CHAPITRE I - PRESENTATION DU PROCESSUS D'AJUSTEMENT
DE LA SOCIETE MBALLA ET FILS
L'entrepreneur des PME familiales au Cameroun a besoin de
rester à l'écoute des disciplines dont la tâche consiste
à mettre en lumière les dimensions qui risquent d'être
oubliées, quand il s'agit de comprendre les réalités
sociales et de poser les conditions de réussite et d'efficacité
de son entreprise. C'est dans cette optique, marquée par un
désajustement, au niveau des données sociales, industrielles et
financières que la nécessité de parvenir à une
cohérence interne et externe rapide de la SMF s'est posée. A cet
effet, la mise en place d'un processus d'ajustement de l'entreprise auquel nous
avons pris part, a été décidée par les dirigeants
de l'entreprise en mai 2006.
I/ HISTORIQUE DE L'INTERVENTION, NEGOCIATION DU MANDAT,
ET METHODOLOGIE UTILISEE
Dans cette section, il est question de montrer la phase
préparatoire à la démarche d'intervention proprement dite.
Après l'historique de l'intervention et la négociation du mandat,
nous évoquerons la méthodologie utilisée par
l'équipe en charge de conduire le processus d'ajustement.
I.1 Historique de l'intervention et négociation du
mandat
En octobre 2005, la SMF était surendettée. Les
recours auprès des sources de financement usuelles de l'entreprise
étaient épuisés, à savoir : la Banque
Internationale du Cameroun pour l'Epargne et le Crédit (BICEC), la micro
finance First Investment For Financial Assistance (FIFFA), les tontines et
autres associations. Fautes de moyens de paiement pour amortir les dettes
contractées auprès de ces institutions, les salaires des
employés, les sommes dues aux fournisseurs ainsi que les charges
sociales et fiscales furent gelés. Des tractations ont été
menées par la gérante avec les institutions de financement
à plusieurs reprises. La fibre maternelle utilisée jusqu'ici ne
jouait plus. Pour continuer son activité de sous-traitance industrielle
avec ALUCAM, la SMF devait au minimum être en mesure de supporter ses
coûts de production. Les coûts de production représentent
les charges liées au personnel et à l'achat de matériels,
consommables et EPI.
En novembre 2005, la crise persistait. Les employés
manifestaient ouvertement leur
mécontentement sur le site industriel de l'usine
ALUCAM. Les difficultés sociales, financières et industrielles
retracés ci-dessus37, rendaient difficiles le respect du
cahier des charges signé avec ALUCAM en juin 1992. En novembre 2005, le
Sous - Directeur Technique ALUCAM convoquait les responsables de la SMF en
réunion restreinte, pour leur faire part d'une éventuelle
suspension de l'activité de la SMF, en cas de non résolution des
difficultés sociales et industrielles de l'entreprise à court
terme.
En Décembre 2005, la gérante de la SMF,
sollicitait et obtenait l'appui financier et stratégique d'un ami de la
famille. Ce dernier, que nous appelons le commanditaire, cadre retraité
depuis peu de l'usine ALUCAM, a consenti à faire un prêt de 5
millions FCFA à la SMF et à contribuer au redressement de
l'entreprise.
En janvier 2006, le commanditaire faisait recruter deux agents
d'encadrement technique :
- un responsable technique adjoint, né en 1974, de
niveau Baccalauréat Technique Métaux en Feuilles/ Chaudronnerie
Métallique, avec une expérience de 09 ans dans l'encadrement et
le suivi opérationnel des travaux de chaudronnerie et de soudure
industrielle.
- un préparateur planning et qualité, né
en 1977, titulaire d'un Diplôme Universitaire de Technologie en
Génie Industriel et Maintenance, chargé de la planification des
travaux et du contrôle qualité.
