I.2.2 - Spécificités du système de
management propres à la TPE déclarée et la PE familiales
au Cameroun.
L'un des traits marquants de la TPE et même de la PE est
sa structure personnalisée, sans partage de l'autorité, avec
unité de commandement. Ici, le chef d'entreprise et le
propriétaire sont une seule et même personne. Beaucoup de ces
entrepreneurs se sont formés sur le tas et n'ont pas de formation dans
le domaine de la gestion (dans le secteur manufacturier, leur bagage est pour
l'essentiel technique) ; ils ont souvent un certain âge et leurs
connaissances sont dépassées ; ils travaillent souvent seuls,
à l'intérieur et à l'extérieur de leur entreprise,
et font moins appel à d'autres compétences. Leur gestion reste
"traditionnelle", ignorante des contraintes du marché et de
l'économie d'entreprise. Ils font moins appel aux compétences des
cabinets-conseils, à l'exception des cabinets d'expertise comptable. Ils
ne sont pas très souvent en rapport avec les banques. La gestion
d'entreprise est subordonnée à ces objectifs. Épouses,
cadets, neveux interviennent fréquemment sans contrat dans la production
: ils ne perçoivent pas de salaires et se contentent de
bénéficier d'un toit, de la nourriture et de la prise en charge
de frais médicaux. Les apprentis, quant à eux, doivent se
satisfaire d'acquérir un savoir-faire.
Au Cameroun, l'un de leur point distinctif se trouve dans la
gestion des stocks. On accumule, on ajoute, on conserve, on garde ; les
greniers sont pleins et les magasins débordent. Certains se servent
encore du livre de ventes tenu à la main et font des additions avec la
machine à calculer dont se servait papa avant son décès.
Certains encore gardent des produits que quelques clients n'achètent que
tous les 18 mois. On conserve des stocks de papier dont personne ne veut plus.
On ne met pas de blouse pour vendre de la viande ou encore on continue à
envelopper celle-ci avec du papier journal. Savoir déléguer,
savoir faire faire, sont encore des "sacro-saints symboles" (Tchankam,
1998:17).
I.2.3 Traits marquants du système de management dans
la ME-MI familiale au Cameroun
Dans la MEF, on note un début d'organisation par
fonction. Mais, ipso facto elles demeurent des entreprises où les
décisions importantes concernant la gestion - administrative et
technique - dépendent d'une ou deux personnes. Ce sont, en outre, les
dimensions de l'unité - souvent modestes - qui permettent au chef
d'entreprise d'exercer un contrôle total et personnalisé. Ici,
comme ailleurs, ces chefs d'entreprises n'ont que des notions très
sommaires de gestion et ne disposent donc pas de compétences de base
nécessaires. C'est sans doute ce qui explique les réticences
qu'ils manifestent dans la délégation des compétences et
les risques qu'ils pensent ainsi encourir : ils sont inquiets de
la possibilité d'être trompés par un
collaborateur qui se montrerait trop adroit dans le traitement des livres de
comptes ; ils ne veulent généralement pas confier la manipulation
des fonds à un agent extérieur à la parentèle ; et,
plus fondamentalement, ils tiennent à entourer leur situation
financière du plus grand secret. Aussi, la comptabilité n'est
elle pas considérée comme une ardente nécessité. Il
est assez surprenant de constater que les pratiques de gestion courantes dans
le monde des MEF camerounaises ne se différencient guère de
celles en vigueur dans les petites activités informelles.
En Afrique, en général, et au Cameroun, en
particulier, la MEF est davantage une entreprise personnalisée,
fortement marquée par son chef ; sa dimension dépend de
l'aptitude de ce dernier à communiquer et à animer un groupe plus
ou moins important dans un style personnel par opposition au style relativement
" désincarné " de la grande entreprise (Tchankam, 1998).
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