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Du mercenariat aux entreprises de services de sécurité et de défense : la question de l'externalisation dans les forces armées françaises

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par François Le Gallic
Ecole de l'air - Sciences Po Aix - Diplôme de Sciences Po Aix 2013
  

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B) L'illusion du « coeur de métier »

Il est d'usage d'entendre souvent l'injonction suivante : « l'armée doit se recentrer sur son coeur de métier ». Or, personne aujourd'hui n'a défini précisément ce qu'était le « coeur de métier ». En général, il s'agit de l'ensemble des fonctions en lien direct avec les missions opérationnelles. Toutefois, pour un militaire, le soutien aux opérations est aussi essentiel que les opérations elles-mêmes. Dans ce cadre, la notion de « coeur de métier » ne pourrait bien être qu'une illusion destinée à faciliter de manière aveugle l'externalisation de la Défense.

a) L'existence de fonctions hybrides

Il apparaît délicat de différencier clairement ce qui serait du monopole de l'Etat et ce qui ne le serait pas. A cet égard, une étude récente d'un capitaine de l'US Air Force178 concernant le domaine des drones illustre cette difficulté. Pour cet officier américain, seules les opérations

178 CLANAHAN Keric, « Drone-Sourcing ? United States Air Force Unmanned Aircraft Systems, Inherently Governmental Functions, and the Role of Contractors », Federal Circuit Bar Journal, 2012

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de frappe appartiennent par essence au domaine régalien tandis que la maintenance et l'analyse du renseignement peuvent être externalisés sans inquiétude. En dehors de cela, il y aurait une zone hybride de fonctions pas complètement étatiques mais pas tout à fait « externalisables », comme l'illustre la figure suivante :

Figure 4 : Categorizing the Governmental Nature of UAS Activities

Source : www.lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr

b) Un paradoxe : la fragilisation du « coeur de métier »

Quand bien même certaines fonctions pourraient être clairement définies comme appartenant au domaine régalien, cela veut-il dire qu'il faudrait externaliser les fonctions en périphérie ? Plus précisément, ce qui contribue au « coeur de métier » ne serait-il pas aussi essentiel que le « coeur de métier » lui-même ?

Pour y répondre, étudions le cas de la restauration. Prenons l'exemple d'un pays A, faisant appel à la société privée B pour fournir des repas dans un territoire hostile nommé C. D'un

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point de vue économique, il s'avère que pour que cette externalisation soit intéressante, la société B ne peut se permettre de recruter des employés du pays A (les expatriés travaillant dans des pays dangereux bénéficient toujours de primes de risques pouvant aller jusqu'à 50% de leur rémunération initiale). Elle préfèrera donc recourir à des employés du pays C car ils reviendront moins cher et permettront de diminuer le coût de la prestation. Or, d'un point de vue sécuritaire, ce procédé est éminemment dangereux. Qui peut garantir qu'un partisan ennemi ne sera pas recruté comme cuisinier et ne tentera pas d'empoisonner les forces armées du pays A ?

On pourra ici objecter que cet exemple est caricatural. Pourtant, il n'en est rien. En effet, le vendredi 20 janvier 2012 à Kaboul (Afghanistan), douze soldats de l'Armée nationale afghane (ANA) dont plusieurs officiers sont morts après avoir mangé de la nourriture empoisonnée dans un centre de formation militaire situé dans le district de Poli Charkh (province de Kaboul). Des centaines d'autres soldats ont souffert d'une intoxication alimentaire et ont dû être transférés à l'hôpital179. Il n'est donc pas improbable que ce genre de danger frappe les forces des pays membres de la Force internationale d'assistance et de sécurité (FIAS).

Au plan national, d'autres risques sécuritaires ont été mis en valeur par la MEC : « il apparaît que le gardiennage des sous-marins nucléaires, à Cherbourg par une société privée n'a pas donné satisfaction, ce qui est particulièrement regrettable s'agissant de la dissuasion, activité indissociable du coeur de métier ; de la même manière, le ministre a reconnu le manque de fiabilité de la société chargée du gardiennage de l'îlot Saint-Germain, coeur du ministère de la Défense.180 »

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo