I.1.2 Caractéristiques de la TPE
déclarée et de la PE
Une TPE déclarée est dans la majeure partie des
cas, une entreprise artisanale. Une entreprise est dite artisanale lorsqu'elle
exerce une activité manuelle et indépendante. Le chef
d'entreprise doit travailler pour son propre compte et avoir un contact direct
avec les clients, à qui il vend les produits qu'il a fabriqué ou
transformé (Hamza, 1996). L'activité de l'entreprise doit
consister en un travail de production, de transformation, de réparation
ou de production de service. Mais, les entreprises non artisanales peuvent
faire partie des TPE. C'est le cas notamment, des activités purement
commerciales et intellectuelles, tout comme les activités
médicales et paramédicales. La TPE déclarée et la
PE ont en général un investissement supérieur à
150.000 FCFA et inférieur à 15 millions de FCFA. Ce seuil de 150
000 CFA est le minimum à partir duquel se manifeste selon J.C Camilleri
(1996 : 16), une logique d'entrepreneur. La plupart du temps, ces entreprises
sont "en nom personnel", c'est-à-dire que l'affaire leur appartient en
nom propre, ils en sont propriétaires sans avoir théoriquement
à consulter qui que ce soit pour prendre des décisions de
gestion. L'avantage est, évidemment, la liberté de gestion et la
rapidité de décisions, l'inconvénient étant le
risque d'erreurs, un statut fiscal parfois moins précis.
Le chef ici joue tout : son argent, sa situation et plus encore,
ses biens, sinon même la survie
de sa famille et, parfois, celle de ses propres
collaborateurs. Il est souvent pris en tenaille entre l'exercice de sa fonction
de dirigeant et ses responsabilités de chef famille. C'est un polyvalent
responsable prêt à tout faire, car, il est d'une prudence parfois
injustifiée. C'est d'ailleurs, ce qui explique qu'il soit toujours en
permanence à la recherche d'homme de confiance.
Ces entreprises travaillent dans les locaux fixes et disposent
d'un capital sans partage. Elles sont présentes dans tous les secteurs :
commerce, production, transport, services (y compris bars et maquis),
construction, pêche, agriculture, etc. Elles fournissent à la
majorité de la population les services et les produits artisanaux de
base. Ce sont les formes plus stables et plus organisées d'entreprises,
mais, la production étant effectuée à la demande dans la
TPE, l'activité est irrégulière, et la main-d'oeuvre
constituée en grande partie d'apprentis instables. Une
caractéristique lourde, ancienne, en quelque sorte structurelle du
Cameroun est que la TPE et la PE familiale n'appartiennent pas seulement aux
nationaux. Une bonne partie de ces entreprises est largement investie par des
africains non camerounais - maliens, sénégalais,
burkinabés guinéens, nigérians, béninois, togolais,
mauritaniens...Elles connaissent le risque de contrôle fiscal au
Cameroun. Par ailleurs, les relations qu'elles ont avec l'administration
fiscale (émanation et exécutant du pouvoir) sont souvent
empreintes de conflits refoulés, parfois de convivialité, plus
rarement de contentieux ouvert.
Vis-à-vis de son personnel, les dirigeants de la
très petite entreprise et de la petite entreprise sont directement
responsables, sans aucun écran ou intermédiaire, de la vie de ses
salariés et souvent de leurs familles. C'est une responsabilité
directe et souvent lourde. On comprend aisément que ces derniers n'ont
pas droit à l'erreur. Dans certaines d'entre elles, les gens
motivés n'attendent pas les ordres pour trouver du travail ; il y a
toujours quelque chose d'utile à faire, d'autant plus que chacun est
polyvalent. Il n'y a rien d'anormal au fait qu'un vendeur donne un coup
d'aspirateur ou qu'il participe à la tenue de la comptabilité,
s'il a quelques compétences dans ce domaine.
Les atouts indéniables de la petite unité sont
dans le fait qu'elle soit tout d'abord, par nature, à faible
intensité de capital et à forte intensité de travail ;
puisqu'elle corresponde mieux aux dotations en facteurs de production et
permette une meilleure gestion que les grandes entreprises. Ces entreprises de
petite taille écoulent des produits de qualité à des prix
légèrement inférieurs à ceux du secteur moderne.
L'unité de production présente la plupart des caractères
d'une entreprise et le responsable recherche une gestion rationnelle, il tient
par exemple une comptabilité simplifiée et à la limite
sommaire (cahier entrée-sortie), il paie des impôts, il surveille
la productivité des salariés qu'il emploie ; mais, les moyens de
production restent faibles, la capacité technique est souvent
réduite et ces unités se heurtent à la concurrence des
entreprises modernes dynamiques du même secteur. On les trouve aussi au
sein du secteur informel. Certaines sont de petits établissements non
assujettis à la "patente" de la Direction Générale des
Impôts (DGI), bien qu'elles exercent leurs
activités dans un local professionnel et disposent
d'une enseigne. Ils acquittent par contre la contribution des petits
commerçants et artisans collectée mensuellement par les
municipalités. Compte tenu de l'étroitesse des marchés, le
développement de ces entreprises passerait par la diversification
(c'est-à-dire de nouvelles petites entreprises), plutôt que par la
croissance (Warnier, 1993).
En réalité, la distinction entre PE et ME n'est
pas précise au Cameroun, les frontières sont souvent floues et
artificielles.
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