C) L'externalisation en Australie
Le cas australien est intéressant à plus d'un
titre car l'Australie n'est pas considérée comme un acteur majeur
des relations internationales ou une nation dont les forces armées la
mettraient au premier plan143. Toutefois, elle a su projeter des
troupes au Timor Oriental, en Afghanistan et en Irak. De même,
l'Australian Defense Force (ADF) intervient
régulièrement dans le cadre d'opérations de maintien de la
paix en Océanie et dans le sud-est asiatique.
Cette capacité de projection est due principalement
à la réforme structurelle initiée par l'Etat-major
australien dans les années 1990. En externalisant massivement les
fonctions administratives et le soutien logistique, l'ADF a pu s'équiper
de matériels militaires de
143 L'Australie comptait environ 71 000 militaires (51 000
permanents et 20 000 réservistes) en 2007.
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qualité sans que le budget de la Défense ne
dépassât 2% du PIB144. Cet équipement comprend
notamment des chars M1A1 Abrams, des avions de combat F-35
Lightning II (livraison prévue à partir de 2013), des
hélicoptères de transport MRH-90, 12 nouveaux sous-marins
à propulsion classique 145 , etc. L'Etat-major australien a
également externalisé le soutien médical (depuis 2003, la
firme Aspen Medical assure la fourniture de services médicaux dans les
zones à risques) et la surveillance aéroportée des
approches maritimes (depuis 1995, la firme britannique Cobham assure
cette mission).
Toutefois, l'augmentation des processus d'externalisation au
sein de l'ADF n'a été possible que grâce à
l'existence d'entreprises capables de fournir des équipements et des
services militaires en quantité et en qualités suffisantes. Les
sociétés comme Spotless Group, Sodexho Defense ou Aspen Medical
en sont des exemples concrets. A ce titre, cette dernière
société « a été nommée, en
février 2009, à la première place du palmarès
annuel de l'Australian Defence Magazine, dans la catégorie PME.
Elle se classait alors 24e dans la liste des Top 40 Defence
contractors.146 »
En d'autres termes, le cas australien nous apprend que le
recours à des prestataires privés n'est réussi qu'à
condition qu'ils aient une véritable « visibilité
commerciale », c'est-à-dire d'une part, que les entreprises aient
atteint une certaine taille critique, et d'autre part, que le ministère
de la Défense leur fasse suffisamment confiance pour entreprendre des
partenariats avec eux.
Préconisation n°3 : l'Etat doit
définir une stratégie globale en termes d'externalisation afin de
permettre aux sociétés françaises
spécialisées dans ce domaine de s'organiser. Une telle
structuration favoriserait l'émergence de « géants nationaux
» propres à rivaliser avec leurs homologues
anglo-saxons.
Préconisation n°4 : les moyens de
veille stratégique doivent être consolidés afin de
surveiller les coûts et les bénéfices de l'externalisation
dans les pays étrangers qui mènent ce genre de
politiques.
144 Le budget de la Défense australien est aujourd'hui
de 26 milliards de dollars, soit environ 20 milliards d'euros.
145 Ils remplaceront les six sous-marins de classe
Collins.
146 CHAPLEAU Philippe, Les nouveaux entrepreneurs de la
guerre - Des mercenaires aux sociétés militaires
privées, Editions Vuibert, Paris, 2011, p. 151.
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