LISTE DES TABLEAUX
PARTIE 1 :
Tableau 1.1: Composition des ordures
ménagères dans différentes villes 17
Tableau 1.2 : Constante de décomposition de
l'humus et apports organiques aux sols
tropicaux 30
Tableau 1.3 : Caractéristiques des principaux
groupes microbiens 40
Tableau 1.4 : Interaction entre le pédoclimat et
l'évolution de la matière organique 42
PARTIE 2 :
Tableau 2.1: Récapitulatif du dispositif
d'enquêtes 50
Tableau 2.2. : Récapitulatif des
caractéristiques constitutives des 10 exploitations 53
Tableau 2.3. Récapitulatif des types
d'activités dans le Fokontany Ambohidrazaka, 54
Tableau 2.4. Surfaces moyennes cultivées en riz et
en production maraîchère 58
Tableau 2.5.: Fonctions attribuées des
différentes matières organiques 60
Tableau 2.6 Règle d'attribution aux cultures
61
Tableau 2.7 Dose apportée en
pépinière 64
Tableau 2.8 : Conduite de fertilisation pendant la saison
sèche 67
Tableau 2.9 : Conduite de fertilisation pendant la saison
humide 69
Tableau 2.10: Matières fertilisantes organiques
étudiées 74
Tableau 2.11: Teneurs en Carbone et Azote totaux des
matières organiques étudiées 75
Tableau 2.12 : Potentiel d'entretien de la
fertilité à long terme des matières fertilisantes
82
Tableau 2.13 : Potentiel fertilisant par la fourniture
d'azote à court terme 82
Tableau 2.14 : Caractéristiques physico-chimiques
du sol utilisé pour les incubations. 92
Tableau 2.15. Caractéristiques chimiques des
résidus organiques 93
Tableau 2.16: Biomasse microbienne des sols
incubés avec Fumier, terreau et Coompost... 104
PARTIE 3:
Tableau 3.1. Quantité de matière organique
apportée par an (kg.ha-1 de masse sèche)
117
INTRODUCTION GENERALE
INTRODUCTION GENERALE
D'ici 2030, la population mondiale augmentera de trois
milliards d'individus, dont 95% dans le pays en développement. En
Afrique, 40% de population vivant en ville en 2000 augmentera de 50 à
60% en 2020 (Mougeot et Moustier, 2004b). A Madagascar, l'augmentation
prévue est de 30 millions en 2023 dont 40% vivront en ville pour 25%
aujourd'hui (ADURAA, 2007). Cette croissance démographique pose de
nombreux défis, la production de nourriture devra doubler, et celle des
déchets sera quadruplée dans les villes (Mougeot et Moustier,
2004b). Le dédoublement de la demande de produits alimentaire qu'exige
la croissance démographique de la planète dans les trente
prochaines années, pourra-t il être assuré par l'actuel
modèle de production agricole? En Afrique de l'Ouest et du Centre en
particulier, les villes, petites et moyennes, se multiplient. L'influence des
marchés urbains sur les productions rurales s'accentue, les populations
sont de plus en plus mobiles et les régimes alimentaires se modifient.
De plus en plus de citadins acquièrent un patrimoine foncier rural. Les
villes se ruralisent tandis que les campagnes s'urbanisent (Chaléard et
Dubresson, 1999). Alors que l'Etat se désengage de l'économie, la
pauvreté urbaine s'accroît même si le pouvoir
économique des femmes augmente, à la faveur notamment du
développement du secteur informel (Coussy et Vallin, 1996). Divers
facteurs poussent les productions agricoles urbaines à accroître
leur part dans l'approvisionnement alimentaire de cette région.
Depuis une dizaine d'années, l'agriculture urbaine est
reconnue comme un enjeu majeur en termes d'approvisionnement des villes,
d'emploi et de gestion de l'environnement urbain (Undp, 1996). Cependant, les
outils de diagnostic des problèmes de cette agriculture et les moyens
d'intervention pour son développement durable font défaut aux
chercheurs, décideurs et agents du développement,
traditionnellement tournés vers les zones rurales, et aux
spécialistes de la gestion urbaine, peu familiers du monde agricole.
