B. Le prêt bancaire, coûteuse alternative
aux déficiences du financement par capital-risque.
Selon la dernière enquête (9/2010 - 2/2011)
réalisée par la Banque centrale européenne (BCE) en
collaboration avec la Commission européenne sur l'accès au
financement des PME de la zone euro, près de 15 % des PME
interrogées ont cité «l'accès au financement»
comme étant leur problème le plus pressant.
Paradoxalement, la baisse de l'affluence des investisseurs
institutionnels en matière de capital-risque tend à augmenter les
besoins de financement des entreprises innovantes, lesquelles s'orientent donc
vers des politiques d'endettement.
Ces nouvelles réglementations ont donc une double
incidence, une diminution des investissements en capital-risque d'une part et
une raréfaction du crédit d'autre part. L'effet
52 Dominique Sabassier, directeur général
délégué en charge des gestions de Natixis Asset
Management, dans le cadre d'un article de Patrick Arnoux : « L'effet
Papillon, La nouvelle régulation financière bouleverse le
paradigme du Private equity »
53 « De la pertinence de la calibration du risque Private
Equity dans la formule standard de Solvency II », EDHEC I AFIC, 22 juin
2010
5A. AFIC, livre blanc du capital-investissement
AA
conjugué de ces deux facteurs tend à
considérablement réduire les sources de financement des PME.
L'emprunt bancaire s'avère de façon
générale peu approprié aux particularismes des entreprises
innovantes en phase de démarrage. L'incertitude quant à la
réussite de sociétés nouvellement créées et
à fort potentiel représente un facteur influent dans la
décision d'octroi de crédit par les banques. L'accroissement de
l'incertitude liée au projet réduit d'autant les sources de
financement envisageables. En effet, la logique bancaire est la plupart du
temps fondée sur des données statistiques, des
probabilités de défaillance. A partir de ces données sont
calculées les possibilités d'octroi de crédit, avec
l'existence d'un risque statistiquement évalué de non
remboursement. Or précisément dans le cadre du capital-risque, la
notion d'innovation introduit le concept d'incertitude, et donc
l'impossibilité de chiffrer le risque de défaillance et les
probabilités de réussite. Il s'agit donc d'un contexte «
d'opacité informationnelle »55 particulièrement
dissuasif en période de crise économique. De plus, le mode de
rémunération des banques, fondé sur une
rémunération forfaitaire indépendante des performances
économiques de la société ne constitue pas un facteur
incitatif. Donc non seulement le paradigme bancaire est peu friand de la notion
de capital-risque, mais la crise et les nouvelles exigences en matière
de fonds propres qui en résultent incitent de plus à la prudence
des acteurs bancaires. Ce constat se matérialise dans le pire des cas
par un refus de financement de la société ou, au mieux, par un
financement à coût élevé. Or le paiement
d'intérêts pour une société en phase de
démarrage ne constitue pas un avantage, contrairement au capital-risque
qui, outre un investissement personnel du capital-risqueur, évite le
paiement d'intérêts puisqu'il s'agit d'apports en fonds propres.
Non seulement le coût peut être élevé, mais de plus
les prêts octroyés sont souvent d'un montant limité,
aboutissant sur une sorte de « saupoudrage » 56, à
savoir une allocation de capitaux d'un montant modeste à de nombreux
projets.
La crise financière a accentué ce
phénomène puisque de nombreuses PME doivent payer des taux
d'intérêt nettement plus élevés pour leurs
prêts bancaires. C'est le constat qui résulte de la
dernière enquête de la Banque centrale européenne (BCE),
selon laquelle plus de 50 % des PME de la zone euro incluses dans
l'échantillon ont signalé une hausse des taux
d'intérêt pratiqués par les banques et un resserrement
général des conditions de prêt bancaire aux PME.
Cette crise a aussi fortement pesé sur les ouvertures
et extensions de lignes de crédit des banques aux PME, dont la
quête d'autres sources de financement est devenue d'autant plus
pressante. Faute de ressources financières suffisantes, le
capital-risque n'a pourtant pas été en mesure de répondre
à ce besoin criant.
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