Générer un effet de levier.
Un financement d'origine publique suffisamment
conséquent engendrerait deux avantages indéniables. Tout d'abord
il permettrait un apport de capitaux aux PME à fort potentiel, capitaux
dont elles manquent cruellement, notamment en période de turbulences
économiques. Une telle intervention n'est évidemment pas
dépourvue de logique économique. A une échelle
macro-économique, l'intérêt de l'Etat est de favoriser le
dynamisme économique en vue de générer de la croissance et
ainsi permettre un accroissement de ses revenus. En adoptant un
référentiel plus casuistique, la participation de l'Etat au
capital de sociétés innovantes peut générer,
à terme, des plus-values conséquentes. Ensuite, la participation
de l'Etat au sein de fonds d'investissement engendre une certaine confiance des
investisseurs et peut ainsi aboutir sur un effet de levier. Les acteurs
privés sont en effet conscients du fait que l'Etat est
subordonnée à une rationalité économique qui
diffère de la leur. Ce dernier adosse l'image d'un investisseur stable
ayant une vision économique de moyen et long terme, contrastant ainsi
radicalement avec d'autres acteurs pilotés par la volatilité du
marché. Les investisseurs diminuent ainsi l'aléa inhérent
à leur investissement en sachant que l'Etat est
généralement étranger à des logiques
économiques de court terme. Les intérêts défendus
par l'Etat sont de plus souvent d'une nature différente, axés sur
les intérêts du pays et s'inscrivant le plus souvent dans une
stratégie publique de financement de certains secteurs. Enfin, en
assurant un investissement conséquent dès le début, l'Etat
assure à lui seul un poids financier important permettant au fonds
d'avoir dès l'origine une taille conséquente. Cet investissement
public n'est donc pas dépourvu d'attrait et est susceptible de
générer un effet de levier conséquent. L'effet de levier
désigne justement l'attractivité corrélative à un
investissement public dans un fonds, un investissement initial permettant
d'entraîner différents investisseurs, d'origine privée,
subséquents.
Un tel système pourrait donc constituer un
modèle de développement viable de capital-risque. L'Etat
français a bien saisi l'enjeu du capital-risque et son rôle
économique. Différentes initiatives ont donc vu le jour dans
cette optique.
C. Une politique publique pouvant s'émanciper des
règles du marché.
Autre avantage de l'interventionnisme étatique :
celui-ci peut s'émanciper de logiques économiques parfois
incompatibles avec le capital-risque. En effet, les investisseurs
privés
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peuvent, dans un contexte incertain, imposer aux
sociétés innovantes des conditions très contraignantes en
vue de leur participation au capital. Les modalités d'engagement des
capital-risqueurs peuvent donc s'avérer liberticides pour les dirigeants
de sociétés. Ce contraste entre recherche de
sécurité d'une part et impossibilité pour les
sociétés innovantes de consentir certains engagements d'autre
part constitue une entrave au développement du capital-risque.
L'Etat peut adopter une forme de logique différente. Le
raisonnement économique étatique prend en considération
des facteurs différents de ceux adoptés par les acteurs
privés. L'une des motivations économiques sous-jacentes de
l'interventionnisme étatique réside en effet en la volonté
de favoriser le développement économique du pays, et non
uniquement en une recherche de profits à court et moyen terme. La nature
de cette motivation influe sur le comportement de l'Etat. Dans l'optique de
favoriser le développement de jeunes PME à fort potentiel l'Etat
peut donc accepter une prise de risque plus élevée que des
acteurs classiques, assumant ainsi pleinement son rôle de soutien.
L'existence d'une stratégie étatique peut donc
permettre l'émergence future d'un capital-risque autonome.
Nécessaire à l'implantation culturelle du capital-risque dans le
paysage économique français, cet appui étatique peut
présenter un caractère temporaire, à l'image de celui
mené aux Etats-Unis, notamment dans le cadre du programme Small Business
Investment Companies (SBIC). Ce programme avait pour but de financer les
petites entreprises et reposait sur l'idée d'un effet de levier.
Progressivement, le capital-risque américain s'est affranchi de cette
initiative publique. Le poids des SBIC représentait quelques 75% de
l'ensemble des sociétés de campital-risque américaines
(calculé à partir des montants de capitaux alloués), et ne
représentait plus en 2000 que 20% de cet ensemble67. Cette
crise du capital-risque, conséquence d'une situation économique
morose, assèche les sources de financement des PME, l'intervention de
l'Etat peut dès lors jouer un rôle crucial.
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