En effet, l'agriculture urbaine a des
spécificités par rapport à l'agriculture rurale (Moustier
et Mbaye, 1999 ; Mougeot, 2000). Elle présente de nouvelles fonctions,
marchandes et non marchandes (coupures vertes, emploi de marginaux urbains,
etc.), opportunités d'emploi et de capitaux plus variés qu'en
milieu rural; complexité du droit foncier; sophistication voire
artificialisation de certaines pratiques culturales. Les risques par rapport
à l'environnement et au marché sont nombreux.
Il est donc nécessaire d'articuler différentes
disciplines pour caractériser l'agriculture urbaine et lui permettre de
mieux répondre aux défis de la société et de
l'environnement urbains. Certaines de ces disciplines prennent plus
particulièrement en compte les spécificités du milieu
urbain : c'est le cas de la géographie, de la sociologie, de la
planification urbaine et des sciences du paysage. D'autres éclairent le
fonctionnement des exploitations agricoles dans leur environnement :
l'agronomie, l'économie ainsi que les sciences de l'environnement.
A Antananarivo, capitale de Madagascar, l'agriculture urbaine
est très présente dans l'espace (43% des 437 km2 de
l'agglomération) et occupe 15 à 18% de la population de la
CUA1 si 22 à 75% dans les communes
périphériques. Cependant, l'agriculture urbaine et
périurbaine (AUP) est mal connue (nombre d'exploitations, surfaces
cultivées, systèmes de productions) et peu encadrée
techniquement. (ADURAA, 2007)
Durant la crise malgache en 2002, le CIRAD2 avec
ses partenaires, l'Université d'Antananarivo, l'Ecole Supérieure
des Sciences Agronomiques, le centre de recherche agronomique
FOFIFA3, et l'INRA4 (Paris) ont mené le programme
ADURAA « Analyse de la durabilité de l'agriculture dans
l'agglomération d'Antananarivo. Multifonctionnalités de
l'agriculture dans l'agglomération d'Antananarivo » financé
par le programme CORUS.
Pour répondre aux questions sur la durabilité de
cette agriculture « urbaine » et les fonctions qu'elle remplit pour
la ville ; les thèmes de recherche ont été
organisées autour de la connaissance de la diversité des
exploitations, de la fonction alimentaire et de la place de cette agriculture
dans les projets urbains, du rôle de l'eau, la maitrise de sa
qualité, de sa quantité et les méfaits récurrents
de sa pollution, d'une fonction émergente, celle de la valorisation des
déchets urbains.
Dans le cadre du programme ADURAA, près de 250
enquêtes réparties dans 9 sites dans et autour de la ville ont
été effectuées et ont permis de catégoriser dans
une typologie, les systèmes d'activité et de production agricole.
Trois grands systèmes d'activités sont identifiés
où l'importance des activités para-agricoles (vente directe,
briqueterie) et extérieures (notamment salariat en ville) est
montrée; en outre la typologie distingue 38 combinaisons de
systèmes d'activités et de systèmes de production. Ces
derniers ont pour points communs une base rizicole et/ou
maraîchère et la fréquente présence de petits
élevages. Leur diversité est liée essentiellement à
deux facteurs : l'accès à l'eau en quantité et
qualité ; et l'accessibilité de la ville. Plusieurs de ces
systèmes sont économiquement viables du fait de la combinaison
d'activités mais de nombreux problèmes se posent, dont ceux
liés au statut précaire du foncier et à la
productivité limitée (Aubry, 2006 ; N'Dienor, 2004 ; N'Dienor,
2006). L'intervention de l'ADURAA dans l'AUP a permis également de
comprendre l'organisation et d'évaluer la performance des
filières de proximité contribuant à l'approvisionnement de
la capitale et à la consommation des Antananariviens. La
spécificité urbaine marque tout autant les filières
agro-alimentaires que les agricultures. Bien que le riz du Lac Alaotra et les
importations sont essentiels pour l'approvisionnement des populations, le riz
urbain contribue néanmoins de façon conséquente à
l'approvisionnement de la capitale. Il peut être très
compétitif par rapport aux autres sources d'approvisionnement (Dabat
et al., 2004).
