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Ajustement d'une PME familiale à  son environnement socio économique: le cas de la société Mballa et fils SARL

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par Désiré Jules Ndoumou Foe
Université catholique d'Afrique Centrale - Master en socio anthropologie du développement 2007
  

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4.1.2 Prise en compte de la contingence et de la culture dans le management des organisations africaines à travers l'approche interculturelle.

Il se développe une analyse de plus en plus riche sur les organisations africaines en général et leur management en particulier (Kamdem, 2000, 2002). De la production scientifique sur le management des organisations africaines, quelles que soient les perspectives, un constat ce dégage: la variable culture constitue une dimension centrale dans les études sur le management des organisations africaines. Notre étude étant basée sur le cas d'une entreprise familiale au Cameroun,

2 A ce propos, H. Amblard et al (2005) partent de l'exemple d'une entreprise pharmaceutique pour expliquer la

diversité des comportements des acteurs au sein d'une organisation.

3 J. Schumpter (1935) définit la fonction sociale de l'entrepreneur en termes d'innovation et de changement. E.

Kamdem (2002) ajoute que l'entrepreneur est celui qui arrive à faire une combinaison nouvelle et évolutive des facteurs de production, autrement dit « à assurer la mobilisation des ressources techniques et humaines dans une perspective essentiellement innovatrice: changement de l'organisation et des méthodes de travail, création de nouveaux produits, exploration de nouveaux marchés, etc. »p.134.

la question principale à relever est celle de savoir dans quelle mesure les cultures africaines favorisent ou ne favorisent pas la réussite du management des formes d'organisations modernes ? Flusieurs tentatives de classification émergent de la littérature.

B. Tidjani (1995) distingue 3 approches : anthropologique, gestionnaire et politique.

Selon l'auteur, l'approche anthropologique a pour objectif de « montrer que chaque entreprise constitue un cas particulier et que la cohabitation entre les cultures africaines et les techniques de gestion moderne est toujours possible ». Ici, l'unité d'analyse est « l'entreprise », dont les implications sont que « les valeurs de l'espace social peuvent toujours trouver un réemploi dans l'entreprise de type moderne ; les contraintes découlant des techniques de gestion modernes sont contournables ». Pour B. Tidjani (1995), l'approche anthropologique a le mérite de reconnaître que le conflit entre les cultures africaines et les techniques modernes de gestion n'est pas insurmontable, cependant, elle pèche, comme les autres approches, par une faible prise en compte des choix stratégiques de politique industrielle des États et des entrepreneurs africains.

L'approche gestionnaire, dont l'objectif selon B. Tidjani (1995) est de « faire ressortir les contradictions qui existent entre les cultures africaines et les techniques modernes de gestion », se traduit pour l'entreprise par des blocages incontournables à cause des spécificités culturelles africaines. Cette approche souffre de carences majeures selon l'auteur. En plus de la non prise en compte des choix stratégiques des États et des entrepreneurs africains, la méthode utilisée par les chercheurs est « a-historique et statique » accordant peu d'attention ni aux évolutions culturelles, ni aux processus d'adoption et d'apprentissage des techniques modernes de gestion.

La dernière approche politique, a pour objectif d' « utiliser les conflits entre cultures africaines et techniques de gestion modernes comme argument dans le débat idéologique entre impérialisme et développement ». Dans cette approche, on s'intéresse à l'ensemble des entreprises utilisant les techniques modernes de gestion pour montrer que l'importation de modèles occidentaux de management ne saurait constituer un raccourci ou un substitut durable aux méthodes de gestion bâties à partir de valeurs et préoccupations de la majorité des populations africaines. Cette approche, de nature manipulatoire, présente des limites notamment dans la non prise en compte des stratégies étatiques et entrepreneuriales, mais aussi, dans les retards accusés en terme de formation et de développement en management.

