PARTIE 1 :
SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE 1 : UNE AGRICULTURE URBAINE ET PERIURBAINE
FORTEMENT PRESENTE A ANTANANARIVO
1.1. Développement de l'agriculture urbaine et
périurbaine dans les pays en développement: enjeu et contexte
1.1.1. Dynamique de l'agriculture urbaine, un secteur en
expansion dans les pays en développement
Au cours des dix dernières années,
l'intérêt des chercheurs et des décideurs politiques pour
l'agriculture urbaine et périurbaine (AUP) s'est fortement accru
(Moustier et Fall, 2004). On tend à une meilleure reconnaissance de
l'AUP et une meilleure prise en considération dans les plans de
développement des villes. Cette situation s'explique en partie par un
phénomène de croissance urbaine rapide. Les zones urbaines sont
particulièrement concernées. Selon Koc et al (2000) au
XXe siècle, la croissance urbaine a atteint des niveaux sans
précédent dans la plupart des régions du monde. En quatre
décennies seulement, la population urbaine des pays
industrialisés a doublé, passant de 448 millions d'habitants en
1950 à 875 millions en 1990. Pendant la même période, la
population urbaine des PED a plus que quintuplé, passant de 280 millions
d'habitants à 1,6 milliards. Les projections des Nations unies
citées par Griffon (2003) montrent que la population urbaine qui
représente 30% de la population totale aujourd'hui, en
représenterait 55% dans trente ans.
Cette urbanisation croissante nécessite une
augmentation rapide des besoins alimentaires. La production agricole devra
doubler selon Mougeot et Moustier (2004a)voire quintupler dans les cinquante
années à venir selon Griffon (2003). La demande urbaine
apparaît comme un moteur potentiel pour le développement agricole.
« L'appel massif et continûment croissant de la demande alimentaire
doit normalement entraîner la production régulière de
surplus et faire sortir l'agriculture de la production routinière pour
la seule autosuffisance alimentaire familiale » (Griffon, 2003). Aussi
l'offre est stimulée par la demande dans un rayon proche des villes.
Cette influence s'exerce de façon décroissante avec la distance
à la ville, d'autant plus que les coûts de transport sont
élevés (Griffon, 2003).
D'autre part, les études sur l'évolution des
populations mondiales semblent s'accorder pour dire que l'urbanisation et
l'augmentation de la pauvreté en milieu urbain vont de pair. Les
données de la Banque mondiale (1990) illustrent ce propos, alors qu'en
1988, 25% des populations les plus pauvres vivaient en ville, elle estimait
qu'en 2000, cette proportion aurait atteint 50% (Mougeot, 2000). Pour Griffon
(2003), le phénomène est particulièrement vrai en Afrique
où les villes « deviennent des lieux de concentration de
populations à faible pouvoir d'achat ». Ainsi, la moitié des
ménages des plus grandes villes des PED consacrerait 50 à
80% de leurs revenus pour l'achat de nourriture (PCC, 1990),
cité par Mougeot (2000), plaçant la question de la
sécurité alimentaire comme un enjeu majeur pour ces populations.
Selon N'Diénor (2006), la situation précaire dans laquelle vit
une part importante des urbains leur impose de produire sur place, à
proximité des villes. Le renforcement des liens de l'agriculture urbaine
et périurbaine avec la ville permettant de bénéficier du
faible coût d'acheminement des produits et des ressources potentielles
que peuvent constituer les déchets urbains. Mais c'est surtout en
devenant eux-mêmes des producteurs urbains que les populations pauvres
bénéficient d'un accès non commercial aux denrées
alimentaires.
D'ailleurs, Mougeot (1995) rapporte que dans les villes des
PED, de plus en plus de gens essaient de cultiver une partie des aliments dont
ils ont besoin, même en quantité minime. On constate en effet
l'importance du développement de l'AUP. A l'échelle mondiale,
environ 200 millions de citadins sont devenus des agriculteurs urbains et
pourraient passer à 400 millions pendant que l'AUP constitue une source
de nourriture et de revenu pour plus de 700 millions de personnes (Mougeot,
2000). D'après une évaluation à l'horizon 2005 de Smit
(1996), cité par Mougeot (2000), la production alimentaire urbaine
continuerait d'accroître la part qu'elle représente dans la
production alimentaire mondiale, en passant de 15% en 1993 à 25-30% en
2005. Il apparaît nécessaire ici d'éclaircir ce qu'est
l'AUP.
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