2.5. Conclusion
Les pratiques de gestion de la fertilité des sols par
les agriculteurs périurbains de l'agglomération d'Antananarivo
impliquent trois éléments principaux de systèmes de
culture: le travail du sol, l'apport de fertilisant et les rotations
culturales. La présente étude permet d'aboutir à plusieurs
résultats concernant l'utilisation et la gestion des intrants organiques
que les agriculteurs utilisent dans un contexte où les fertilisants
organiques sont un facteur limitant la production agricole.
Les agriculteurs de l'agglomération d'Antananarivo se
tournent préférentiellement vers les déjections animales,
et notamment le fumier de bovin. Mais en raison de l'insuffisance des
quantités disponibles sur leur exploitation, beaucoup ont recours
à l'achat en totalité ou une partie des quantités
nécessaires ou à la collecte de toutes matières
disponibles. Ainsi, les ordures du foyer sont très souvent
valorisées dans l'exploitation familiale, alors que l'utilisation des
déchets urbains est très peu répandue et se concentre
autour de leurs lieux de production et aux zones productrices de cultures
maraichères, et ce malgré l'offre d'une grande diversité
de fertilisants dans l'agglomération. La faible qualité des
produits issus des déchets urbains est due à l'absence de tri et
de réel traitement des matières. Le coût
élevé du transport constitue également un principal
obstacle à l'intégration des déchets dans la
stratégie de fertilisation des sols des agriculteurs.
Le rapprochement de la perception et de la pratique paysanne
d'usage des matières organiques dans l'agriculture urbaine et nos
critères analytiques ont permis de justifier certaines pratiques
paysannes. L'incontournable utilisation de fumier de bovin comme produits
d'amendement du sol est expliquée par le fort pouvoir amendant de cette
matière. L'utilisation du terreau d'Andralanitra par les producteurs
maraichers comme produits de substitution de fumier est expliquée par la
quantité de COT et la stabilité de cette matière. Etant
donné que la tomate est une plante sensible à l'excès
d'azote, cette dernière favorise une mal formation des fruits, c'est
pourquoi les paysans d'Alasora sont fidèle au terreau d'Andralanitra
pour la culture de tomate.
Cependant, certains critères paysans ne concordent pas
aux résultats scientifiques. Comme les critères
d'évaluation des paysans sur les valeurs fertilisantes des
matières organiques qui reposent sur des matières à faible
granulométrie ne sont pas justifiés. Les poudrettes de fumiers
sont utilisées sur les pépinières pour d'autres raisons.
C'est pour la structure du sol, afin qu'ils se mélangent
uniformément avec de la terre mais non pas pour nourrir les jeunes
plants. Les poudrettes de fumiers et les cendres utilisées pour
compléter ou substituer les engrais chimiques, pour fertiliser leurs
sols ont montré une faible mise à disposition d'azote. Les
résultats des ordures incinérées (bien qu'elles n'aient
pas été prélevées chez les paysans elles
s'apparentent à celles qu'ils utilisent) montrent un effet plus faible
que celui du fumier de porc en termes d'entretien de fertilité et en
termes de fourniture d'azote.
Le coût est un autre facteur explicatif du choix des
paysans pour une matière fertilisante. Si l'objectif est de minimiser
les dépenses en intrants au sein de l'exploitation agricole, des
agriculteurs peuvent toutefois faire le choix d'une matière dont le
coût est supérieur à une autre au regard de son
efficacité sur la quantité et la qualité de la production
végétale corrélée au prix de vente de la
production. En ce sens, il est évident que l'atelier de production
animale des exploitations soit le premier fournisseur de matière
fertilisante. Il permet de valoriser les effluents de l'élevage tout en
réduisant le poste de dépenses pour la production
végétale. Dès lors que l'élevage est absent sur les
exploitations, la source d'approvisionnement n'est plus aussi exclusive.
Pourtant, les sources traditionnelles prédominent dans bon nombre des
exploitations où sur 25% des exploitations n'ayant
développé aucun type d'élevage, seul 3% n'utilisent pas de
déjections animales. Le rapport masse/volume des matières
étudiées ici n'ayant pas été évalué
et étant très variable d'une matière à l'autre, il
ne nous est pas possible de comparer les prix de ventes entre les effluents
d'élevage, les matières issues du recyclage des déchets
urbains et les produits commerciaux.
Enfin, il serait nécessaire de comprendre les effets du
mode d'apport au trou ou en planche de la matière organique sur la
dynamique de libération des éléments et la nutrition des
plantes. Une analyse à ce sujet sur l'effet de dose croissante en
incubation et en station expérimentale) permettrait de préconiser
le mode d'apport appropriée aux matières organiques pour
optimiser la fertilisation des sols et des cultures. Si l'apport
localisé permet la couverture d'importantes
surfaces avec peu de fumier, la technique pourrait être
plus largement adoptée par les producteurs dont les ressources en MO
sont limitées ou les producteurs colonisant les « tanety »
peu fertile.
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