1.5.5 - Absence de l'autorité d'un chef et
querelles intestines comme facteurs d'entrave au processus d'animation dans les
projets de développement à la base
D'autres aspects entravant au processus d'animation dans les
projets de développement à la base sont l'absence de
l'autorité d'un chef traditionnel et les querelles intestines qui
divisent les fils d'une même communauté.
L'absence de l'autorité d'un chef traditionnel plonge
les communautés dans l'anarchie et le désordre. A Anamé -
Gbaganmé, de vielles querelles intestines liées à la
chefferie traditionnelle en est une preuve palpable.
En effet, le village d'Anamé - Gbaganmé depuis
sa création n'avait jamais connu un chef traditionnel. Le village
était dirigé par les notables du chef canton d'Anfoin (village
situé en quelques km dudit village). Suite à la politique de
décentralisation des collectivités locales entreprise par le
gouvernement Togolais, chaque village du canton d'Anfoin doit avoir son
autonomie et être dirigé par un chef traditionnel.
Deux grandes familles se disputaient le trône de la
chefferie. D'un côté, une partie de la population dudit village
soutenait la candidature d'un candidat désigné par la famille
ANANI et de l'autre, une seconde partie soutenait le candidat proposé
par la famille EKLOU-BOCON ; une candidature qui est contestée par
une grande partie de la communauté. Cette nouvelle candidature vient
bloquer la première soumise au niveau de la préfecture des Lacs.
Cette situation a provoqué une querelle qui divise les fils de ladite
communauté.
Les tentatives de réconciliation des fils de la
communauté ont été vaines. Devant cette situation la
population du village ne reconnait pas l'autorité d'un chef traditionnel
qui imposerait des normes ou des lois à respecter par la population.
Dans cette condition, le village est plongé dans le désordre et
l'anarchie et il est difficile pour le comité villageois de
développement de mobiliser la communauté autour du projet de
construction de bâtiments scolaires qui s'exécute.
1.5.6 - Critique des différents
écrits
Les auteurs des ouvrages consultés ont beaucoup mis
l'accent sur la participation des communautés rurales au processus de
développement mais ils n'ont pas parlé des difficultés que
peuvent rencontrer les agents de développement lors de la mise en oeuvre
des projets suite à l'implication des populations
bénéficiaires ou à la non implication de ces
dernières. La réussite d'un projet de développement
communautaire ne dépend pas seulement de la participation des
bénéficiaires mais aussi d'un certains nombres de facteurs tels
l'entente, la cohésion de la population et une bonne animation.
L'entente et la cohésion renforcent la
société traditionnelle et de surcroit renforcent le lien social
qui se construit à partir de groupes dans lesquels les individus
évoluent et effectuent leur apprentissage (socialisation). La
cohésion sociale est menacée si la communauté est
divisée, désunie, ou s'il y a une remise en cause de la
légitimité de certaines institutions traditionnelles entrainant
une baisse de la conscience collective. La mésentente et l'absence de
la cohésion empêchent les communautés à la base de
prendre en main leur développement local.
Par ailleurs, si l'animation rurale dans la perspective
d'autopromotion communautaire vise à amener les villageois à
réfléchir et à discuter entre eux des problèmes
dont ils souffrent, à s'informer, à se former et à
s'organiser pour les actions de développement, la réussite des
actions de développement dépend également d'une bonne
définition des méthodes d'animation des communautés
rurales. Pour cela, les agents les animateurs ou les agents de
développement, avant toute chose doivent définir une bonne
approche méthodologique d'animation sans laquelle toute action de
développement est vouée à l'échec ou emprunte de
contraintes, de difficultés.
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