En mai 2006, suite à un problème d'indiscipline
d'un chef d'équipe, le commanditaire souhaitait avoir une connaissance
approfondie des sphères sociales, et financières de
l'organisation. D'où l'appel à un spécialiste en gestion
des ressources humaines, provenant du Centre Régional Africain
d'Administration du Travail (CRADAT)38 de Yaoundé, et,
à un cabinet spécialisé en conseils fiscal, financier, et
du travail, en l'occurrence BIBA conseils Sarl, basé à
Edéa, pour constituer l'équipe d'intervention.
Une discussion préalable avec le commanditaire, a
permis à l'équipe d'intervention de comprendre que ce dernier
s'intéressait principalement à la phase opérationnelle
définit en termes de conséquences attendues. Ce dernier
s'interrogeait sur les problèmes de fonctionnement de l'entreprise
notamment la diminution de la profitabilité, la lourdeur structurelle et
l'inefficacité des processus, et voulait satisfaire aux besoins de
nouvelles orientations.
Trois attendus majeurs ont été retenus en
collaboration avec le commanditaire à savoir :
- le premier portait sur la compréhension du
fonctionnement de l'entreprise à travers un état des lieux de la
situation organisationnelle et environnementale.
- le deuxième relevait du diagnostic et de la
formulation par le groupe d'intervenants de pistes
37 Voir supra, partie 2, du chapitre II, nature des
problèmes rencontrés par l'entreprise.
38 Le CRADAT est une institution régionale,
regroupant 18 pays africains francophones sous la tutelle du Bureau
International du Travail. Il est situé à Yaoundé et a pour
but de former les administrateurs du travail de ces différents pays. Il
offre depuis 2003 une formation de DESS en Gestion des ressources Humaines.
générales d'amélioration du fonctionnement
de l'entreprise opportunes et faisables. Ces
recommandations issues de l'analyse devaient être
basées d'une part, sur les suggestions du
personnel rencontré au cours des entretiens et d'autre
part, sur l'expérience des intervenants.
- le troisième concernait la modification des
comportements réels des acteurs à court et moyen
termes, et leur motivation à entrer dans une nouvelle
dynamique organisationnelle.
Par ailleurs, les modalités concrètes de
réalisation de l'intervention ont été fixées entre
l'équipe d'intervention, le commanditaire et la gérante de la SMF
que nous appelons aussi dans cette étude le décideur ou le
propriétaire dirigeant. La rétribution financière par
l'entreprise du service presté par l'équipe d'intervention a
été fixée à 265 000 (deux cent soixante cinq mille)
FCFA/mois. La première phase d'une durée de trois mois devait
aboutir à un document de synthèse du diagnostic organisationnel.
Ensuite, si les résultats obtenus satisfaisaient aux attentes du
commanditaire et du décideur, le mandat serait prolongé avec des
pouvoirs plus étendus pour la mise en oeuvre des recommandations, dont
devait découler la réalisation du troisième attendu.
I.1.1 Calendrier d'activités
Les activités ont été réparties en
deux principales phases : la phase de diagnostic et la phase de mise en oeuvre
des recommandations issues du diagnostic de l'organisation.
Phases
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Activités
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15/05/06 Au
19/06/06 (Mois 1)
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20/06/06 au
19/07/06 (Mois 2)
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20/07/06 au 19/08/06 (Mois 3)
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20/08/06 au 19/12/06 (Mois 4, 5,
6, 7)
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20/12/06 au 19/02/07 (Mois 8,9)
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Diagnost ic
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Attendu
1 Compréhension du fonctionnement de
l'entreprise
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Littérature grise et observation directe
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Analyse de l'environnement
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Analyse de l'existant
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Entretiens
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Attendu 2 Formulation
de pistes d'améliorations
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Rédaction document de synthèse
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Présentation du rapport de synthèse au
commanditaire.
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Validation phase diagnostic
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Mise en oeuvre
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Attendu 3
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Mise en place des mesures d'ajustement
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Rapport de
suivi des indicateurs des performances sociales et
financières, Fin.
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(Source : Auteur)
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