§3. L'insuffisance des sources alternatives de
financement.
A. Le développement limité du «
venture loan »
Face à des institutions bancaires réticentes aux
fortes prises de risque et aux opérations fortement consommatrices de
fonds propres, la forte demande de financement s'avère propice au
développement de nouvelles formes de financements. Le venture loan se
développe dans ce contexte. L'Afic définit le venture loan comme
« un prêt à caractère haut de
bilan57
55 « Le capital-risque, mécanisme de financement de
l'innovation », Bernard Ghuilon, Sandra Montchaud
56 « Le capital-risque », Emmanuelle Dubocage et
Dorothée Rivaud-Danset.
57 Haut de bilan car destiné à l'acquisition de
matériels spécifiques, au financement de la RD...
A7
(destinés à consolider les fonds propres de
l'entreprise), apportés par des structures spécialisées
à des entreprises dont le profil ne les rend pas éligibles
à un prêt bancaire classique58 ».
Les « venture lenders », plus enclins à
prendre le risque du financement d'une PME innovante, se substituent au
rôle joué par les banques et consentent des prêts. Cette
prise de risque n'est cependant pas gratuite puisque selon une étude de
l'AFIC le taux du prêt est supérieur de 4 à 6 points au
taux de base bancaire pour rémunérer le risque pris. Cependant,
le principe de monopole bancaire empêche ces acteurs de consentir des
prêts à proprement parler. Le financement prend donc la forme
d'une émission obligataire, convertible ou non, par la PME. La possible
création de VMDAC atteste du particularisme des venture lenders,
à mi chemin entre prêteurs et investisseurs en fonds propres.
Plus originalement, il est également possible
d'envisager un mécanisme aux termes duquel l'entreprise cède aux
venture lenders des actifs puis se fait consentir sur ces derniers un
crédit-bail.
Le Venture Loan n'est cependant pas suffisamment
développé pour constituer un recours crédible aux autres
techniques de financement. Seules quelques sociétés
d'investissement spécialisées effectuent de telles
opérations, toutes d'origine anglosaxonne : Kreos Capital, Noble venture
Finance, ETV Capital59. Ce peu de concurrence influe sur les taux
d'intérêt demandés par ces entités.
De plus, la nécessité pour les
sociétés innovantes de payer des intérêts ne
correspond pas nécessairement à leur programme de
développement. Les sociétés en phase de démarrage
ne génèrent en effet pas immédiatement les
liquidités suffisantes pour procéder à un tel
remboursement.
Autre inconvénient relevé par l'étude
menée par l'AFIC sur le sujet60, les «covenants»
sont jugés comme étant très sévères :
nantissement de fonds de commerce, nantissement de titres des filiales,
réserve sur la propriété intellectuelle, ils peuvent
compromettre sérieusement la cession de la cible à court ou moyen
terme.
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