II.4. REVUE DE LA LITTERATURE
De nombreux auteurs estiment que tout projet de
développement ou de société crée un changement au
sein de l'environnement auquel il s'intègre. L'environnement ici doit
être vu en son sens large qui intègre les dimensions
écologique, sociologique, économique, culturelle, politique et
institutionnelle. La littérature qui suit,va présenter deux
projets exécutés au Cameroun à savoir : Le Projet Pipeline
Tchad-Cameroun et le Projet de Développement Rural du Mont Mbappit.
PROJET PIPELINE TCHAD-CAMEROUN
Plus grand investissement au Sud du Sahara, le projet pipeline
Tchad-Cameroun, visait à construire un pipeline de 1070 Km de 1999
à 2003, pour évacuer le pétrole produit au sud du
Tchad, aux larges de l'océan atlantique à Kribi
au Cameroun. Il fut mis en oeuvre par respectivement COTCO au Cameroun et TOTCO
au Tchad. Dans ce suit nous allons analyser l'impact de ce projet sur le
développement rural et sur l'environnement
- Impacts du projet pipeline Tchad-Cameroun sur la
santé et la culture
Yanez et al. (1997) notent que la
santé des peuples autochtones vivant dans la région
d'exploitation pétrolière est directement liée à la
présence de cette activité. Ils estiment que l'état de
santé de ces derniers est en général mauvais que celui des
non riverains. La pollution de l'eau et de l'air par les métaux lourds
expose les riverains des zones d'exploitation pétrolière aux
maladies telles que l'asthme, les troubles intestinaux, les cancers, les
troubles de vue. Wiwa (1998) a observé des hauts taux de maladies
respiratoires (Asthme, bronchite, tuberculose) maladies de la peau et les
cancers à Ogoni Land plus que dans les autres régions du Nigeria.
Il déclare que même les cultures (plantes) en souffrent. En
Californie du Nord, Schavior (1997) signale que les habitants de Richemond
exposés aux émissions de fumée toxique souffrent plus des
cancers des poumons (33%). Les émigrants du secteur pétrolier
emportent avec eux des maladies qui se transforment en épidémie
(Typhoïde, rougeole, cholera, hépatite, tuberculose). La malaria
augmente d'intensité dans la zone pétrolière à
cause de la stagnation des eaux. Le Comité National de Lutte contre le
Sida (CNLS, 2004) cité par Djeuda (2006) note que la prévalence
du sida est plus élevée le long du corridor du pipeline (19,8%)
que dans les autres régions du Cameroun.
Les projets d'extraction ont fait disparaître certaines
communautés. En Equateur par exemple, la communauté TETETE a
disparu avec le début des opérations d'exploitation
pétrolière dans la ville de Lago Agrio. Au Pérou, les
Nahua furent décimés par les maladies virales telles que la
coqueluche après avoir été en contact avec les
travailleurs des compagnies pétrolières (Yanez et
al., 1997).
- Impacts environnementaux du projet pipeline Tchad
-Cameroun
L'activité pétrolière engendre une
série d'impacts de grande importance qui portent atteinte à la
pérennité des populations humaines habitant la région,
à la biodiversité et à l'environnement en
général.En 2005, Awe a constaté que le projet pipeline
Tchad-Cameroun a détruit en terre camerounaise le couvert
végétal sur une superficie de 2.867,87 hectares dont 1.127,37 Ha
pour la savane boisée ; 954,74 Ha pour la forêt semi
décidue ; 245,22 Ha pour la forêt mixte et 549,66 Ha pour la
forêt du littoral atlantique. En Equateur par exemple, 54.000 Ha
de forêt ont été ouverts durant la phase de
prospection sismique (Yanez et al., 1997). Les photos 1 et 2
montrent la déforestation ; respectivement au Sud du Tchad et à
l'Est du Cameroun.
- Projet et emplois
Le secteur pétrolier offre de façon très
modeste des emplois. Les emplois dans la prospection et la production
pétrolière sont des emplois temporaires et la main d'oeuvre est
souvent expatriée. Carton (2000) note qu'en Argentine, le nombre de
travailleurs de l'entreprise YACIMIENTOS PETROLIFEROS FISCALES est passé
de 50.000 à moins de 6.000 entre 1991 et 1997. Il ajoute qu'au Mexique,
l'entreprise PEMEX a réduit ses effectifs de 280.000 à 133.000 de
1989 à 1997. Les entreprises pétrolières
préfèrent travailler avec les entreprises sous traitantes. Ce qui
réduit leurs coûts de production et augmente leurs marges
bénéficiaires. C'est aussi une stratégie pour
déstructurer toute représentation syndicale dans le secteur
pétrolier. Le projet pipeline Tchad-Cameroun a offert 3.600 emplois
temporaires au Cameroun et au Tchad durant la phase de construction et 550
emplois permanents dans les deux pays pendant la phase d'exploitation (Dames
& Moore, 1999).
