1.5-
REVUE CRITIQUE DE LITTERATURE
Pour
mieux cerner la question que nous nous sommes fixé dans le cadre de ce
travail et pour pouvoir y répondre valablement et également
atteindre les objectifs de départ, nous nous sommes attelés
à établir un cadre théorique documenté des concepts
et éléments clefs de notre thème de travail. A ce sujet,
nous avons recherché ce que disent les spécialistes et
théoriciens du développement. Ces données secondaires
occupent une place de choix dans la démarche du chercheur pour expliquer
le phénomène qu'il soumet à l'épreuve scientifique.
1.5.1 - Problématique de la participation des
populations rurales aux processus de développement
Les populations des pays en développement vivent de
sérieux problèmes socioéconomiques. De nombreuses
communautés urbaines ou rurales n'ont pas accès aux services
sociaux de base comme l'alimentation, l'éducation, l'assainissement,
l'eau potable, les soins de santé, etc. Les petits projets de
développement, en très grande partie financés par des
agences de développement publiques, des ONG étrangères ou
des institutions internationales, ont pour but de permettre à ces
communautés de faire face à ces grandes préoccupations.
Les expériences des années 70-80 dans le
développement ont abouti à des résultats très
faibles selon les avis mitigés des acteurs. Ces projets conçus et
exécutés par des experts excluaient toute implication locale.
Blanchet (2001 : 697) affirme que « La participation des
populations, un indicateur incontournable, est à la base de
l'évolution du travail social dans les pays du Sud. »
Pourtant, bien des projets entrepris selon cette approche ont aussi
échoué. En cas d'échec et selon les causes, les effets
peuvent être très négatifs. Des communautés peuvent
manifester une certaine méfiance par rapport à d'autres
interventions futures ; un échec de projet peut être
même source de conflits internes. Ainsi toute action de
développement se conçoit sur une base participative et ne doit
pas être un facteur d'aggravation de la situation-problème.
Lors de la conférence internationale sur la
participation populaire dans le processus de redressement et du
développement en Afrique, tenue en Tanzanie, son excellence Javier
Pérez de Cuellar, l'ex-secrétaire général de l'ONU
(Février 1990 : 6) précise que « l'exigence
populaire devient en soi une nouvelle motivation pour que d'autres, dans les
pays voisins, voire éloignés expriment leur désir de
participer au gouvernement et à la gestion du développement
économique et social ». Ici, son Excellence Javier
Pérez de Cuellar montre que le développement participatif
constitue une nécessité dans toute société et
communauté.
Dans un rapport publié par le PNUD (Septembre
1994 : 7), l'accent est mis sur la nécessité de
« laisser toute la latitude aux populations pour s'impliquer
activement dans le processus de développement, de la formulation des
politiques et stratégies jusqu'à la mise en place des programmes,
leur financement et leur exécution. L'Etat devient ainsi le
collaborateur des populations, prêt à prendre en
considération leurs préoccupations, leurs aspirations et leurs
visions du bien - être ».
Dans ce rapport on déduit que la réussite d'un
projet de développement dépend d'une meilleure concordance entre
l'orientation de ce projet tel que définit par le gouvernement et la
satisfaction des besoins et des aspirations des populations.
Dupe, G. (1991 : 25) relate que
les « savoirs des paysans n'ont pas été
considérés dans la plupart des projets de
développement ». L'auteur atteste que la
participation des populations rurales lors de la prise de décision en
matière de planification des actions de développement n'est pas
souvent prise en compte.
A cet effet, il est donc fallacieux d'imputer la
responsabilité des échecs des opérations de
développement à la ``mentalité paysanne''. Ainsi,
il définit le rôle du chercheur comme celui consistant à
identifier la capacité des sociétés rurales à
s'adapter à de nouvelles contraintes et à les intégrer au
système de développement.
Abordant la question dans le même sens Ela, J-M. (1990)
montre que les paysans ne peuvent être simplement des
``assimilés'' ou des ``exécutants'' des
programmes qu'on leur impose. Il faut qu'ils participent au choix des
décisions les concernant en vue d'améliorer leurs propres
conditions d'existence. On doit permettre aux sociétés rurales
d'accéder à une autonomie d'adultes qui prennent en main
l'élaboration de leur propre avenir.
De plus Meister, A. (1997) a souligné les obstacles
susceptibles de freiner la réussite des projets de développement.
Il soutient que la négligence de la dimension humaine par les
décideurs et les promoteurs des projets serait à la base de la
non viabilité des projets. Selon l'auteur, il est indispensable que les
problèmes relatifs à un projet soient examinés par, pour
et avec la population bénéficiaire. On doit aussi inciter les
communautés à prendre part à des activités qui
concourent de près ou de loin à leur épanouissement.
L'échec est probable si la population ne se sent pas
concernée.
Quand à Giri, J. (1986), un projet échoue parce
que le modèle proposé par le projet était inacceptable en
lui-même, soit ce modèle était inacceptable dans le cadre
de la politique des gouvernements. Enfin pour Giri, J., les projets
échouent lorsqu'ils n'obéissent pas à une logique
économique des concernés.
Kouassigan, S. (1990) de son côté pense que pour
satisfaire les besoins essentiels de la société en
général et en particulier les couches sociales les plus
défavorisées de la population et pour parvenir à
l'autosuffisance ; les masses doivent être associées à
la prise de décision, à la planification et à la
définition de leurs propres besoins en matière de
développement tout en évaluant leurs capacités
économico-financières.
Lappe, M. et Collins, J. (1977) attestent que le vrai
développement passe par la mobilisation des bénéficiaires
eux-mêmes. Ceux sont les seuls capables d'identifier tous les obstacles
sur leur chemin et les seuls capables de les surmonter. D'après ces
auteurs, il s'avère indispensable de mettre en oeuvre un processus
collectif de prise en charge des problèmes et la mise en valeur des
connaissances et ressources locales. Cela nous permet donc de cerner
l'intérêt du diagnostic participatif dans la mise en oeuvre d'un
projet de développement.
Par ailleurs Diakité, S. (1970) pense que pour qu'elle
soit acceptable et acceptée, la logique technologique et
``Développementaliste'' doit savoir être à
l'écoute des gens à développer car la logique interne
des sociétés, leur système de valeur, leur degré de
perfectionnement technique et d'adaptation à des milieux
naturels,...etc., ne sont pas toujours pris en compte. C'est alors que
l'introduction d'une innovation dans ces sociétés se
révèle comme une violence, un viol, un vol et une usurpation de
mission. Forcément il doit y avoir des malentendus, conflits,
résistances et finalement rupture. C'est pourquoi l'auteur interpelle
les initiateurs de projets de développement à songer en
priorité aux sociétés à développer et non
à leur logique à eux décideurs.
Pour éviter tous ces dysfonctionnements
constatés, les auteurs exhortent tous les agents de développement
à associer les populations à tous les projets dans toutes les
différentes phases de la réalisation.
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