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Du mercenariat aux entreprises de services de sécurité et de défense : la question de l'externalisation dans les forces armées françaises

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par François Le Gallic
Ecole de l'air - Sciences Po Aix - Diplôme de Sciences Po Aix 2013
  

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2 / Le mercenariat : de l'Antiquité à l'époque moderne

Le capitaine d'un bâtiment de la Royale Navy s'adressant à Surcouf : « Vous, Français, vous vous battez pour l'argent. Tandis que nous, Anglais, nous nous battons pour l'honneur ! » Et Surcouf de répliquer : « Chacun se bat pour ce qui lui manque. »

S'il arrive si souvent de considérer les sociétés privées de services de sécurité et de défense comme des formes actualisées de troupes mercenaires, c'est avant tout parce que le mercenariat a longtemps été la seule modalité d'externalisation au sein des forces armées.

Par ailleurs, lorsqu'on porte un regard d'historien sur ce phénomène, on apprend deux choses. Tout d'abord, que le recours à des forces armées privées remonte à l'Antiquité et non à la seconde moitié du XXe siècle. Ensuite, que le mercenariat, en plus d'être un phénomène transhistorique, est également un phénomène « transgéographique » puisqu'on en retrouve des traces aussi bien en Egypte qu'au Japon.

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A) L'Egypte antique : berceau historique du mercenariat

« Le Nil, au bruit plaintif de ses eaux endormies, Berce de rêves doux le sommeil des momies. »,

Verlaine, « Nocturne parisien », Poèmes saturniens, 1866

Si le mercenariat ne semble pas remonter avant l'Antiquité, c'est selon le journaliste Philippe Chapleau parce les sociétés primitives n'étaient pas en capacité de conjuguer « l'industrialisation » (qui détermine le choix des armes et les tactiques guerrières) et le commerce (qui induit échanges et prestations tarifées).8 »

Pour autant, si cette explication permet de comprendre pourquoi le mercenariat n'a pas pu voir le jour durant la Préhistoire (dont la fin est estimée aux alentours de 3 500 ans avant la naissance du Christ), elle ne dit pas pourquoi ce phénomène est d'abord né en Egypte et pas dans une autre région du monde. D'après certaines études, deux facteurs peuvent être considérés sérieusement. Le premier facteur est lié à la répartition de la population. Sous l'Ancien Empire (2815 à 2400 avant J.-C.), l'Egypte est une civilisation essentiellement agricole et une importante partie des sujets du Pharaon est dévolue aux travaux des champs. Peu d'hommes sont donc affectés à la défense du royaume. Le second facteur quant à lui est d'ordre économique. L'Egypte, parce qu'elle s'affirme comme la puissance la plus riche de la région, attire la convoitise des pays voisins (Nubie, Libye et Phénicie) et se heurte également à une autre puissance, le royaume hittite (actuelle Turquie). C'est pourquoi, les pharaons vont recourir massivement à des supplétifs étrangers pour augmenter leurs effectifs militaires « nationaux ».

Ainsi, des milliers de soldats privés originaires du Soudan, de Syrie et de Palestine servent dans l'armée de Sésostris III, pharaon de 1881 à 1842 avant J.-C. Toutefois, ce sont surtout les souverains du Nouvel Empire (1590-1085 avant J.-C.) qui ont intensifié le recrutement de mercenaires, notamment Ramsès II (1304-1236 avant J.-C.), qui n'a pas hésité à les intégrer dans ses quatre corps d'armée. Etonnement, c'est à l'époque où l'Egypte connaît une période de régression appelée Basse époque (1085 - 333 avant J.-C.) que le nombre de mercenaires

8 CHAPLEAU Philippe, Les nouveaux entrepreneurs de la guerre - Des mercenaires aux sociétés militaires privées, Editions Vuibert, Paris, 2011, p. 52.

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est le plus important. A ce titre, le pharaon Apriès, en 569 avant J.-C., possède une armée qui compte 30 000 mercenaires grecs et cariens appartenant soit aux troupes d'élites, soit aux équipages de rameurs de la flotte égyptienne. Il s'agit là d'un nombre considérable car, à titre de comparaison, l'armée d'Alexandre comptera, un peu plus de deux siècles plus tard, « seulement » 27 300 hommes (24 000 fantassins et 3 300 cavaliers).

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