b) L'Union européenne et la politique de
sécurité et de défense commune
Dans le cadre de la politique de sécurité et de
défense commune (PSDC) mise en oeuvre au sein de l'Union
européenne, le recours à des ESSD est vu comme un moyen d'assurer
des fonctions que les Etats membres ne veulent pas ou ne peuvent pas remplir.
Concrètement, on assiste à une généralisation de
l'externalisation, notamment dans le domaine des missions civiles.
Ainsi, en 2008 et 2009, dans le cadre de EUPOL RD Congo, la
firme britannique G4S fut chargée de la protection des
quartiers-généraux de la mission ainsi que de celle d'autres
sites vitaux. De plus, en 2009, dans les territoires palestiniens, la mission
EUPOL COPPS a fait appel à la société britannique Page
Protective Services pour assurer des prestations de garde statique et
dynamique. D'autres sociétés privées furent
également engagées dans le domaine des
télécommunications. Enfin, la mission EULEX au Kosovo a
utilisé des ESSD pour
155 GEDDES John, Autoroute vers l'enfer, Nimrod,
Paris, 2006, p. 206 cité par BRICET DES VALLONS Georges-Henri, Irak,
terre mercenaire, Editions Favre, Lausanne, 2009, p. 48-49.
156 Op. cit., p. 207
157 Rapport d'information n° 4350, Sur les
sociétés militaires privées, Christian Ménard
et Jean-Claude Viollet, 14 février 2012, p. 18.
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protéger ses emprises. Un contrat fut d'ailleurs
attribué en octobre 2010 à la société Henderson
Risk Limited d'une valeur annuelle de 2 350 000 euros.
Ce recours à des prestataires privés s'explique
largement par le désengagement des Etats membres. Par exemple, la
force protection (protection de la force)158 et le soutien
médical sont souvent deux domaines dans lesquels aucun pays ne souhaite
s'investir. Ce manque d'entrain est particulièrement visible lors des
conférences de « génération de forces ». A ce
titre, pour lancer l'opération EUFOR Tchad/RCA en janvier 2008, il aura
fallu plus de quatre conférences de generation force. Plus
récemment, le lancement de la mission européenne de formation des
forces armées maliennes (EUTM Mali) était retardé car il
manquait des hélicoptères d'évacuation médicale. La
piste de l'externalisation a été évoquée (il
s'agissait de recourir à deux hélicoptères
médicalisés B0-105 de la firme Eurocopter) avant que la Belgique
n'acceptât de réaffecter ses hélicoptères AB 109
stationnés à Sévaré dans le cadre de
l'opération française Serval à Bamako au titre de la
mission militaire EUTM Mali.
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