1 Commune urbaine d'Antananarico
2 Centre de coopération internationale en
recherche agronomique pour le développement
3 Foibe Fikarohana Fambolena (centre de recherche
agronomique)
4 Institut National de Recherche Agronomique
Concernant les produits maraîchers, on note une
dynamique de spécialisation ou de la diversification selon les cas ainsi
qu'une évolution vers la complémentarité des sites
(communes) et des zones (urbaine, péri-urbaine, rurale) de production,
pour satisfaire une demande de plus en plus exigeante (quantité,
diversité, saisonnalité, qualité ...).
L'analyse de l'impact de la distance à la ville sur la
performance économique des filières (riz, tomate, cresson) met en
évidence l'existence d'une zone de production intermédiaire
favorable au maintien de l'agriculture urbaine. Cette localisation «
optimale », par rapport à l'intra muros et au milieu rural, est un
bon compromis entre minimisation du coût d'acheminement des produits et
de l'effet de la concurrence des autres activités urbaines sur le prix
des facteurs de production (foncier, main d'oeuvre ... ), une incitation de la
demande urbaine de proximité et une garantie de bonnes conditions de
production (sanitaires, fraîcheur) (Andriamalala, 2002) .
Dans les Hautes Terres malgaches, les ferralsols des collines
(« tanety » en malgache) constituent une ressource
importante de terres agricoles à cultiver. Les sols en bas de pentes
sont aménagés en terrasse et cultivés en manioc,
maïs, riz pluvial et légumes. Le reste de ces terres sont
généralement couvertes d'une végétation steppique,
appelé localement « bozaka », servant de
pâturage et parfois de zones d'afforestation pour la fourniture de
bois-énergie.
Confronté à la demande urbaine en augmentation,
au manque d'infrastructures de transport et à la faible
productivité de l'agriculture dans les zones rurales, l'agriculture
périurbaine s'étend de plus en plus sur les terres de «
tanety ». Les ferralsols de « tanety »,
fortement désaturés présentent une faible
potentialité de production primaire au regard de leurs
propriétés chimiques (Rabeharisoa, 2004). Ces sols de couleur
rouge, dont la matrice argileuse est dominée par la kaolinite,
présentent des teneurs élevées en sesquioxydes de fer et
d'aluminium (Segalen, 1995, Sanchez et al., 1997). Ces
caractéristiques leurs confèrent un pouvoir de fixation
élevé vis-à-vis du phosphore qui devient non accessible
aux plantes. Ainsi, ces sols, bien que généralement très
pourvus en phosphore total, présentent des teneurs en phosphore
assimilable très faibles (teneurs inférieures à 10 mg P
kg-1 par l'extraction Olsen) (Rabeharisoa, 2004).
Pour les paysans, la valorisation de ses sols de «
tanety » nécessite de lourds et coûteux efforts pour
construire au fil des ans une fertilité chimique acceptable, par
l'association du maraîchage à l'élevage laitier, producteur
de fumier, et le recours massif aux engrais chimiques.(N'Dienor, 2006). Dans ce
contexte, il est important de considérer le statut organique du sol. Les
matières organiques confèrent au sol des propriétés
chimiques et physiques qui définissent son niveau de fertilité.
Elles ont un rôle prépondérant également dans le
cycle du carbone, et par conséquent jouent un rôle majeur dans les
émissions de gaz à effet de serre impliquées dans les
hypothèses sur le changement climatique. Par ailleurs, face aux
coûts élevés des engrais chimiques, et face aux risques de
pollution du fait de l'utilisation excessive de ces engrais, les
matières organiques sont également une source
d'éléments
fertilisants non négligeables. Les agriculteurs en zone
urbaine ou péri-urbaine sont cependant confrontés à la
disponibilité de ressources organiques pour développer et
augmenter la production agricole.
Parallèlement, les villes offrent des ressources
organiques variées. Par exemple, actuellement, Antananarivo produit
entre 550 et 700 Tonnes de déchets domestiques par jour selon la saison.
