De la psychanalyse du sujet connaissant à l'objectivité scientifique dans l'épistémologie Bachelardienne( Télécharger le fichier original )par Merleau NSIMBA NGOMA Université chrétienne Cardinal Malula RDC - Licence en philosophie et lettres 2009 |
I.3. De l'immobilisme classique au nouvel esprit scientifiqueNous venons de montrer que les philosophies traditionnelles d'esprit d'une conscience et de l'identité de l'esprit se miroitent dans les évidences, dans l'évidence et la tranquillité du « je pense » cartésien, dans l'évidence des catégories de l'entendement kantiennes60(*)...qui se fixent comme lumières uniques, sans espèces, sans variétés. Leur plus grand inconvénient est justement, constate Bachelard, de s'endormir sur des apparents succès sans se donner la moindre peine « de modifier l'esprit et d'aller à la recherche des connaissances nouvelles »61(*). Mais la philosophie du nouvel esprit scientifique est véritablement et principalement une philosophie du non, une philosophie de remise en question, et en cause, une philosophie nouménale d'esprit critique. Ainsi, on sent que chez Bachelard la connaissance scientifique ne reçoit pas immédiatement l'objectivité, elle est plutôt conquise peu à peu par rectifications successives des erreurs. Cela le conduit à repérer trois périodes dans l'histoire de la science lesquelles périodes décrivent le trajet allant de la perception visuel à l'abstraction complète et pure. Ces périodes sont l'état préscientifique, l'état scientifique et l'ère du nouvel esprit scientifique. I.3.1. La période préscientifiqueElle est le premier âge de l'esprit humain. Aussi, « la première période représentant l'état préscientifique...Elle comprendrait à la fois l'antiquité classique et les siècles de renaissance et d'efforts nouveaux avec le XVIème, le XVIIème et même le XVIIIème siècles »62(*). A cette étape, Bachelard, fait correspondre état concret « où l'esprit s'amuse des premières images du phénomènes et s'appuie sur une littérature philosophique glorifiant la Nature, chantant curieusement à la fois l'unité du monde et sa riche diversité »63(*). Toute chasse gardée, nous soulignons, avec Bachelard, que le propre de l'esprit de cette époque est « d'user d'images comme de principes explicatifs de tout phénomène »64(*). Or l'image est issue des données immédiates de l'expérience de l'expérience sensible. Pendant cette période, vivant l'empirisme pure, l'esprit ne cherche pas à détruire une image familière, de laquelle il tire son explication définitive, mais il l'enrichit même en substituant presque l'image choisie à la place du phénomène préalablement étudié. Alors que bon nombre de grands esprits furent séduits et bloqués dans l'imagerie, première, l'état préscientifique aurait encore d'autres caractéristiques c'est celle d'attribuer à des êtres inanimés des propriétés propres aux vivants. Et Bachelard d'ajouter : « l'esprit préscientifique prête à la vie un caractère universel. A la fin du XXIIIème siècle, on attribue encore des maladies aux métaux... ». La « rouillé, par exemple, est considérée comme une imperfection ou une maladie... Le mythe de la fécondité de mines et des carrières ne disparaîtra qu'au XVX ème siècle... L'esprit préscientifique attribuant au courant électrique toutes sortes de fausses qualités, notamment un goût. On prêtait en effet à cette matière subtile le pouvoir de s'imprégner des substances qu'elle traversait. En rapprochant deux électrodes sur le bout de la langue, on était donc en mesure de goûter le courant électrique modifié par son passage des diverses matières »65(*). C'est une période, dit Bachelard, des balbutiements de la pensée scientifique que, « nous pouvons traiter comme des curiosités amusantes,... La science de notre époque étant heureusement préservée de tels égarements, où des images ou des valeurs inconscientes résistent à la première nationalisât »66(*). Elle est enfin, la période de la « somnolence du savoir, « animée par la curiosité naïve, frappée d'étonnements devant le moindre phénomène instrumenté, jouant à la physique pour se distraire, pour avoir un prétexte à une attitude sérieuse, accueillant les occasions du collectionneur, passive jusque dans le bonheur de penser »67(*). Alors que cette dernière empêche l'esprit sa remise en question permanente de sorte que des vestiges de croyances anciennes peuvent subsister dans un esprit déjà en marche vers l'abstraction. Aux dires de Bachelard, « A toute époque, chaque individu doit effectuer le chemin vers l'abstraction s'il veut accéder à la science, ... Or, nul étant à l'abri des préjugés issus de l'expérience première, chacun va devoir spirituellement rajeunir pour accéder à la science. Sur ce, il devra donc procéder à une véritable psychanalyse de l'esprit afin d'accéder à la connaissance scientifique »68(*). * 60 Nous épargnons nos lecteurs de tous ces détails pour cet instant parce que nous voudrions les examiner un peu plus en détail au troisième chapitre de notre travail. Qu'il nous soit donc permis pour le moment de les évoquer en groupe. * 61 G. BACHELARD, La philosophie du non, p.9. * 62 Idem, la formation de l'esprit scientifique, p.17. * 63 Ibid, p.8. * 64 G. BACHELARD, la formation de l'esprit scientifique, p.8. * 65 Ibid, p.13. * 66 Ibid., p. 93. * 67 Ibid., p. 95. * 68 G. BACHELARD, la formation de l'esprit scientifique, p. 9. |
|