1.4. Cas d'Antananarivo : quelle articulation de
l'agriculture urbaine et de la gestion des déchets ?
Antananarivo, capitale de Madagascar, est une ville tropicale
d'altitude (Carte 1.1). Comme de nombreuses capitales africaines, elle
connaît une croissance démographique importante. Les
prévisions à 2030 estiment que la population malgache passera de
17 à 30 millions, dont 40% vivront en ville contre 25% en 2005 (Cities
Alliance, 2004). Comptant aujourd'hui 1,5 millions d'habitants, Antananarivo en
compterait 3 millions en 2030 (Cities Alliance, 2004). Aubry (2006) souligne
que le manque d'infrastructure de transport et la faible productivité de
l'agriculture en zone rurale accentue l'intérêt de l'agriculture
urbaine et périurbaine pour nourrir les citadins. Par ailleurs, la
situation précaire des urbains leur impose de produire sur place
(N'Dienor, 2006). Nous présenterons donc les principales
caractéristiques de l'AUP à Antananarivo et mettrons l'accent sur
les principales contraintes auxquelles elle fait face, pour étudier en
quoi la gestion des déchets de la ville se présente comme une
solution.
1.4.1. Agriculture urbaine et périurbaine à
Antananarivo
Dans le cadre du programme de recherche ADURAA7
(Corus 18), plus de 250 enquêtes ont été
menées dans 6 sites représentant les différentes
situations existantes (distance à la ville, milieux). Comme c'est
souvent le cas en zone urbaine et périurbaine, elles ont
révélé l'implication des ménages dans une multitude
d'activités en liens avec les productions et les ressources de
l'exploitation ou les opportunités extérieures (Aubry et
al., 2005b ; Aubry et Ramamonjisoa., 2007).
7 Analyse de la durabilité de l'agriculture
dans l'agglomération d'Antananarivo (2003-2007). Un projet de recherche
qui rassemble l'INRA SAD, le CIRAD, l'Université d'Antananarivo, le
laboratoire des radio-isotopes associé à l'Ecole
supérieure des sciences agronomiques et le FOFIFA (Centre de recherches
agronomiques appliquées au développement) et en partenariat avec
les municipalités de l'agglomération (Commune urbaine
d'Antananarivo CUA- communes environnantes FIFTAMA).
8 Coopération pour la recherche universitaire
et scientifique (2003-2007)
Malgré leur diversité, les différents
systèmes de production présentent des points communs. Ils sont
caractérisés par une base rizicole, que le riz soit
cultivé de façon irrigué ou pluvial, et une base
maraîchère plus ou moins diversifiée. A cela s'ajoute,
souvent mais selon les zones, de petits élevages (porcs, volailles) et
plus rarement des élevages bovins de petite taille (Aduraa, 2007).
L'étude a également montré que les systèmes de
production et les systèmes d'activités dans lesquels sont
engagés les ménages sont fortement liés à
l'accès à l'eau ainsi qu'à la distance et
l'accessibilité à la ville. Ainsi, plus la ville est proche et/ou
accessible, plus les activités extérieures prennent une place
importante et plus les ménages se concentrent sur des productions
maraîchères à cycle court (légumes-feuilles,
brèdes9, haricots verts) qui demandent peu de temps et d'intrants. A
contrario, plus on s'en éloigne ou l'accès y est difficile,
plus les ménages se consacrent aux activités agricoles en
favorisant un maraîchage plus diversifié et plus intensif (culture
à cycle long : tomate, choux, carotte, poireau, courgette...). La
région des Hautes Terres de Madagascar présente des conditions
pédoclimatiques favorables au développement des cultures
horticoles. Le climat, de type tropical d'altitude, est
caractérisé par l'alternance d'une saison des pluies et d'une
saison sèche, malgré l'irrégularité des pluies
d'une année sur l'autre (quantité, date d'arrivée).
La répartition et la diversité des cultures dans
l'année fluctuent selon la saison mais ceci confère une
complémentarité entre les zones et les périodes de
production. Le riz produit dans et autour de l'agglomération est en
majorité autoconsommé mais participe à l'approvisionnement
du marché d'Antananarivo à hauteur de 15%, régulant ainsi
le marché avant l'arrivée de la production du Lac Alaotra,
principale zone d'approvisionnement (Dabat et al., 2004). Le
maraîchage urbain et périurbain contribue encore plus fortement
à l'approvisionnement alimentaire de la ville. Il fournit 90% des
légumes les plus périssables (légumes-feuilles) et
intervient en complémentarité avec les zones plus
éloignées pour les légumes traditionnels de meilleure
conservation (Aubry et al., 2005). De plus, on note que l'alternance
des saisons, sous conditions d'accès à l'eau, est favorable
à une alternance du riz et de la culture des légumes de
contre-saison sur la parcelle.
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