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Du mercenariat aux entreprises de services de sécurité et de défense : la question de l'externalisation dans les forces armées françaises

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par François Le Gallic
Ecole de l'air - Sciences Po Aix - Diplôme de Sciences Po Aix 2013
  

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G) Le mercenariat : un phénomène « transgéographique »

« Si vous n'avez pas été rônin sept fois, vous ne pourrez revendiquer le titre véritable de samouraï. Trébuchez et tombez sept fois, mais relevez-vous à la huitième. », Yamamoto Jocho, Hagakure, 1706-1709

Si le mercenariat est un phénomène qui traverse les temps, il traverse également les continents.

Le cas du Japon à l'époque féodale20 est particulièrement intéressant. En effet, le Yamato est célèbre pour sa tradition guerrière, également appelée bushido ou « voie du guerrier ». Comme au Moyen Age français, l'autorité militaire suprême (le shogun) est à la tête de seigneurs (les daimyo). Ces seigneurs vivent dans des fiefs et disposent de troupes armées. Cependant, tous les guerriers professionnels japonais ne sont pas des samuraï, certains sont aussi des ronin, c'est-à-dire des samuraï sans maître.

Plusieurs raisons expliquent l'apparition des ronin dans le paysage traditionnel japonais.

Tout d'abord, le ronin pouvait avoir été exclu du clan pour faute grave. Il était alors considéré comme un hors-la-loi (heimon). Cette dégradation avait lieu lors d'une cérémonie (monzen-barai) où le samurai se voyait supprimer sa solde, confisquer ses sabres21, et conduire à la porte du château dans lequel il avait servi.

Le ronin pouvait également se retrouver dans cette situation soit parce qu'il ne trouvait plus d'emploi, soit à la suite de la destruction de la famille de son seigneur (par défaite militaire ou disgrâce impériale). Alors libéré de ses engagements, il menait une vie d'errance, se lançant sur les routes où il pouvait devenir aussi bien un bandit qu'un redresseur de torts au service des faibles, ou encore un combattant lançant des défis aux experts en arts martiaux (on parlait alors de musha-shugyo, « l'errance du samuraï » ou « la quête du guerrier »22).

20 La féodalité au Japon dura sept siècles. Elle commença avec l'ère Kamakura en 1185 et se termina à la fin de l'ère Edo en 1868 avec la restauration Meiji.

21 Les samurai portaient traditionnellement une paire de sabres appelée daisho, « grand, petit » : un sabre long (katana ou o-dachi) associé à un sabre court (wakizashi ou ko-dachi).

22 Ce fut le cas notamment de Miyamoto Musashi (1584-1645), célèbre auteur du traité de stratégie Go rin no sho (Traité des cinq roues).

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D'autres ronin devinrent également gardes du corps (yojimbo23), gardiens de temples ou de villages qui, dans l'insécurité permanente, arrivaient parfois à se payer leurs services24.

Enfin, le ronin pouvait devenir un mercenaire (watari-kashi). Ainsi, lorsque Toyotomi Hideyori, fils de Toyotomi Hideyoshi25, eut à défendre en novembre 1614 son château d'Osaka, il engagea des dizaines de milliers de ronin pour renforcer ses troupes.

Pour terminer sur ce sujet, le statut de ronin, qui pouvait mener parfois à celui de mercenaire, était le plus souvent le fruit de circonstances indépendantes de la volonté du samuraï qu'un choix propre. Toutefois, cette situation pouvait être recherchée par certains car il s'agissait d'une expérience que tout bon samuraï se devait de vivre au cours de sa vie, fidèle au proverbe Shichi ten hakki (« tomber sept fois et se relever huit »).

En conclusion, cette première approche historique a permis de voir que si le mercenariat n'était pas consubstantiel à la guerre elle-même, il pouvait tout de même se prévaloir de 5 000 ans d'existence. En outre, si l'émergence des Etats-nations à partir de la fin du XVIIIe siècle a pu faire croire que le temps des mercenaires appartenait au passé, il faut souligner, à l'instar de Walter Bruyère-Ostells 26 , que la pratique du mercenariat ne s'éteint pas après la Révolution. Elle demeure, mais on préfère parler de « régiments étrangers » ou de « légions ».

23 Yojimbo (1961) est aussi un film d'Akira Kurosawa racontant l'histoire d'un ronin (joué par Toshiro Mifune) arrivant dans une petite ville où deux clans mafieux s'opposent pour gagner le pouvoir. Le ronin, par sa ruse et ses qualités de bretteur, parvient à se faire engager par les deux partis, les fait s'entretuer et ramène finalement la paix dans le village.

24 Sur ce sujet Akira Kurosawa réalisa également un film : Les Sept Samouraïs (1954), qui inspirera six ans plus tard Les Sept Mercenaires (1960) de John Sturges.

25 Toyotomi Hideyoshi (1536-1598) fut le deuxième des trois unificateurs du Japon durant la période Sengoku : Oda Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi et Tokugawa Ieyasu.

26 BRUYERE-OSTELLS Walter, Histoire des mercenaires - De 1789 à nos jours, Editions Tallandier, Paris, 2011

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