b) La protection des organisations non gouvernementales
humanitaires
Parallèlement aux entreprises multinationales, les
organisations non gouvernementales sont également demandeuses de
prestations de services de sécurité, et plus
particulièrement celles qui interviennent sur le terrain de l'aide
humanitaire.
Dès 1999, une étude co-rédigée par
l'association humanitaire CARE International et le DOMP (Département des
opérations de maintien de la paix de l'ONU) faisait état de cette
nouvelle donne : « Les ONG devraient considérer la privatisation de
la sécurité pour des objectifs humanitaires. 150 » En 2000,
lors d'une conférence de presse à Bruxelles, le responsable du
DOMP, Sergio Vieira de Mello151, renchérira en
déclarant que « le recours à des compagnies privées
pour protéger les travailleurs humanitaires est une formule qu'il faut
explorer.152 » Depuis, nombreuses sont les ONG à avoir
eu recours aux services d'ESSD. S'agissant des firmes britanniques, des gardes
du corps d'Armor Group et de Defense Systems Limited ont assuré la
protection de personnel d'ONG comme CARE ou CARITAS. Plus étonnant, des
ONG étrangères au monde anglo-saxon ont également fait
appel à des services de sécurité privée. Ainsi,
Médecins Sans Frontières - Belgique a reconnu avoir
déjà employé des gardes privés pour
sécuriser ses activités en Somalie.
Au final, les ESSD permettent à des ONG de remplir des
missions d'aide humanitaire auprès de victimes sinistrées ou
confrontées à des conflits armés. Sans elles, ces
organisations n'interviendraient tout simplement pas ou interviendraient de
façon beaucoup plus limitée.
B) Une alternative face au désengagement des
Etats dans le cadre des organisations intergouvernementales
Il n'est pas surprenant que la faible implication des Etats
dans le cadre des missions accomplies par des organisations
intergouvernementales ait eu pour pendant l'émergence
150 Cité par BRICET DES VALLONS Georges-Henri,
Irak, terre mercenaire, Editions Favre, Lausanne, 2009, p. 45.
151 Siergo Vieira de Mello sera tué le 19 août
2003 en Irak lors de l'attentat de l'Hôtel Canal contre la mission de
l'ONU qui s'était installée à Bagdad cinq jours
auparavant. L'explosion qui provoqua la mort de 22 fonctionnaires de l'ONU
entraîna le départ immédiat de l'organisation du pays.
152 Cité par BRICET DES VALLONS Georges-Henri,
Irak, terre mercenaire, Editions Favre, Lausanne, 2009, p. 45-46.
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d'une offre privée. L'Organisation des Nations unies et
l'Union européenne en sont d'ailleurs les témoins les plus
manifestes.
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