1.5.2 - Repli identitaire et conflits culturels comme
facteurs d'entrave au processus d'animation dans les projets de
développement à la base
Amouzou Essè (2009 : 21-22) atteste que le
phénomène de repli culturel ou identitaire se passe aussi et
souvent à l'intérieur des frontières nationales entre
différentes communautés vivant sur le même espace
géographique où des populations, parce que originaires d'ethnies
différentes et nourrissant de préjugés les unes envers les
autres ou encore s'attachant à des conflits séculaires de classes
sociales ou de castes, sont parfois incapables de se regrouper autour
d'activités de développement communautaire ; ceci constitue
dans une certaine mesure, en n'en point douter, l'un des facteurs majeurs
d'échec des processus de développement en Afrique.
Katagna E. (2006) a aussi démontré ce
phénomène dans son mémoire de maîtrise de sociologie
portant sur les contraintes et possibilités de la participation des
populations à la mise en oeuvre de projets sociaux.
En effet, étudiant le cas du projet d'Infrastructures
Socio-Collectives (ISC) du 4ème PPMR (Plan Pluriannuel de
Micro-Réalisation) dans le canton de Kouméa au Nord du Togo,
projet dont la mise en oeuvre met un accent particulier sur la participation
communautaire, Katagna soutient que l'entente participe dans une large mesure
à l'implication communautaire. Ainsi, seuls les villages où la
solidarité communautaire et l'entente sont fortes choisissent
véritablement les microréalisations qui leur conviennent et
enrérigistrent une forte participation populaire, ce qui n'est pas le
cas dans les villages où règnent la mésentente et
où il a été constaté par conséquent une
faible participation des communautés aux travaux de construction des
Infrastructures Socio-Collectives.
L'auteur de cette étude fort intéressante
témoigne à ce propos : « ...Cependant,
dans d'autres cas, la participation des villageois qui ne se sentent pas
concernés est très difficile à obtenir comme par exemple
la réfection des bâtiments scolaires à l'EPP Centrale
Sondè. C'est une école pour tout le canton de Kouméa, mais
seuls les habitants du village de Sondè où elle est construite se
sentant concernés ont participé. (...)
Dans le canton, il existe des conflits latents entre les
différents villages comme par exemples Sondè-Karè ou
Sondè- Sèdina qui sont de vieux conflits, mais que les
générations actuelles ravivent. Ceux-ci sont source de
mésentente entre les populations et ne favorisent pas une bonne
participation des bénéficiaires. » (Katagna,
2006 : 84)
Un autre exemple pertinent a été rapporté
par les chercheurs du Centre International des Civilisation Bantou
(CICIBA) : « Dans un projet de construction d'un pont entre
deux villages, on a constaté l'obstruction du village non enclavé
par lequel il fallait désenclaver l'autre ; l'obstruction venait du
fait que la population du village à désenclaver était
issue de relation ancienne d'esclavage avec le premier village où se
trouvait le chef des terres. » (1989 : 45)
Comme on peut le constater, les conflits séculaires de
tous les ordres qui font partie de l'héritage culturel des
communautés humaines et transmis à ce titre de
génération en génération, peuvent dans une certaine
mesure constituer des facteurs d'entrave à la réussite des
actions de développement.
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