1- CONTEXTE ET JUSTIFICATION
A l'ère du vingt et unième siècle, le
thème de la Petite et Moyenne Entreprise (PME) et de son avenir
industriel en Afrique revêt la plus grande importance dans un monde
incertain et de concurrence virulente.
Traditionnellement, la moyenne entreprise familiale permet au
Cameroun une utilisation plus économique des facteurs de production par
rapport aux grandes entreprises, grâce à un recours intensif
à la main d'oeuvre non qualifiée, généralement
abondante au Cameroun et une mobilisation de l'épargne canalisée
sous forme de fonds propres (Tchankam, 1998:12). Le document du Ve plan
quinquennal de la République du Cameroun, retraçant le bilan du
IVe plan quinquennal camerounais soutient qu'"... à investissement
égal, les petites et moyennes entreprises et l'artisanat créent
beaucoup plus d'emplois que les grandes entreprises et procurent un revenu
immédiat".
Créée en 1992, avec le statut juridique
d'établissement, la Société Mballa et Fils (SMF) est
aujourd'hui une société à responsabilité
limitée (SARL) et compte au nombre de ce type d'organisation. Elle
effectue des prestations de service dans le domaine de la soudure
spéciale sur champ magnétique et la chaudronnerie industrielle.
De ce fait, elle a récemment adhéré au Groupement
d'Intérêt Economique (GIE) Sanaga Metal and Steel regroupant les
PME de soudure et chaudronnerie industrielle du département de la Sanaga
Maritime.
En 2007, l'administration fiscale a décidé de
déplacer son fichier de son centre départemental d'Edéa,
au Centre des Impôts des Moyennes Entreprises de Douala
(CIME)1. Ces prestations sont actuellement effectuées de
manière quasi exclusive au sein de l'usine de la Compagnie Camerounaise
de l'Aluminium (ALUCAM) à Edéa, son client.
L'entreprise Mballa et Fils a connu depuis 1992 plusieurs
faits marquants aussi bien dans son environnement interne, qu'externe:
- le décès en 1994 de son fondateur M. Ernest
Mballa, contremaître principal retraité de l'entreprise ALUCAM et
spécialisé en chaudronnerie- soudure, et la succession au poste
de gérante de sa veuve assistante sociale de formation retraitée
;
- la perte de ses principaux marchés en 2003 avec comme
conséquence, le gel des salaires des employés, la mise en
chômage technique et la grève de ces derniers ;
- en 2004, face à la dégradation de la
qualité des prestations et aux remous sociaux, le client unique de
l'entreprise, ALUCAM, agite le spectre d'un arrêt total de ses commandes
de travaux ;
- en 2005, la famille Mballa, à travers la gérante
de la SMF sollicite l'appui stratégique et financier d'un cadre
retraité de l'usine ALUCAM, pour l'aider à sortir de l'impasse
;
1 Le CIME encadre les entreprises dont le chiffre
d'affaire est supérieur à cent millions de FCFA et
inférieur à 1 Milliard.
- l'absorption du propriétaire historique de l'usine
ALUCAM, PECHINEY par le géant canadien de l'aluminium ALCAN en 2006, et
la fusion entre ce dernier et le groupe minier anglo - australien RIO TINTO en
août 2008.
A présent, l'entreprise fait face à de nouvelles
contraintes externes en termes d'innovation et d'actualisation technologique,
de prise en compte de nouveaux standards internationaux de qualité et de
sécurité au travail, et de concurrence accrue sur des
marchés acquis de longue date. A cela, s'ajoute une importante pression
fiscale et sociale. A ces mutations externes, fait écho en interne une
gestion désuète et patrimonialiste marquée par
l'interaction entreprise - famille.
Cette détérioration de l'environnement de la SMF
compresse sa marge de manoeuvre et diminue sa capacité
d'autofinancement. En outre, la baisse de rentabilité de l'entreprise se
répercute sur sa trésorerie qui devient plus serrée et
l'oblige à accroître son endettement à court terme. Le
poids des charges financières augmente, ce qui détériore
un peu plus les résultats de l'entreprise et oblitère sa
capacité à redresser la situation. La démotivation des
équipes, fait suite à la perte de confiance de l'environnement
proche (banquiers, fisc, services sociaux, fournisseurs, client...).
L'entreprise est en crise!
Dans ce contexte, l'avenir industriel de la SMF semble
incertain. La mise sur pied d'un plan d'ajustement de l'entreprise en mai 2006,
venait répondre à la dégradation des données
sociales, industrielles et financières. La nécessité
d'adapter sa stratégie et ses tactiques à son environnement est
aujourd'hui devenue incontournable. C'est ainsi qu'entrent en jeu les
programmes de changement organisationnel, à savoir : reenginering,
qualité totale, empowerment, redressement et de restructuration,
remèdes à double tranchant, car, s'ils peuvent renforcer une
organisation, ils peuvent aussi la déstabiliser.
Pourtant, le constat s'il est loin d'être exhaustif est
saisissant; la contribution des PME à la création de richesses,
à la création d'emplois et à la
compétitivité au Cameroun est majeure, ceci malgré le peu
d'investissement consenti. De ce fait, en juin 2007, elles étaient
considérées dans le document de la phase I de la stratégie
sectorielle de l'industrie et des services de la République du Cameroun,
comme le principal moteur de la croissance, et reconnues désormais comme
un acteur décisif dans le mouvement international de la lutte contre la
pauvreté.
Ainsi, dans le contexte actuel marqué par la
volonté politique de faire du Cameroun un pays émergent d'ici
2035, la recherche de pérennisation et d'efficience de la PME familiale
au Cameroun et particulièrement de la SMF revêt une importance
capitale.
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