De la psychanalyse du sujet connaissant à l'objectivité scientifique dans l'épistémologie Bachelardienne( Télécharger le fichier original )par Merleau NSIMBA NGOMA Université chrétienne Cardinal Malula RDC - Licence en philosophie et lettres 2009 |
II.1.6. Le réalismeBachelard nous présente un autre obstacle épistémologique, c'est celui qui résulte de du sentiment de l'avoir : `'Le réalisme'' autrement appelé `'l'obstacle réaliste''. Les réalistes se disent détenteurs de la réalité absolue. C'est le cas entre autre de Platon avec sa doctrine d'après laquelle « les idées sont plus réelles que les êtres individuels et sensibles »129(*) Ces derniers ne sont que des images et les reflets. Pour Bachelard, « il n'y a ni réalisme ni rationalisme absolus selon la philosophie scientifique et il ne faut donc pas faire partir d'une attitude philosophique générale pour Comprendre et juger la pensée scientifique »130(*). La philosophie scientifique ne doit pas avoir confiance en un réalisme qui se dit absolu. Elle recommande d'éviter d'avoir une opinion sur des questions qu'il ne maîtrise pas. Comment, par exemple, prouver que les idées sont les vraies réalités ? Sans pourtant passer à la vérification on croit posséder la vraie réalité. Il règne une certaine naïveté et une avarice chez les réalistes. Bachelard écrit à propos : « Dans sa forme naïve, dans sa forme affective, la certitude du réaliste procède d'une joie avare »131(*) Pour préciser notre thèse, disons donc sur un ton polémique : « (...), tous les réalistes sont des avares. Réciproquement, et cette-ci, sans réserve, tous les avares tous réalistes »132(*). Ils ne veulent pas passer à la vérification par peur de ce qu'ils possèdent : « à suivre ces rectifications, écrit Bachelard, on se convainc par exemple qu'un réalisme qui a rencontré le doute scientifique ne peut plus être de même espèce que le réalisme immédiat »133(*). Il est bien question du complexe d'harpagon qui attire souvent une grande attention sur ce qu'on possède déjà. En définitive, « l'axiome fondamental du réalisme non prouvé : rien ne se perd, rien ne se crée, est un dire d'avare »134(*). Le réalisme constitue un grand obstacle à l'esprit qui veut se plonger dans une recherche scientifique authentique. Le chercheur doit donc être prudent : il doit faire tout un jugement sans idées préconçues. II.1.7. L'obstacle animisteLa véritable question révélatrice de l'obstacle animiste porte sur un processus qui attribue à des objets, inertes pourtant, des propriétés des organismes vivants. Cet obstacle stipule que tout ce qui existe possède une âme ou une force qui explique le mouvement et l'existence. Il repose sur le présupposé que « tout ce qui a été élaboré par la vie porte sa marque initiale comme une valeur indiscutable»135(*). Ainsi la nature, dans toutes ses formes et tous ces phénomènes, est toujours impliquée dans une théorie de la vie et de la croissance. C'est dans ce sens que Marcuse propose une nouvelle rationalité technique : celle qui consiste à considérer la nature comme un objet mais, comme un partenaire avec qui il faut vivre une certaine relation fraternelle, car la nature peut pas être animée au même diapason que l'homme. Pour Bachelard, « l'homme est l'unique être qui est habité par l'âme. Ainsi, l'animisme constitue un obstacle à la connaissance par le fait même qu'il impose le modèle du corps humain aux diverses sciences, dont les sciences physiques »136(*). Le XVIIIème est pour Bachelard le siècle le plus éloquent. En appliquant le concept de `'maladie'' en tant qu'entité clair et absolu, aux objets du monde matériel, le XVIIIème siècle est arrivé, par exemple, la rouille comme la maladie du fer : « la rouille est une maladie à laquelle le fer est sujet... L'aimant perd sa vertu magnétique lorsqu'il est rogné par la rouille. On en voit qu'il reprenne une partie de ses forces, lorsqu'on en a enlevé la surface attaquée par cette maladie »137(*). Pour Gaston Bachelard, on trouve quantité d'exemples et d'images qui présentent la terre comme un organisme vivant. On parle des entrailles de la terre, des veines des minerais, du coeur de magna, de la fécondité de mines... « Toutes les majorations, augmentations et exagérations d'explications des phénomènes du système biologique du système planétaire, on conduit le XVIIIème siècle à un autre obstacle, c'est celui du `' mythe de la digestion »138(*). La terre, qui reçoit certaines colorations, peut, à la manière de tout organisme vivant, être fonctionnelle. « La terre (a) comme ses entrailles et ses viscères, ses philtres, ses colatures. Je dirais même quasi comme son foie, sa rate, ses poumons, et les autres parties destinées à la préparation des sèves alimentaires. Elle a aussi ses os comme une armature très régulièrement formée »139(*). * 129 A. LALANDE, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, 9e édition, Paris, P.U.F., 1962, p.89. * 130 G. BACHELARD, Le nouvel esprit scientifique, p.6. * 131 Ibid., p.9. * 132Idem, Epistémologie, p.167. * 133 Idem., Le nouvel esprit scientifique, p.6 * 134 Idem, Epistémologie, p.167. * 135 Epistémologie, p.167. * 136 Idem, La formation de l'esprit scientifique, p.154 * 137 G. BACHELARD, la formation de l'esprit scientifique, p.156. * 138 Ibid, 159 * 139 Ibid., p.177. |
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