En parcourant les auteurs cités dans cette revue de la
littérature, on se rend compte effectivement que tout projet fait
changer une situation initiale. Pour analyser ce changement, il faut comparer
la situation initiale à la situation après projet. Cette
comparaison peut être faite à l'intérieur du groupe cible
(ayant subi l'influence du projet) ou entre le groupe cible et un groupe
témoin ou de contrôle (n'ayant pas subi l'influence du projet). La
première approche présente parfois la limite de ne pas pouvoir
distinguer entre les effets dus au projet et ceux dus à
l'évolution naturelle. Cette limite est contournée par la
deuxième approche. Toutefois pour mieux analyser l'impact d'un projet,
il faut combiner les deux approches. Voilà pourquoi dans cette
étude, l'approche de la double différence a été
utilisée.
PROJET DE DEVELOPPEMENT RURAL DU MONT MBAPPIT
A l'oeuvre dans le Noun pour la réduction de la
pauvreté et l'amélioration de la sécurité
alimentaire. Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et
l'amélioration des conditions devies des populations, le Gouvernement de
la République du Cameroun, avec le soutien financier de la Banque
Islamique de Développement (BID), a mis en place dans le Noun le Projet
de Développement Rural du Mont Mbappit en abrégé PDRM. Le
lancement de ce projet par le Vice - premier Ministre, Ministre de
l'Agriculture et du Développement Rural a eu lieu àFoumban en
date du 31 Octobre 2006.
- Objectifs du projet
L'objectif principal du Projet de Développement Rural
du Mont Mbappit est de contribuer à la réduction de la
pauvreté et à l'amélioration de la sécurité
alimentaire des populations du Noun par la relance de la production agricole
vivrière et maraîchère, tout en assurant une gestion
durable des ressources naturelles.
- Durée de vie du Projet
La mise en oeuvre du Projet de Développement Rural du
Mont
Mbappit durera 4 ans.
- Composantes du Projet
Le Projet de Développement Rural du Mont Mbappit dispose
de
six composantes :
-Développement des infrastructures
-Aménagement des Bas fonds
Le projet aménagera et mettra à la disposition
des communautés 1200ha de bas fonds dont 940 avec contrôle total
de l'eau et 260 sous contrôle partiel. Cette superficie permettra
d'installer 3000 exploitants agricoles modernes qui bénéficieront
d'un encadrement particulier pour le développement d'une agriculture
intensive susceptible d'augmenter de façon significative la production
des cultures vivrières et maraîchères (maïs,
arachide,haricot, riz, patate douce, tomate, carotte, etc. ...).Les bas- fonds
aménagés constitueront à l'avenir des grands bassins de
production agricole où seront développées d'intenses
activités partement du Noun dispose en effet de 8500ha de bas fonds.
Dans les limites du financement offert par la Banque Islamique de
Développement, principal bailleur du dit projet, il n'a
été possible de retenir que 1200ha que l'on ne pouvait, au vu des
résultats attendus, saupoudrer les dans ses 9 Arrondissements qui
constituent le département. Aussi, sur la base des efforts
préalables consentis par les agriculteurs dans la maîtrise de
l'eau au niveau des bas fonds, et du niveau d'organisation de ces derniers,
cinq (5) bas fonds ont été retenus de concert avec les
populations bénéficiaires, les bailleurs de fonds et le
Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural . Il s'agit
notamment de :
- Bas -fond du Mont Mbappit à cheval entre les villages de
Kounja, Ngounoup et Baïgom dans les arrondissements de Koutaba et de
Foumbot;
- Bas- fond de Makeka dans le village de Fosset au sein de
l'arrondissement de Foumbot ;
- Bas -fond de Kagnam - Pondimoun à cheval entre les
villages de Koupa - Kagnam et de Pondimoun dans l'arrondissement de Koutaba;
- Bas -fond de Makoutam à cheval entre les villages de
Makoutam et de Manjé - Koutou dans l'arrondissement de
Malantouen.
- Bas - fond de Koutoupki dans le village de Bangourain au sein
de l'arrondissement de Bangourain.
Les quatre arrondissements du Noun couverts par le PDRM sont
donc Foumbot, Koutaba, Malantouen et Bangourain.
- réalisation socioéconomiques
En vue d'améliorer le cadre de vie en milieu rural et
de désenclaver à toutes fins utiles les bas - fonds qui
bénéficient de son intervention, le Projet de
Développement Rural du Mont Mbappit a déjà effectué
les réalisations suivantes :
:
-Réhabilitation de 105 Kms de pistes rurales dont 36 kms
de route entre Foumban et Malantouen et 60kms de pistes d'accès aux bas
fonds ;
- Construction de 05 Ecoles de trois salles de classes chacune
équipées ;
- Construction de 02 Centres de Santé
équipés,
-Construction de 11 forages d'eau équipés ;
- Construction 03 marchés ruraux ;
- Construction 03 cases communautaires.
Le projet a aussi mis un accent sur un appui en intrants et
équipements agricoles aux agriculteurs (semences
sélectionnées, pesticides, engrais, matériels agricoles).
Cette dotation qui est octroyée sur la base d'un contrat entre les
paysans et le Projet est destinée à constituer
définitivement un fond tournant de soutien à la production
agricole dans les communautés des bas - fonds.
La perception du projet par les autorités
locales
Selon le chef de terre (préfet) du NOUN, le projet va
aider la localité à réaffirmer sa notoriété
dans les cultures maraichères quant' aux chefs des villages, ils voyent
en ce projet un nouveau départ économique du NOUN
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