II.2.A- UNE STRATÉGIE DE PRÉVENTION
PRIMAIRE PEUT æTRE
ÉTABLIE.
Des difficultés scolaires peuvent s'installer dès
l'école primaire, mais les facilités de ces élèves
font que celles-ci n'ont pas d'impact sur les résultats scolaires. Au
collège, ces difficultés peuvent avoir des retentissements quand
les facilités ne suffisent plus. Il est d'autant plus difficile d'y
remédier que celles-ci sont Ç installées È depuis
longtemps.
C'est pourquoi la personne pouvant bénéficier de
l'art-thérapie dans ce cadre de prévention primaire des
difficultés scolaires est un élève du primaire à
qui un haut potentiel a été diagnostiqué, et n'ayant aucun
problème établi (que ce soit dans les apprentissages, dans son
comportement, dans son intégration au sein de la classe et de
l'école). C'est un enfant intellectuellement précoce qui va
bien.
L'indication de cette prise en charge en art-thérapie est
le risque pour cet élève d'être en difficulté au
cours de son parcours scolaire.
Ainsi l'objectif général est de rendre ce risque
nul.
(1) : loi n°2005-380 du 23-4-2005,journal officiel du
24-4-2005.
Nous avons vu que certaines de ces difficultés scolaires
découlent directement d'une mauvaise estime de soi, d'un manque de
confiance en soi et d'affirmation de soi. D'autres sont les conséquences
indirectes d'une Ç anesthésie du corps È,
c'est-à-dire d'une intellectualisation trop importante afin de ne plus
rien ressentir. Le tout peut entra»ner des problèmes d'expression,
de communication et de relation.
Dans le cadre de cette prévention primaire,
l'art-thérapie peut proposer à l'enfant à haut potentiel
intellectuel une activité artistique dans laquelle il voudra s'investir.
Comme cet enfant va bien, l'expression de son gout à travers cette
activité artistique peut permettre de maintenir une confiance en soi,
une bonne estime de soi et une facilité à s'affirmer. Gr%oce au
plaisir esthétique, le ressenti corporel est préservé et
reste alerte sans être une souffrance. Le développement du style
de l'enfant lui permet d'être à l'aise avec sa structure
corporelle et sa poussée corporelle est entretenue.
La régularité des séances
d'art-thérapie est importante. En effet, une baisse de confiance,
d'estime et d'affirmation de soi n'arrive pas de manière soudaine et
brutale, mais de façon continue par l'accumulation de petits quiproquos,
de petits échecs. Il en va de même avec les troubles
psychopathologiques débouchant sur des problèmes corporels
(anesthésie du corps, addiction, etc.). C'est pourquoi il est possible
de concevoir que la régularité des séances
d'art-thérapie peut permettre à l'enfant un entretien de sa
confiance, de son estime et de l'affirmation de soi à travers
l'expression de son gout. De plus, ses faiblesses émotionnelles peuvent
être de véritables atouts dans le cadre d'une action artistique.
Ainsi, la régularité peut aussi lui permettre d'apprivoiser son
hyperémotivité.
Une prise en charge en groupe permettrait à l'enfant
à haut potentiel de s'identifier et d'être en relation avec ses
pairs.
Au regard de la stratégie de prévention
établie ci-dessus, il est juste de penser qu'une activité
artistique, dans le cadre des loisirs, serait suffisante, et que
l'art-thérapie ne s'en distingue pas. C'est pourquoi il faut bien faire
la différence entre les objectifs d'un atelier artistique et ceux d'un
atelier en art-thérapie. Le premier est un lieu oü
développer des techniques artistiques afin de produire une oeuvre d'Art
: l'être humain est au service de l'Art. Or le plus important en
art-thérapie n'est pas la production de l'oeuvre d'Art, mais tout ce qui
sous-tend l'action menant à celle-ci : l'Art est au service de
l'être humain. Ainsi la pratique artistique est le moyen d'un objectif
qui lui est extérieur: le maintien d'une bonne estime de soi, de la
confiance en soi et de l'affirmation de soi ainsi que l'utilisation de la
structure, du ressenti corporels. Elle stimule la poussée corporelle de
la personne prise en charge.
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