1.1.4. Caractéristique de l'AUP : la
prédominance des filières maraîchères
L'agriculture urbaine et périurbaine est largement
dominée par les systèmes de production à cycle court. Ceci
s'explique d'une part par la précarité des activités
agricoles en ville liée à la question foncière mais
surtout par la capacité de réponse des acteurs en terme de
production et de commercialisation à la consommation urbaine. Les
secteurs les plus représentés sont en premier lieu le
maraîchage suivi de l'élevage (Moustier et al., 2004).
Les études du Cirad, menées par Moustier et David (1997),
citées par Moustier (2004) dans quatre villes d'Afrique entre 1990 et
1995, révèlent un pourcentage de ménages impliqués
dans la production de légume de 10% à Gaoua (Cameroun) à
50% à Antananarivo. Dans la même période, la part de
l'agriculture située en ville et à sa périphérie
dans l'approvisionnement en légumes-feuilles est de 80% pour
Brazzaville, 100% pour Bangui et 90% pour Bissau et Antananarivo. L'importance
des systèmes maraîchers en milieu urbain et périurbain
s'explique par différents facteurs (Moustier et al., 2004)
(Figure 1.1).
Figure 1.1 : Systèmes maraîchers en milieu
urbain
Ainsi, les cultures maraîchères apparaissent
comme typiques du milieu urbain, en termes de production, de commercialisation
et de consommation. La production maraîchère est en
majorité rencontrée sur des exploitations familiales
composées de petites surfaces : en moyenne 1500 m2 à
Bangui, entre 1000 m2 et 1 ha à Dakar, inférieure
à 700 m2 pour 80% des maraîchers à Brazzaville
(David et Moustier, 1993) ; Mbaye et Moustier, 1999 ; Moustier, 1995;
cités par Moustier et al., 2004). Outre la petite taille des
surfaces cultivées, les systèmes maraîchers produisent
différents types de légumes qui se différencient selon la
longueur de leur cycle, leurs exigences en intrants et le degré de
risque lié à leur production (sensibilité
aux maladies et aux ravageurs) et à leur
commercialisation (délai de stockage et de transport, demande du
marché). Les légumes-feuilles de cycle court (moins d'un mois),
comme l'amarante, le chou chinois et l'oseille locale, sont peu sensibles aux
parasites et demandent peu d'intrants. Une large clientèle les consomme
régulièrement, et assure ainsi une rentrée d'argent quasi
quotidienne au producteur. Les légumes d'origine tempérée
à cycle long (plus de deux mois), comme les tomates, les carottes et les
concombres, présentent des risques à la production et à la
commercialisation, cependant leurs marges par hectare sont les plus
élevées (Moustier et al., 2004).
L'agriculture urbaine et a fortiori les
systèmes maraîchers, malgré des atouts incontestables dans
l'approvisionnement alimentaire, la création de revenus et d'emplois,
rencontrent de nombreuses difficultés dans l'accès aux ressources
conditionnant la production. Comme le résume N'Diénor (2006), ces
problèmes concernent :
- l'eau en terme de quantité et de qualité, il
existe des concurrences fortes entre eau d'irrigation et eau de consommation
;
- la pression foncière qui entraîne une
rareté des terres, des problèmes de qualités des sols
combinés à l'insécurité ;
- l'accès aux intrants qu'ils soient chimiques ou
organiques, lié à la cherté des engrais chimiques
importés et la faible disponibilité des matières
organiques dans et autour des exploitations. Ces problèmes
d'accès aux ressources sont souvent exacerbés par la non prise en
compte de l'AUP dans les politiques publiques et de son utilité en tant
qu'outil de développement durable de la ville. Pourtant l'adoption d'une
réglementation et la planification urbaine sont nécessaires pour
un meilleur développement de cette dernière. En effet,
l'intégration de l'AUP dans les plans d'urbanisme permettrait de
préserver les terres agricoles qui sont grignotées pour la
construction et de rééquilibrer la valeur marchande entre
terre agricole et terrain bâti. Le foncier fait l'objet
de fortes concurrences, dans un contexte oül'urbanisation et le
développement de l'AUP sont conjoints. L'espace se réduisant,
l'accès à des sols de qualité est de plus en plus
difficile.
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