Face aux limites de ces trois approches, l'auteur propose une approche dynamique de l'étude du management des organisations africaines pour « comprendre les processus d'adoption des techniques de gestion modernes ». Il préconise l'utilisation de méthode comparative, historique et institutionnelle pour rapprocher les pratiques africaines de celles d'autres pays.

Au-delà de la comparaison et du rapprochement souhaité ici par B. Tidjani, c'est l'ouverture laissée par les différentes approches à l'adaptation d'une méthode susceptible de prendre en compte,

au cas par cas, les spécificités des entreprises africaines qui nous semblent importantes pour cette étude.

E. Kamdem (2000) distingue aussi trois tendances majeures émergeant des travaux et s'intéressant au fonctionnement des organisations africaines.

La première tendance dite « radicale » considère que ce sont les caractéristiques de la culture africaine, qui inhibent le développement des organisations dans le sens où des normes économiques modernes comme la compétition individuelle, l'accumulation matérielle, le calcul économique ou encore la rentabilité financière, sont prohibés par la culture traditionnelle africaine. Cette vision est présente dans les travaux de Hyden (1983), Etoungua-Manguellé (1990) ou Kabou (1991).

Le second courant postule pour « un renouvellement des analyses sur le thème de la culture pour que ce dernier soit abordé dans une perspective résolument constructiviste ». Cette vision réformiste de la culture est développée par plusieurs auteurs (Bayart, 1996 ; Zady Kessy, 1998). Dans ce sens M. Zady Kessy (1998) distingue des freins4 et des ressorts5 qu'offre la culture africaine au management des organisations. Malgré le fait que ce courant aborde la question de la culture avec plus de prudence, les auteurs laissent le débat ouvert quant au rôle de la culture africaine dans le fonctionnement des organisations.

Le dernier courant est qualifié par E. Kamdem (2000) de managérial ou d'entrepreneurial, « en ce sens qu'il est principalement incarné par des chercheurs (d'Iribarne, 1986; Aktouf, 1986) qui, sans nécessairement être issus d'institutions de formation en gestion, s'intéressent à l'analyse des dynamiques sociales dans les entreprises africaines ainsi qu'à la recherche de paradigmes susceptibles de rendre compte de ces dynamiques ». Ce courant représente dans la classification de B. Tidjani (1995), l'approche gestionnaire, dont les tenants estiment que les traditions africaines influent dans le fonctionnement des organisations. Les chercheurs étudient comment les cultures africaines peuvent affecter positivement ou négativement le pilotage des entreprises. Ce courant est le plus prolifique dans les travaux sur le management des organisations africaines avec des thématiques et des problématiques différentes et variées6.

Si on s'en tient à la majeure partie des travaux sur les liens entre management et culture (Hofstede, 1995 ; d'Iribarne, 1998), c'est la contingence qui doit primer dans l'enseignement du

4 Les freins sont : Les pesanteurs et les effets de la tradition communautaire, La vision mythique du chef et

l'exercice de l'autorité, La représentation et l'utilisation peu productive du temps, La prédominance du sacré et des comportements magico-religieux, La résistance à la formalisation écrite et à la gestion procédurale, L'opacité de la communication institutionnelle et le culte du secret, L'attrait du conformisme et la résistance au changement, L'exercice abusif du droit d'aînesse qui constitue un handicap majeur à la mobilisation des cadets sociaux.

5 Les ressorts sont : La solidarité communautaire pour le développement d'une éthique disciplinaire de groupe,

La socialisation de la parole donnée comme base de construction du contrat de confiance, L'hospitalité comme moyen d'insertion professionnelle des nouvelles recrues, L'enthousiasme individuel et collectif comme source d'engagement professionnel.

