1.3. Valorisation agricole des déchets urbains :
une solution, une ressource ?
1.3.1. Déchets urbains en augmentation posent des
problèmes de gestion urbaine
L'accroissement de la population urbaine, qui s'opère
notamment dans les PED, entraîne en conséquence une augmentation
des déchets solides et liquides. Des travaux comme ceux de Mougeot et
Moustier (2004) soulignent que, d'ici 2030, la production de déchets et
d'effluents quadruplera dans les villes. La gestion de ces déchets
apparaît alors comme un enjeu majeur pour le développement des
villes des PED, notamment en Afrique. En effet, le nombre croissant d'habitants
et l'extension souvent inorganisée du territoire urbain rendent la
gestion des déchets complexe et onéreuse (Pierrat, 2006).
L'enlèvement des déchets par rapport à la quantité
produite est très insuffisant, il atteignait un taux6 de 10%
à Dar Es-Salaam (2001), 47% à Bamako (2002) et 60% à
Abidjan (1995) cités par (Pierrat, 2006). De plus, le changement des
modes de consommation des urbains entraîne une diversification des
déchets produits qu'il est alors, plus complexe à traiter. Ainsi,
les politiques doivent concevoir l'assainissement des villes de façon
globale, en construisant la « filière déchets » :
collecte, transport, traitement. Ce dernier implique de maximiser la
valorisation des déchets par différents procédés
(recyclage, compostage, lagunage,...), et vise à limiter le traitement
d'élimination des refus à la mise en décharge des
déchets ultimes.
L'articulation de la gestion des déchets à
l'agriculture urbaine et périurbaine concerne les déchets riches
en matières organiques et minéraux. Nous nous intéressons
particulièrement ici, aux déchets solides ménagers, bien
que la gestion des effluents représente un enjeu tout aussi important au
niveau environnemental et au niveau de la santé publique. En 2030, trois
milliards de personnes ne disposeront pas d'équipements
d'évacuation des eaux usées (Mougeot et Moustier, 2004). Alors
que les travaux de Sanio et al.(1998) cités par farinet et
Niang (2004), montrent que l'irrigation des sols par des eaux usées
contenant en poids sec 8 tonnes de matières organiques par are permet
d'économiser les trois quarts des besoins en engrais la première
année, et la totalité des engrais chimiques la troisième
année.
1.3.2. Notion de déchet : une ressource plutôt
qu'une nuisance
Les « rejets », comprenant les déchets de
consistance solide et les effluents liquides, sont des substances ou des
matériaux que leur détenteur ne peut ni valoriser, ni rejeter tel
quel dans le
6 Le taux d'enlèvement des déchets est
la quantité de déchets ramassée par rapport à la
quantité produite
milieu extérieur (Farinet et Niang, 2004). Cependant, ce
qu'un utilisateur considère comme un déchet peut s'avérer
utile pour un autre.
La nature du déchet, sa composition et à plus
forte raison sa fonction ou son utilisation potentielle détermine son
cycle de vie. Il n'existe pas de classification parfaite des déchets,
elle se fait selon l'origine ou la nature du danger qu'ils font courir à
l'homme ou à son environnement. D'après Farinet et Niang (2004),
seuls les ordures ménagères et les déchets verts sont
valorisables en agriculture, après traitement adapté. Dans les
villes des PED, la production d'ordures ménagères est très
variable selon les auteurs, de 0,3 dans les quartiers d'habitats
spontanés à 1,4 dans les quartiers de standing, elle atteint en
moyenne 0,75 kg/habitant/jour. Il existe peu de références sur
leur composition mais les matières fermentescibles en constituent une
part importante : 40 à 50% contre 25% en Europe (Farinet et Niang,
2004). Aussi, la composition des déchets ménagers varient selon
les saisons (déchets de fruits et légumes, cendres issues du
chauffage...), et selon les disparités de l'habitat (modes de
consommation). Finalement, la fraction fermentescible étant importante
(Tableau 1 1), le compostage des déchets ménagers est un
procédé intéressant permettant de réduire les
quantités à évacuer tout en donnant un coproduit plus ou
moins stabilisé pour l'agriculture.
Tableau 1.1: Composition des ordures
ménagères dans différentes villes, (Source : Farinet et
Niang, 2004)
Par ailleurs, les matières organiques fines
(inférieures à 20 mm), les papiers et cartons, la quasi
totalité des déchets agricoles et des petites industries
alimentaires peuvent être recyclés dans l'agriculture.
Déjà, les maraîchers urbains utilisent divers types de
matières organiques dont les ordures ménagères, les
drèches de brasserie, les déchets d'abattoirs, les fumiers
d'élevage et divers composts fabriqués (Moustier et al.,
2004).
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