Les ratios de
liquidité
Au-delà de l'usage du collatéral pour
réduire le montant des fonds propres, une autre mesure des accords
Bâle III va venir diminuer le stock d'actifs sûrs et liquides,
c'est-à-dire l'offre en collatéral le plus recherché.
Bâle III introduit deux ratios pour contenir le risque
de liquidité. Ce risque représente les difficultés que
peuvent rencontrer les banques pour se refinancer, vendre une partie de leurs
actifs dans des situations de crises globales. Dans la période
2007-2009, les problèmes de liquidité ont été
importants, notamment suite au gel du marché monétaire, car les
banques refinancent leur activité à court terme. En septembre
2008, l'effondrement de nombreux établissements a été
évité par l'action des banques centrales qui ont accordé
massivement de la liquidité. L'objectif des ratios proposés par
le comité de Bâle est d'éviter que les banques centrales ne
deviennent des prêteurs non plus de dernier ressort mais de premier
ressort lors de tensions sur le marché monétaire.
§ Le premier ratio de liquidité introduit dans
Bâle III, est le LCR (Liquidity Coverage Ratio) qui doit être mis
en oeuvre pour 2015. Son objectif est d'améliorer la résilience
à court terme des banques à une crise de liquidité aigue.
On simule une situation dans laquelle les clients retireraient brutalement
leurs dépôts, que le marché interbancaire et les
financements sécurisés seraient bloqués, que certains
crédits ne seraient pas remboursés. Ce ratio vise à
s'assurer que les banques disposent d'une réserve de liquidité
suffisante pour faire face aux sorties d'espèces à un horizon
d'un mois.
Le ratio LCR est donc défini comme le rapport entre le
montant d'un coussin de réserve de liquidité et les sorties de
trésorerie prévues par la banque à un mois. Il devra
être supérieur à 100%, ce qui va contraindre les banques
à disposer d'actifs liquides, de très bonne qualité, cette
définition ne comprenant que les titres d'Etat et les espèces. Le
coussin de liquidité à court terme représentera donc
autant d'actifs qui ne pourront être utilisés comme
collatéral.
Cependant, la définition des actifs éligibles
pourrait être élargie par exemple à l'or et aux actions
suite à une étude du comité de Bâle qui chiffre
à 2 220 Mds$, le montant des actifs que doivent encore se procurer
les banques pour se conformer au LCR.
§ Le deuxième ratio est le NSFR (Net Stable
Funding Ratio), qui est prévu pour 2018. Son objectif est de diversifier
le financement des actifs à moyen et long terme des banques
c'est-à-dire leurs emplois stables (RSF, Required Stable Funding), qui
se faisait principalement à court terme. Avec l'introduction du ratio
NSFR, les emplois stables devront être financés par des
ressources plus longues/stables (ASF, Available Stable Funding), plus
précisément de maturités supérieures à un
an.
Des pondérations vont être appliquées aux
sources de financement en fonction de leur stabilité : 100% pour le
CET1, 80% à 90% pour les dépôts clientèles, 50% pour
les emprunts garantis. De la même manière, les actifs à
financer seront pondérés en fonction de leur
liquidité : 0% pour les comptes d'espèces, 5% pour les
titres d'Etat, 55% pour les prêts hypothécaires, 85% pour les
prêts aux particuliers et 100% pour les autres actifs.
Ces pondérations vont impliquer d'une part, le recours
à des ressources plus longues mais aussi l'augmentation de la part des
actifs liquides, peu pondérés, tels que les titres d'Etat ou les
espèces.
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