D'ici 15 ans, dans l'agglomération d'Antananarivo, 3 millions
d'habitants produiront 2200 tonnes par jour, dont 1340 tonnes de
matières organiques, une matière première pour
l'agriculture (journal Midi Madagascar publié le vendredi 29
décembre 2006) Ainsi, la décharge d'Andralanitra est un
réservoir de matière organique qui est exploité sous forme
de criblé de décharge, appelé terreau mais encore peu
utilisé par les agriculteurs. La valorisation de ce terreau, dont
l'innocuité a été préalablement établie dans
des parcelles maraîchères, a été testée par
expérimentation en conditions paysannes. Ce terreau est un bon substitut
au fumier et surtout aux engrais, et il produit des rendements au moins
équivalents à ceux des pratiques paysannes. (N'Dienor, 2006). Son
intérêt s'accroît avec l'augmentation du prix des
engrais.
En conséquence, l'objectif général de
cette thèse consiste à étudier la qualité et
l'efficacité des apports organiques exogènes utilisés pour
la production agricole.
Les objectifs spécifiques visent à (figure 1):
- observer les pratiques de fertilisation et d'amendements
organiques des agriculteurs en zone urbaine et périurbaine et d'estimer
la notion de qualité des matières organiques qu'ils utilisent. On
cherchera par ailleurs à évaluer les propriétés
analytiques des différentes matières organiques et à
définir une valeur agronomique de divers produits organiques ;
- étudier l'effet de la qualité des
différents produits organiques sur le statut organique des sols et sur
le biofonctionnement des ferralsols ;
- tester les modes d'apport des matières organiques et
notamment l'impact de la localisation de l'apport au niveau du système
sol-plante.
Trois hypothèses ont été proposées
:
Hypothèse 1 : Dans l'agriculture urbaine, il y a une
disponibilité des ressources organiques et une diversité des
qualités organiques.
Hypothèse 2 : La minéralisation du carbone et de
l'azote organique d'un ferralsol amendé avec des matières
organiques est fonction de la qualité de ces matières organiques
mais également de la dose d'apport.
Hypothèse 3 : Les services écosystémiques
des sols de « tanety », la production végétale
et les propriétés des sols, dépendent non seulement des
apports organiques mais également des caractéristiques
analytiques de ces apports.
Ainsi, cette thèse permettra d'avancer des solutions
pour les paysans sur la conduite de fertilisation dans leurs systèmes de
culture, autrement dit, les résultats de notre recherche contribueront
aux recommandations agronomiques en matière de fertilisation dans les
systèmes de culture sur « tanety ».
Ce travail est divisé en quatre parties principales. La
première partie est consacrée à une introduction
générale et à une étude bibliographique qui aborde
les généralités sur l'agriculture urbaine et
périurbaine à Antananarivo, les ferralsols de « Tanety
» aux propriétés particulières, et les
transformations et dynamiques des matières organiques dans ces
ferralsols.
La deuxième partie traite la diversité des
pratiques paysannes d'usages des matières organiques dans les
systèmes de culture en agriculture urbaine. Cette partie est
divisée en trois chapitres : pratiques paysannes de fertilisation et
d'amendement organique des sols cultivés, caractérisation des
matières organiques utilisées ou disponibles à
Antananarivo et dynamique de trois matières organiques, fumier, compost
et terreau dans un ferralsol.
Dans la troisième partie, nous avons
étudié l'effet de l'apport de matières organiques sur les
services écosystèmiques liés à la production
végétale et à la qualité des sols de «
Tanety » mis en culture.
La quatrième partie est consacrée à
conclusion générale
Q U E
S
T I O N
Pratiques traditionnelles des fertilisations et
amendement
Nouvelles pratiques de fertilisation ou
d'amendement organique
Apport organique
Contraintes chimiques des ferralsols
Contraintes biophysiques des ferralsols
Augmentation de la production
Crise alimentaire
Développement Agriculture Urbaine et
Périurbaine
Croissance Urbaine
Valoriser les produits organiques
Accroissement déchets urbains
Valorisation des sols de tanety
Figure 1 : Schéma conceptuel du questionnement
scientifique de la thèse
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