III.1- TOUTE PREVENTION PRIMAIRE EST SOUS-TENDUE PAR
UN
DEPISTAGE PRECOCE DU HAUT POTENTIEL.
III.1.A- EN FRANCE, LE DIAGNOSTIC SE FAIT PAR UN
PSYCHOLOGUE Ë LA DEMANDE DES PARENTS OU SUR CONSEIL DES
RARES PROFESSEURS DES ECOLES FORMES Ë LA PRECOCITE
INTELLECTUELLE.
Cette demande de diagnostic peut se faire dans le but de
comprendre l'origine des difficultés rencontrées par leur enfant
à l'école
afin de mettre en place une aide adéquate.
Cette situation représente la grande majorité des
demandes de mesure du quotient intellectuel. Ainsi, ce diagnostic se fait dans
le cadre d'une prévention secondaire ou tertiaire.
Mais cette demande de diagnostic peut aussi se faire à la
suite de soupçons d'un haut potentiel intellectuel chez l'enfant. Elle
permet de démarrer une prévention primaire en adaptant le
parcours scolaire si besoin (par exemple, en proposant un saut de classe aux
enfants demandeurs).
Mais cette prévention primaire concerne essentiellement
les enfants issus de milieux socioculturels favorisés. En effet, il faut
tout d'abord savoir reconna»tre les indices de cette
précocité intellectuelle, mais aussi savoir l'exploiter afin de
la préserver et de diminuer les risques de difficultés qui
peuvent lui être associées.
De nos jours, le dépistage précoce d'un haut
potentiel intellectuel dans une visée préventive primaire
concerne majoritairement les enfants issus des classes socioculturelles
privilégiées et exclut ceux des familles les plus modestes.
III.1.B- UN DEPISTAGE PRECOCE SYSTEMATIQUE DE HAUT
POTENTIEL INTELLECTUEL AUPRéS DE TOUS LES ENFANTS SERAIT INTERESSANT
AFIN DE PERMETTRE AU PLUS GRAND NOMBRE D'ELéVES INTELLECTUELLEMENT
PRECOCES DE BENEFICIER DES ACTIONS DE PREVENTION PRIMAIRES.
Pour être efficace, une prévention primaire doit
s'effectuer auprès de la totalité de la population à
risque, et non pas auprès d'une partie plus éduquée et
privilégiée.
Prévenir, c'est estimer la probabilité qu'une
difficulté survienne pour tenter de la faire tendre vers zéro. Un
tiers des élèves intellectuellement précoces est en
échec scolaire. La prévention primaire permettrait de rendre
nulle cette probabilité. Si elle ne concerne qu'une
partie de la population à risque, cette prévention
primaire sera inefficace car elle ne pourra pas tendre vers zéro.
III.1.C- UN DÉPISTAGE SYSTÉMATIQUE DE
HAUT POTENTIEL INTELLECTUEL PEUT AVOIR DES EFFETS CONTRAIRES Ë LA
PRÉVENTION PRIMAIRE DES RISQUES QUI LUI SONT ASSOCIÉS.
Une identification précoce du haut potentiel permet
d'éviter l'installation dans le temps des difficultés scolaires,
sociales et psychopathologiques. L'évaluation du quotient intellectuel
est variable dans le temps car il dépend du bien-être de l'enfant.
C'est pourquoi le suivi de son évolution peut être
intéressant afin de conna»tre la qualité existentielle de
l'enfant. Par exemple, une chute du quotient intellectuel peut être
engendrée par une inhibition intellectuelle, manifestation d'une
souffrance.
Mais en parallèle, elle présente aussi un grand
nombre de désavantages qui peuvent annuler les bénéfices
gagnés.
En effet, l'identification systématique nécessite
la mesure du quotient intellectuel de tous les enfants. Elle peut
déclencher chez les enfants à quotient intellectuel moyen un
manque de motivation, un renoncement dans l'engagement scolaire. Or la
motivation est l'élément primordial (avant même les
capacités intellectuelles) dans une réussite scolaire.
Cette identification peut aussi alimenter un sentiment de
supériorité chez l'enfant intellectuellement précoce, mais
aussi attiser une jalousie de la part des enfants de son entourage. Les
conséquences peuvent être des problèmes
d'intégration et de relation, conséquences contraires aux
objectifs de la prévention primaire.
Le regard porté par l'adulte sur l'enfant peut changer. Il
est susceptible d'éveiller des attentes trop importantes qui peuvent
angoisser l'enfant. Il peut aussi baisser l'investissement pédagogique
auprès des autres élèves. Un enseignant peut investir du
temps chez l'élève intellectuellement précoce au
détriment des autres enfants de sa classe. Il peut aussi se laisser
influencer par le résultat du diagnostic, et juger suffisant les
résultats scolaires d'un élève intellectuellement normal
sans chercher à en relever le niveau. Dans ce contexte, le principe
d'égalité des chances de réussite est biaisé.
Même si l'entourage ne change pas son comportement et
ses attentes vis-à-vis de l'enfant à haut potentiel intellectuel,
ce dernier peut développer un sentiment de dette très angoissant.
Cette angoisse ne se manifeste pas si l'enfant ignore son potentiel.
|