Du mercenariat aux entreprises de services de sécurité et de défense : la question de l'externalisation dans les forces armées françaises( Télécharger le fichier original )par François Le Gallic Ecole de l'air - Sciences Po Aix - Diplôme de Sciences Po Aix 2013 |
TROISIEME PARTIE : L'EXTERNALISATION DE LA DEFENSE,UN PROCESSUS AMBIVALENTL'étude comparative précédente a démontré que le recours à des prestataires privés pouvait être aussi bien un échec (cas du ravitaillement en vol en Grande-Bretagne) qu'une réussite (cas du soutien médical en Australie). Dès lors, il convient de s'intéresser aux causes qui feront de l'externalisation un avantage ou une limite pour celui qui y recourra. Chapitre 1 - Les avantages de l'externalisationLa fin de la Guerre froide a entraîné une diminution majeure de la taille des armées occidentales. Dans ce cadre, les ESSD sont apparues comme un complément nécessaire aux troupes régulières. D'autre part, l'expertise dont elles font commerce n'est plus aujourd'hui à démentir. Last but not least, à l'heure où un « coup de rabot » budgétaire est annoncé en France147, le recours à des prestataires privés laissent entrevoir des gains économiques substantiels. 1 / Un complément nécessaire aux armées régulières« L'Etat ne peut pas tout. », Lionel Jospin Les ESSD sont aujourd'hui une alternative efficace aux armées régulières. Elles proposent non seulement de protéger les personnes et les biens en zone instable, mais aussi d'intervenir au sein d'organisations intergouvernementales comme l'Organisation des Nations unies (ONU) ou l'Union européenne (UE). 147 PONS Frédéric, « Budget : alerte rouge pour nos armées », 14 mars 2013, disponible sur le site www.valeursactuelles.com, consulté le 15 mars 2013 A) La protection des personnes et des biens en zone instable88 Les services de protection offerts par le ESSD concernent aussi bien les entreprises multinationales que les organisations non gouvernementales (ONG) à vocation humanitaire. a) La protection des entreprises multinationalesS'il est vrai que depuis l'intervention au Mali, les forces spéciales françaises sont chargées de protéger les mines d'uranium d'Areva au Niger148, cette immixtion de l'Etat pour protéger des intérêts privés s'avère plutôt rare. Dans ces conditions, les grandes entreprises multinationales développant des activités économiques en zone instable n'ont pas d'autre choix que de recourir à des ESSD. La sécurité de leurs personnels et de leurs infrastructures en dépend. L'enlèvement de sept salariés français d'Areva et de Vinci en septembre 2010 ainsi que l'enlèvement au mois de novembre de la même année de deux français travaillant sur une plateforme pétrolière au Nigéria atteste de la réalité de la menace. Cette nécessité de protéger les entreprises agissant en zone instable avait d'ailleurs déjà été affirmée il y a plus de dix ans par le général Jean Heinrich (alors président du Comité de surveillance de GEOS) : « En France, on confond le mercenariat et la sûreté. Or la sûreté est une nécessité économique, une activité indispensable à nos entreprises qui s'exportent. Les zones grises, de forte insécurité, se développent. Il serait ridicule de se replier économiquement sur le monde `sûr', de refuser d'y travailler. Il faut juste y travailler autrement, être accompagné. Les entreprises ne peuvent envoyer des gens dans des zones à risques sans protection. C'est même une question de responsabilité juridique.149 » 148 GUISNEL Jean, « Niger : les forces spéciales protègeront les mines d'uranium d'Areva », 29 janvier 2013, disponible sur www.lepoint.fr 149 Le Figaro, 2 avril 2002. 89 |
|