4.2 - Les suggestions
Etudiant les faits sociaux et mettant des variables sociales
à la disposition des décideurs politiques et de la
société entière, le travail du sociologue n'est pas de
résoudre les problèmes qui se posent à la
société. Ainsi, au terme de notre recherche sociologique, il
s'avère donc nécessaire de faire des suggestions, pour attirer
l'attention des décideurs politiques et des promoteurs sociaux sur les
entraves au processus d'animation dans les projets de développement
à la base. Sa prise en compte pourrait contribuer à la
définition d'une bonne méthode d'intervention en matière
de développement communautaire par les agents de développement
qui interviennent sur le terrain auprès des populations à la
base.
Les agents de développement, bien avant d'initier un
projet de développement dans un milieu et plus précisément
en milieu rural, doivent définir au début du processus une bonne
méthodologie d'intervention. Et pour cela, l'étude du milieu ou
le diagnostic du milieu est d'une importance capitale.
Le diagnostic du milieu permettra aux agents de
développement, de relever les différents problèmes du
milieu. Il est alors question de voir, quels sont les besoins du milieu dans un
domaine donné pour analyser et évaluer les réalités
socioculturelles et économiques du milieu.
Chaque communauté a ses problèmes
spécifiques et il faut les découvrir, les inventorier :
analyser les causes, les effets pour mieux concevoir des solutions
appropriées. Une fois l'étude du milieu fait, l'étape
suivante doit consister à l'analyse des besoins locaux.
L'analyse des besoins locaux, que nous pourrions assimiler
à l'identification des priorités des communautés locales
en matière de développement, constitue une étape cruciale
très délicate et complexe du processus de planification et de
gestion du développement ; car la réussite même des
actions ou des projets à mettre en oeuvre, en dépend pour leur
plus grande partie. Elle demeure une étape fondamentale pour trouver un
vrai compromis entre toutes les parties prenantes autour des initiatives
à entreprendre et le moment idéal d'anticipation des facteurs
d'influence sur le déploiement de ces dernières.
L'analyse des besoins, ne doit pas être seulement
l'affaire des agents de développement et des membres du comité
villageois de développement. Elle doit être l'affaire de toute la
communauté où l'on cherche à initier le projet. Il s'agira
de donner la parole à la population de s'exprimer sur leurs
problèmes, leurs besoins urgents et d'en dégager le besoin
prioritaire.
Pour ce faire, il est nécessaire de faire voir aux
membres de la communauté à développer, la
nécessité du projet de développement en voie d'être
initié. A cet effet, il faut leur faire prendre conscience des
problèmes existants, des besoins et partant de la
nécessité d'intervenir, pour résoudre ces
problèmes, pour apporter des solutions ou des débuts de
solutions. A ce stade, il s'agira de sensibiliser la population sur ces
problèmes.
La sensibilisation ne doit pas se faire de manière
directive et rigide où seuls les agents de développement donnent
leurs points de vue du problème. Il faudra au contraire rendre la
sensibilisation non rigide, souple, afin de donner la parole aux
intéressés eux-mêmes de s'exprimer sur le
problème.
Une fois l'analyse des besoins fait, l'agent de
développement ou l'animateur, toujours avec l'aide de la
communauté, doit pouvoir établir un Plan d'Action Villageois
(PAV) de la communauté si cette dernière n'en avait pas ; en
tenant compte des moyens disponibles dans le milieu.
Ce PAV, est un compromis fait entre diverses entités
sur un territoire donné et qui contient leurs différentes
préoccupations bien hiérarchisées, bien entendu, en
fonction des urgences et des moyens possibles. A travers ce document
collectivement réalisé, les parties prenantes formulent les
solutions qu'elles jugent elles-mêmes nécessaires et sur
lesquelles, elles donnent leur engagement à supporter par des moyens
identifiés personnellement ou à travers leur
représentation. C'est en d'autres termes la formalisation d'une entente
collective sur des choix de développement du territoire
concerné.
Après l'analyse des besoins, faute de résoudre
tous les problèmes à la fois et immédiatement, il faut
alors établir un ordre de priorité dans les approches de
solutions par question, par priorité et en fonction des
réalités : il s'agit de la hiérarchisation des
besoins. De ce fait, l'animateur du projet de développement n'aura
qu'à aider ou à amener les populations à
développer, à choisir leurs priorités fondées sur
ce qu'elles trouvent comme plus urgent que d'autres.
L'animateur ou l'équipe de pilotage, doit
préparer en outre, une fiche de présentation logique des
véritables problèmes hiérarchisés,
c'est-à-dire par ordre d'importance pour la communauté ; une
fiche des contraintes et des atouts ou potentiels physico-environnementaux et
socio-économiques identifiés et enfin une fiche
détaillée des forces et faiblesses organisationnelles ou
institutionnelles de la zone. Ces fiches serviront de guide à
l'animateur ou à l'équipe de pilotage sur le terrain, car, il
connait désormais les besoins des populations ainsi que les
réalités socioculturelles du milieu.
En effet, après avoir dégagé ensemble le
besoin prioritaire, il convient d'associer la population aux autres phases de
mise en oeuvre du projet (phase de conception, d'élaboration,
d'exécution, de suivi et d'évaluation) ; puisque l'approche
participative vise à amener les populations à prendre en main
leur développement local.
Si le processus respect jusqu'alors, tout ce qui vient
d'être dit, il ne devrait pas y avoir de problèmes ou de
difficultés lors de la mise en oeuvre du projet.
Par souci de permettre à la population de s'approprier
le projet, L'animateur aidera ensuite la communauté à son
auto-organisation autour du projet pour mener à bien leur projet de
développement en se distribuant, par exemples, les rôles les
taches, d'où la mise en place des comités de suivi et de gestion
des travaux.
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