1.2. Développement de l'AUP et pression
foncière croissante engendrent des problèmes de fertilité
des sols
1.2.1. Question de la fertilité des sols dans les
filières maraîchères
Kouvonou et al (1999) et N'Dienor (2004) signalent
que l'utilisation des engrais, organiques et minéraux, et la gestion
intégrée de la fertilité des sols sont les principaux
déterminants de la rentabilité du maraîchage. En effet, le
maraîchage est un système de culture intensif exigeant en
éléments nutritifs, il nécessite un apport en engrais
régulier. A Lomé au Togo par exemple, un apport de 15 à 40
t.ha-1 de fumier et 250 à 300 kg.ha-1 d'engrais
NPK est préconisé selon le type de sol et de culture, mais en
réalité, la dose paysanne est moindre. Le fumier n'est pas
toujours disponible et contraint les maraîchers à
se fournir dans les environs de la ville, le prix étant alors deux fois
supérieur à celui pratiqué au Mali (Kouvonou et
al 1999). Les interactions entre l'horticulture et l'élevage sont
souvent mises en avant dans les systèmes d'exploitation. Mais si la
complémentarité culture-élevage en agriculture rurale
permet de nourrir les animaux et génère des transferts de
fertilité à la parcelle, elle est plus difficile à
établir en AUP. Dans les villes des PED, on privilégie
l'élevage de volailles ou de petits ruminants.
N'Diénor (2006) souligne les problèmes
liés à l'alimentation du bétail, ainsi, le besoin en
surface fourragère expliquerait en partie la faible implantation de
l'élevage bovin. Souvent de petite taille, l'élevage fournit peu
de matière organique et la disponibilité des intrants
s'avère être le principal facteur limitant les performances de
l'horticulture et de l'élevage en zone périurbaine (Fall et
al., 2000). Le manque de matière organique étant
fréquent en zone urbaine, les maraîchers sont confrontés
à des problèmes de disponibilité (quantité,
régularité) et de coût (transport) (Moustier et
al., 2004).
La gestion de la fertilité des sols et de la
fertilisation des cultures, la maîtrise de l'approvisionnement en
intrants constituent donc l'un des facteurs clés de l'intensification
des cultures maraîchères en milieu urbain et périurbain
pour parvenir à une augmentation de la production.
1.2.2. Effet de la pression foncière sur la
qualité des sols
Pour que l'agriculture urbaine et périurbaine continue
d'assurer l'approvisionnement alimentaire des villes dont la demande est
croissante, N'Diénor (2006) rappelle deux voies possibles pour
l'augmentation de la production agricole, les deux alternatives
requérant une disponibilité en matières fertilisantes :
1. l'intensification de la production par unité de
surface
2. l'extension des surfaces cultivables.
D'une part, l'extension en surface des terres agricoles se
heurte à la croissance de la ville. La pression de l'urbanisation est
telle qu'elle génère une forte concurrence quant à
l'utilisation de l'espace. La terre devient un enjeu monétaire et les
politiques foncières menées par les autorités favorisent
le retrait des usages agricoles de l'urbain et du périurbain au
bénéfice de la construction (Moustier et Fall, 2004). Ainsi,
l'espace agricole se réduit considérablement au sein des villes
des PED et contraint les agriculteurs urbains à s'approprier de nouveaux
espaces. Les meilleures terres étant souvent déjà
conquises, l'extension de l'espace agricole se fait généralement
sur des terres marginales. D'autre part, la pression foncière
mène à une forte réduction des temps de jachère
voire à leur suppression. Ce phénomène, s'il n'est pas
compensé, mine la qualité des sols (Mougeot et
Moustier, 2004 ; Griffon, 2003). Par exemple à Bangui, le temps de
jachère est passé de 8-10 ans à 3-4 ans en une dizaine
d'années, cela risque de poser des problèmes de durabilité
tant d'un point de vue économique qu'écologique (Moustier et
al., 2004).
Ainsi, l'intensification de la production ou la conquête
de nouvelles terres posent de façon aiguë le problème du
maintien ou de l'amélioration de la fertilité des sols agricoles
et particulièrement maraîchers. Pour cela les producteurs doivent
avoir accès à des matières fertilisantes, chimiques et
organiques, à moindre coût. Or, l'intégration
agriculture-élevage est limitée dans les zones urbaines et
périurbaines, limitant les quantités de matières
organiques endogènes. Aussi, dans la majeure partie des PED, il n'existe
pas de systèmes performants d'approvisionnement en intrants chimiques et
de nombreux producteurs se plaignent de la cherté de ces derniers
(Moustier et al., 2004). En conséquence, l'augmentation de la
production, la conquête et l'entretien des sols cultivés passent
nécessairement par la recherche de sources alternatives de
matières fertilisantes. Parmi elles, figurent aussi bien des
déchets urbains que du fumier d'élevages, des terreaux et des
composts divers que les maraîchers urbains ont déjà
exploré (Moustier et al., 2004).
Figure 1.2: Problèmes de fertilité des sols
en AUP et déchets urbains
La proximité de la ville offre donc une
opportunité d'interaction positive avec l'agriculture urbaine et
périurbaine, l'élimination des déchets urbains par leur
utilisation comme intrants agricoles.
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