagogie reposant sur
l'intérêt de la collectivité. Chaque membre de la
communauté a un rôle spécifique, indispensable à la
pérennité de celle-ci. Et, en même temps, chaque membre
contribue à toutes les tâches par roulement. Le type de travail
est la plupart du temps manuel. Lorsqu'une « colonie » est
créée, il faut d'abord construire ses infrastructures et
élaborer ses moyens techniques et opérationnels en vue du
développement et de la subsistance de la collectivité par et pour
elle-même. Toutes les prises de décision se font de manière
démocratique en assemblée périodique réunissant
tous les résidents de la colonie. Si la colonie est pérenne, elle
peut devenir une vraie zone de production et de distribution
économique.
« Eduquer, c'est apprendre à un enfant
à devenir libre dans sa pensée et citoyen dans ses comportements.
»
Christian Lalière
7
« Dans la vie il n'y a pas de solutions ; il y a
des forces en marche :
il faut les créer et les solutions suivent.
»
Antoine de Saint-Exupéry
![](Regime-virtuel-equilibre-pour-jeunes-places2.png)
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