C) L'après-Seconde Guerre mondiale :
l'apparition du mercenariat entrepreneurial
« Dans les années d'après guerre, les
services avaient largement puisé dans les milieux mercenaires,
même plus, ils les avaient encouragés. Pas un coup d'Etat en
Afrique sans mercenaire français. A l'heure de la décolonisation,
le service s'était créé une main gauche efficace. Ce petit
pool `d'Affreux' exécutera toutes les besognes qui répugnaient
à la main droite. », Frank Hugo et Philippe Lobjois,
Mercenaires de la République, 2009
Comme nous l'avons fait remarquer auparavant, le recours
à des forces armées privées ne date pas de la seconde
moitié du XXe siècle. Toutefois, il faut rappeler le rôle
majeur joué par l'Angleterre et les Etats-Unis dans l'apparition du
mercenariat entrepreneurial.
a) David Stirling et les SAS
Le colonel Sir David Stirling peut être
considéré comme le « père fondateur » des
sociétés militaires privées (SMP). En 1941, il créa
l'unité des forces spéciales britanniques la plus
célèbre du monde : le Special Air Service (SAS). S'il
s'agit là de troupes régulières, le SAS constituera un
véritable vivier pour les futures SMP. Deux d'entre elles furent
d'ailleurs fondées par le colonel Stirling en 1966 : Watchguard
International Limited (sécurité) et Capricorn (transport
aérien). Watchguard s'occupe principalement de former et d'encadrer des
forces spéciales d'autres pays mais intervient également lors
d'opérations contre les rebelles de pays du Moyen-Orient (par exemple au
Yémen), en Afrique, en Amérique latine, etc. Elle reste toutefois
étroitement liée au pouvoir anglais et travaille aussi pour le
compte des services secrets britanniques (MI6).
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L'exemple du colonel David Stirling amena des anciens des SAS
à faire de même. Ainsi, en 1983, le lieutenant-colonel Ian Crooke,
ancien commandant du 23e Régiment SAS, créa Kilo Alpha
Services (KAS). Deux vétérans des SAS, Arish Turle et Simon
Adams-Dale fondèrent la désormais célèbre Control
Risks. Enfin, comme le rappelle Philippe Chapleau, « Les
sociétés Keenie Meenie Services (KMS) et Saladin Security,
dirigées respectivement par le major David Walker et le Major Andrew
Nightingale, ont installé leurs bureaux à deux pas du QG du
22e régiment du SAS. La société J. Donne
Holdings, lancée par un spécialiste du contre-espionnage, le SAS
Harclerode, a travaillé pour les Libyens. La plus puissante de ces
sociétés, Defense Systems Limited (DSL), a été
fondée, en 1981, par un ancien du SAS, Alastair Morrison. [...] Toutes
ces sociétés étaient bien `privées' mais elles
étaient, en réalité, au service de Sa
Majesté.32 »
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