4. Un interventionnisme protéiforme.
L'intervention publique est, pour le moins,
protéiforme. La pluralité des acteurs et des moyens
d'intervention teint néanmoins cette stratégie étatique
d'une certaine opacité. Ce manque de visibilité nuit
inéluctablement à l'efficience du système. Le rôle
de l'Etat s'entremêle à celui joué par différents
organismes publics tels que la CDC, qui eux-mêmes créent des
filiales de gestion et des structures d'intervention multiples. FSI, fonds
national d'amorçage, fonds publics, fonds mixtes... Le système se
complexifie d'autant plus que les régions elles-mêmes mettent
souvent en place des mécanismes d'aides aux jeunes entreprises
innovantes.
Il est parfois difficile d'avoir une vue cohérente de
cet ensemble. Pourtant, chaque sous-ensemble semble répondre à
une logique économique précise, à tel point qu'il convient
également de se demander si un modèle fondé sur une
structure unique n'engendrerait pas, de par une trop grande
généralité incompatible avec la réalité
économique, une opacité similaire. La multiplication des
structures, même si justifiable, doit néanmoins être la plus
lisible possible pour les acteurs économiques. Si l'ensemble des
structures mis en oeuvre n'a pas nécessairement à être
remodelé, des efforts de transparence peuvent s'avérer cruciaux
pour une meilleure compréhension du système par les acteurs.
76 Lancement du programme FSI France Investissement 2020, 21
février 2012
C. Le modèle Israélien : le programme
Yozma.
La pertinence du rôle joué par l'Etat dans
l'émergence d'un capital-risque dynamique peut être
observée par l'intermédiaire d'expériences
réalisées à l'étranger.
Le programme israélien « Yozma » en constitue
une illustration. Ce programme public instauré en 1993 repose sur
l'idée d'un apport d'argent public dans l'optique d'attirer des capitaux
privés77. Le programme Yozma est reconnu comme une
véritable réussite dans le sens où il a permis
l'émergence d'une profession de capital-risqueur en Israël.
Certains volets du programme contraignaient les organismes de capital-risque
bénéficiaires à lever des capitaux à
l'étranger, obligeant ainsi ces acteurs à s'adapter aux exigences
de la profession, s'intégrer au sein de réseaux... En effet,
Yozma était un fonds de placement à haut risque
géré par le gouvernement avec un apport initial de 100 millions
de dollars. Il pouvait entrer au capital de fonds de placement privés ;
mais pour faire partie du programme ces derniers devaient toutefois
établir un partenariat durable avec au moins une institution
financière internationale78.
Dès 1998, le programme fut prématurément
arrêté, et ce car les objectifs fixés furent atteints. En
effet, à côté des organismes de capital-risque
dépendants de Yozma, de grands fonds privés furent
constitués.
Si l'on procède à une théorisation de
cette expérience, on constate que l'interventionnisme étatique
peut revêtir un caractère temporaire, et ce durant une
période nécessaire à l'émergence d'une
véritable profession de capital-risqueur et d'un tissu économique
composé de fonds de taille suffisante pour générer une
véritable source de financement.
En opérant une transposition de ce schéma en
France, il semble possible de considérer que la France se trouve
à un stade moins avancé dans la création d'un
capital-risque efficient, la politique nationale en la matière n'ayant
pas encore permis l'émergence d'un capital-risque privé
suffisamment abouti.
Néanmoins, à situation différente,
solution différente. L'existence d'une initiative publique
française ne signifie pas pour autant que cette dernière sera
efficace. Preuve en est, Yozma ne fut pas la première tentative
israélienne en la matière. Un précédent programme
mené en 1990, nommé Inbal, s'enlisa en raison des lourdeurs
bureaucratiques qui lui étaient inhérentes. La simple mise en
oeuvre d'un programme public n'est donc évidemment pas synonyme de
succès.
5Q
77 Avnimelech et al. (2004) & Avnimelech et Teubal (2005)
7Q « Le miracle high-tech, retour sur une politique
industrielle exemplaire », Dan Breznitz, 2007
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