6 Voir Kamdem, 2000, dans ce sens.

management, à moins qu'il y ait, là aussi, « divorce entre pratique et recherche » (Demil & al. 2007). C'est probablement ce qui poussent Hernandez et Kamdem (2007) ainsi que d'autres chercheurs (Hernandez, 1997 ; Mutabazi, 2006) à promouvoir l'enseignement d'un modèle managérial endogène, développé à partir des pratiques « authentiques » anciennes et nouvelles (Kamdem, 2002)7. Hernandez et Kamdem (2007) appellent ainsi à l'enseignement d'une « autre gestion » plus proche des valeurs culturelles africaines, et des tissus économiques locaux où les activités agricoles et informelles l'emportent largement sur le secteur dit « moderne », c'est-à-dire en fait occidentalisé ». Ainsi, il faudrait abandonner les « bonnes recettes » des experts en gestion ou autres consultants internationaux qui « ont longtemps prétendu imposer en Afrique `la' bonne façon de manager, oubliant que les présupposés culturels implicites de ce modèle étaient fort éloignés du contexte africain et réduisaient ainsi à néant ses chances d'y réussir ». Il ne serait donc plus question que l'africain change de mentalité pour adopter les modèles occidentaux de management, mais plutôt l'inverse ; c'est-à-dire que les modèles de management mobilisés dans le contexte africain soient fondés sur les réalités locales. L'histoire occidentale dans ce domaine doit servir. Ge sont des praticiens, tels que Taylor, Fayol, etc., qui ont élaboré les premières réflexions sur le management à partir de leurs expériences personnelles. Le management en Afrique ne devrait-il pas s'inspirer d'expériences de terrain dont certaines ont fait l'objet de publications. B. Tidjani (1995) cite le cas, notamment de l'ouvrage de E. S. Ndione (1994) sur « L'économie urbaine en Afrique. Le don et le recours », ou encore « L'aventure de l'entrepreneur en Afrique : Chronique sénégalaise » de A. Bâ (2005), ainsi que les nombreuses expériences contenues dans « l'Entreprise et l'Entrepreneuriat en Afrique, au XIXème et XXème siécles »8. Gela fait dire à E. Kamdem (2002) que, si ces expériences entrepreneuriales étaient « bien étudiées en leur temps, elles auraient pu constituer les prémices d'un management africain authentique et fonctionnel, et susceptible d'être développé comme modèle alternatif par rapport au modèle émergent à l'époque en occident et devenu dominant par la suite notamment en Afrique » (c'est le modèle OST de Taylor).

Par ailleurs, des efforts doivent être faits pour « accroître le couplage du système Recherche- Pratique » dans le contexte africain (Demil et al, 2007). Parmi les moyens à envisager ces derniers proposent une méthodologie de recherche qui puisse intégrer de nouveaux critères de validité tels que la pertinence, la possibilité de mise en oeuvre ou la prise en compte de contextes spécifiques9 ; promouvoir des méthodologies telles que la recherche-action10.

7 Reprenant les actes de la conférence organisée en 1981 à l'université Paris VII sur « l'Entreprise et

l'Entrepreneuriat en Afrique, au XIXème et XXème siècles » publié dans un ouvrage collectif en deux tomes en 1983.

8 Voir supra, p11

9 Jean Marc Ela (2001) fait la même préconisation.

10 Emmanuel Seyni Ndione (1994) fait la même préconisation.

Nous pensons à la suite de J.M Ela (2001), que la PME familiale au Cameroun ne peut être compétitive que si une action adaptée aux spécificités de son contexte local lui est appliquée. Par ailleurs, à l'exemple de E.S Seyni Ndione (1994), nous pensons promouvoir à travers cette étude la pratique de la recherche intervention au Cameroun. En effet, il s'agit surtout ici de faire jouer aux sciences sociales un rôle de premier plan dans le développement de l'Afrique en général et du Cameroun en particulier. Cette vision est notamment défendue par Claude Abé (2003) dans « Les sociales et le devenir de l'Afrique ». Nous nous devons à présent de faire ressortir les difficultés auxquelles font face les entrepreneurs africains.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway