Ils sont essentiellement identifiables pendant les
réunions d'équipe. Pour mon analyse, je ferai
référence à l'un ou l'autre des huit rôles de R.-M.
Belbin : chairman, shaper, plant, ressource investigator,
implementer, team worker, finsiher (Bodart, 2012/2013), ainsi
qu'à des notions de dynamique de groupe (Content : 2008/2009) et
à certaines approches de l'analyse organisationnelle (Bodart,
2010/2011).
C'est la chef-éducatrice qui tient la position de
leadership (personne la plus influente du groupe) pendant les
réunions où le headship (directeur) est rarement
présent.
Lorsque le directeur assiste aux réunions, il a plus
tendance à y participer dans une fonction de facilitation
des prises de décision. Il apporte en effet beaucoup
d'éclairages pour débloquer des situations en se
référant à la législation de secteur, à des
apports extérieurs (en cela est un ressource
investigator = rôle d'exploration de solutions
importées) ou encore à ses multiples expériences de
carrière dans le secteur.
La chef-éducatrice occupe par ailleurs, la
fonction d'animatrice. En l'exerçant, elle recourt
volontiers à l'influence normative et tranche les
débats en justifiant ses idées et objectifs. Elle est
un shaper. La personne qui prend ce rôle
indique la direction à prendre pour atteindre des résultats
tangibles rapidement. Elle peut néanmoins se comporter en
chairman (rôle de coordination) quand il s'agit de
déterminer les priorités, d'établir des lignes directrices
d'une action, d'affecter aux éducateurs des tâches pour lesquels
ils conviennent mieux et de veiller aux frontières existant entre ces
tâches spécifiques.
La fonction de régulation est
garantie par le chef-éducateur. Il intervient moins dans le débat
que son homologue, mais va plutôt observer le respect du timing et du
caractère équitable de la production des
intervenants. C'est aussi un implementer (rôle
de traduction des décisions prises en objectifs opérationnels) :
il est résistant aux spéculations et raisonnements qui n'ont pas
de portée immédiate sur le débat en cours. De plus, il
défend une approche ordonnée, pratique et réaliste des
problèmes ; il est capable de rappeler à un membre de
l'équipe une décision ou une responsabilité
assignée.
17 Bodart, 2009/2010.
20
Le psychologue a la plupart du temps une influence
évaluative dans les interactions collectives de réunion.
Ainsi, ce dernier se révèle en farouche
monitor/évaluator (rôle d'analyse et
d'évaluation) qui entre facilement en compétition avec les chefs
lorsqu'il prend en compte toutes les facettes d'un problème. En outre,
comme il possède une grande culture générale et une bonne
connaissance de la législation, il peut parfois proposer des pistes et
modèles instituant (à l'encontre des
éléments institués défendus par
les conservateurs).
L'éducatrice la plus ancienne de l'équipe (15
ans de service) va influencer, tantôt de manière informative,
tantôt de manière facilitatrice, le groupe. Elle excelle dans un
rôle de plant (rôle d'invention) du fait
qu'elle est souvent la première à faire preuve
d'ingéniosité dans la résolution pragmatique d'un
problème pratique. Je partage souvent une communauté de valeurs
et d'idées avec elle. Dans son costume de team
worker (rôle de soutien), cette éducatrice offre
facilement sa compréhension aux autres. Elle met chaque fois tout en
oeuvre pour apaiser des conflits en recourant à l'humour. Sa sympathie
et son authenticité lui confèrent un certain charisme
auprès d'autres membres de l'équipe, tel que moi-même
également (c'est avec elle que j'ai le plus d'affinités).
Pour finir, dans la structure informelle
(Bodart, 2010/2011), je distingue 3 sous-groupes d'alliance
au sein de l'équipe pluridisciplinaire. Dans les
alliés du pouvoir institué : les
chefs-éducateurs, 3 éducateurs de l'ancienne équipe, ainsi
qu'un éducateur plus récent de l'équipe. Les
alliés du pouvoir instituant : le psychologue,
l'éducatrice la plus ancienne et moi-même. Reste les
alliés plus neutre qui prennent rarement une position
ouvertement mais s'expriment davantage lorsqu'ils sont invités à
décrire l'état d'évolution d'une situation qui leur est
référée. Il s'agit des 4 éducateurs ayant le moins
d'ancienneté.
NB : J'estime que certaines
décisions prises en réunion mériteraient d'être
mieux appliquées sur le terrain. Voici un exemple éloquent, d'une
décision quelque peu négligée, dans l'utilisation des
ordinateurs par les jeunes. Il avait été conclu
collégialement que chaque enfant devait quitter son PC au bout d'une
demi-heure d'utilisation, les mercredis et vendredis. J'ai pourtant
observé que certains ne quittaient toujours pas l'écran au bout
de deux heures et que des enfants s'y trouvaient tous les jours de la semaine.
En conséquence, j'ai exprimé aux usagers mon avis au sujet de la
nocivité d'une utilisation aussi longue, d'autant plus que
l'informatique a tendance à devenir le loisir quasi-exclusif. J'ai aussi
interpellé les éducateurs en ce sens. Mais n'étant pas
relayé par une majorité de collègues auprès des
jeunes, en renforcement positif*, comment mon intervention
aurait-elle pu déboucher sur le résultat que j'escomptais ?